Là, sous nos pieds ébahis, sous nos petits petons se cachent des trésors. Oui, cette phrase est un peu pompeuse et ne s’applique par ailleurs qu’aux personnes qui se trouvent actuellement à Paris et pas en hauteur puisqu’il s’agit de choses cachées dans le sol, lequel n’est pas à proprement parler « sous nos pieds » quand on perche au dixième. Il n’empêche qu’à Paris, les siècles et les siècles d’histoire font qu’on croit marcher sur des trottoirs alors qu’on marche sur beaucoup plus de choses : on peut en partie visiter ces souterrains secrets de Paris, mais pas tous. Ici, on parle de ceux qu’on ne peut pas visiter.

La Bièvre

Le programme de l’écologiste David Belliard a remis en avant l’existence de cette ancienne rivière qui s’étendait depuis les Yvelines pour se jeter dans la Seine près de la gare d’Austerlitz et qui a été canalisée puis recouverte au début du XX° siècle. Pendant longtemps, ses quais aménagés ont été investis par de nombreuses industries, notamment des abattoirs et des tanneurs, ce qui exaspérait la population attenante en raison des odeurs. Compte tenu de son faible débit, il a été décidé de la recouvrir et les travaux ont été achevés en 1912 dans les quartiers de la Glacière et de Tolbiac. Aujourd’hui, donc, un projet à l’étude consisterait à désenclaver la rivière pour offrir un nouvel espace de respiration aux Parisiens notamment en cas de canicule.

Crédits photo (Domaine Public) : Charles Marville

Une crypte secrète

Sous un parking privé de la rue Pierre Nicole, dans le V° arrondissement, se trouve une ancienne crypte, héritage de l’église Sainte-Marie-des-Champs détruite pendant la révolution. Le lieu a une forte valeur historique, car c’est l’épicentre de la conversion gauloise au christianisme. C’est aussi là que l’on entreposait les dépouilles des rois avant leur transfert à Saint-Denis. Depuis plusieurs années, le Conseil de Paris négocie avec des bailleurs privés pour récupérer l’accès à la crypte.

Du gaz et des volcans

En 2014, une coupe géologique du bassin parisien a révélé des choses étonnantes sur notre sous-sol. Outre des réserves importantes en eau et inespérées en gaz, le bassin parisien semble aussi bâti sur un ensemble d’anciens volcans éteints, ce qu’on n’aurait pas tellement imaginé en regardant cette surface toute plane. Bref, sous les pavés le magma.

Le trésor de la Banque de France

Dans le sous-sol de la Banque de France, 27 mètres sous nos pieds, se trouvent les réserves d’or de la France ainsi que celles d’autres institutions nationales et étrangères. On ne sait pas comment y accéder, on ne sait pas combien d’or est stocké, on ne sait même pas exactement quels systèmes de sécurité ont été mis en oeuvre pour le protéger, mais on sait que Stefan Zweig a pu le visiter en 1932 en harcelant toutes ses relations et que ça l’a rendu dingue. On appelle ce lieu « la souterraine » et si même Stefan Zweig a galéré, autant vous dire que vous n’avez aucune chance de voir de vos propres yeux ce qui est sans doute l’un des coffre-forts les plus secrets de la planète.

Le sous-sol du bois de Vincennes

Autrefois, sous le bois de Vincennes, se situait une carrière de 4 hectares entièrement aménagés avec piliers, immenses salles et galeries infinies. Jusqu’au début du XIX° siècle, ces carrières étaient exploitées à bloc pour fournir le calcaire nécessaire à la construction d’immeubles, avant d’être transformées en champignonnières puis abandonnées au mitan des années 50. L’endroit est évidemment interdit au public et les Inspecteurs des carrières qui s’y rendent régulièrement sont les seuls habilités à y descendre. On entre par des puits et l’on descend 19 mètres en dessous du sol et on se les pèle. Difficile d’imaginer ça pendant qu’on prend son pique-nique au-dessus.

Les traces d'un ancien cimetière

Rasé peu avant la Révolution, le cimetière des Saints-Innocents a longtemps été le plus grand cimetière de Paris. Situé près de l’actuel quartier des Halles, il faisait face à un marché animé et accueillait quasiment toutes les dépouilles de la ville. Autant dire qu’il était bien bien blindé et que les différences sociales se faisaient déjà sentir : pour les riches les places centrales, pour les pauvres les charniers accumulés en bordure du cimetière. Bien bourrés, les charniers ; à tel point, d’ailleurs, que le cimetière, qui était également un lieu de passage, de promenade et de banditisme, finit par menacer les vivants quand ses murs d’enceinte s’effondrèrent, la faute à la pression des crânes et des os. L’essentiel des restes durs furent transformés dans les anciennes carrières parisiennes transformées en catacombes, le reste du cimetière étant détruit et remplacé par un marché puis par un parc. Donc quand vous allez aux Halles, sachez que vous marchez probablement au-dessus des restes dissous de bien nombreuses personnes décédées il y a bien longtemps.

On aurait aussi pu mettre le lac caché sous l’Opéra Garnier, mais c’est quand même vachement connu.