T’as choisi de te faire un énorme kiffe en partant en voyage autour du monde ? Compte pas sur nous pour te plaindre. Pour beaucoup, c’est le rêve d’une vie, et ça n’est malheureusement pas donné à tout le monde. N’empêche qu’un tel kiffe, aussi rêvesque soit-il, ne va pas sans quelques petits désagréments… Trois fois rien tu vas voir. Des petites conneries quoi, mais on voulait quand même te prévenir qu’il allait falloir renoncer à certaines choses en partant.

Ciao le style

Qu’est-ce que t’as cru ? Que t’allais rester photogénique avec ton teeshirt froissé par le voyage, ton short tâché et tes vieilles pompes Quechua (ou pire, tes Birkenstock) ? Qu’on soit clair : en partant, t’as laissé le style en France, t’as fait une croix dessus, et t’as décidé de ne pas le respecter pendant toute la durée de ton voyage. De chier sur lui, d’insulter sa famille. Et tant pis pour tes photos souvenirs.

Ciao ton transit bien réglé

Tu te souviens de l’époque où tu faisais popo à heure fixe, des selles bien moulées dans des chiottes bien propres ? Sans effort, et sans même y penser, en mode décontracté mais avec une rigueur quasi teutonne ? Oublie. Avec le changement d’alimentation perpétuel, ton bide ne comprend plus rien à ce que tu lui envoies, et ne semble pas vraiment savoir quoi en faire. Du coup, chaque passage aux toilettes est une sorte de pochette surprise, toujours plus ou moins décevante. Et disons-le : toujours molle. Coucou l’anus en pomme de douche !

Ciao les fat nuits réparatrices

A moins d’avoir gagné au loto avant ton départ (ou d’être pigiste chez Topito), tu garderas sans doute un œil attentif à l’état de ton compte en banque. Et tu essaieras donc de trouver des hébergements « pas trop chers ». C’est là que ça se gâte : « pas trop chers » ça veut souvent dire « merdique de sa race ». Tu le vois ce dortoir de 6 lits superposés dans lequel le gars qui occupe le lit juste au-dessus du tien décide de ken’ une meuf en rentrant complètement torché ? Ou cette chambre sans rideaux qui t’enverra la lumière du jour et les délices sonores de la rue au petit matin ? Ou encore ce bus de nuit qui t’aura permis d’économiser une nuit d’hôtel (malin) dans lequel tu ne fermeras pas un putain d’œil de la nuit (pas malin) à cause de la clim’, de la télé et de ce fucking mouflet qui braille 2 rangs devant toi. #grossesvalochessouslesyeux

Ciao les douches chaudes (et à pression constante)

Les hôtels qui te les garantiront ne feront là que de vulgaires promesses électorales. Souvent, « chaude », c’est au mieux « tiédasse de sa race et seulement si tu laisses couler un infime filet d’eau ». Tu veux plus de pression ? Soit, mais on va passer au glacial, tiens-toi prêt. La vie est faite de choix ; tu feras bientôt celui de prendre des douches très courtes.

Ciao la pudeur

Tu ne mettras pas longtemps à te rendre compte que tous les pays n’ont pas exactement la même définition de la pudeur. Ou bien que ce concept n’est pas forcément toujours associé aux mêmes contextes que chez nous. Et c’est comme ça que tu te retrouveras le pantalon sur les chevilles, en train de te vider les tripes (en mode chutes du Niagara) tout en tenant la porte sans verrou, et en espérant que personne ne passe devant la grande fenêtre qui laisse apparaître la plus grande partie de ta tête pendant ta délicate besogne. Nice.

Ciao les fringues propres et qui sentent bon

Des lessives, tu ne pourras pas en faire partout, du coup la « lessive » sans frotter deviendra rapidement une de tes meilleures amies. Malheureusement, la copine ne mouille pas trop le maillot pour faire la nique à tes tâches, et n’est pas non plus ultra concernée par la bonne odeur de lessive qu’avaient tes fringues, jadis, « à la maison ». Lavées par l’hôtel ou par une laverie, selon les pays c’est pas toujours mieux. Tout bien pesé…

Ciao ton ancien dos bien droit

Dans les hôtels « petits budgets », les matelas sont parfois sponsorisés par « OCB » et les sommiers semblent avoir été livrés par Obélix. Sans parler de ton « petit » sac à dos de 15 kg, que tu traînes à longueur de journée. Forcément, à un moment, tes vertèbres vont finir par s’apprécier vachement plus les unes les autres et se rapprocher de manière chelou, faisant légèrement évoluer ta posture. En mode Neandertal. Un petit tour chez l’ostéo en rentrant ?

Ciao ta conscience écologique

Avec en moyenne 13 pays traversés en 11 mois grâce à 9 vols et d’interminables heures de bus, faut se rendre à l’évidence : tu vas devenir l’ennemi public numéro 1 des ours polaires et de tes potes écolos. Ton bilan carbone sera aussi pourri qu’un casier judiciaire de député. Selon Myclimate, pour empêcher le réchauffement climatique, on ne devrait pas émettre plus de 0,600 tonnes de CO2 par an. Or le coût carbone d’un Paris – Lima (par exemple) s’élève à… 2 tonnes par passager.

Ciao ton ancienne peau

Celle qu’était pas brûlée par le soleil, pas défoncée par le sel, pas criblée de boutons de moustiques, de puces de lit ou de mouches des sables. Celle qu’était pas sèche comme du papier de verre, celle qu’était normale quoi. NORMALE. Non, ça c’était avant. Ta peau maintenant, c’est comme ton transit, tes pieds, ou ton dos : elle a rien demandé, et elle prend cher.

Ciao tes économies

Raaah la connerie putain : 15 000€ en moyenne pour un an de voyage ! 1 an sans dégaine, à chier liquide, à mal dormir, à prendre des douches froides. 1 an à s’exhiber dans des situations gênantes, dans des fringues sales, à flinguer ton dos, ta peau, et ton bilan carbone. Y’a de quoi regretter hein ? Oui mais non. Non, non, non et non. Quel pied putain. Et tant pis pour les agios en rentrant !

Saloperie de voyage, mieux vaut encore choper un cancer du colon !