« Ouiiii euuh, ça fait dix ans que le dernier livre Harry Potter il est sortiii euuuh, et pourtant vous en parlez toujours, vous avez pas un peu mieux à faire les pseudo-journalistes là ? »Eh bien je vais formuler une réponse qui sera simple et concise, mais pourtant tout à fait adéquate : non, on n’a rien de mieux à faire. Et même qu’on a décidé de revenir sur un sujet dont tout le monde a déjà entendu parler au moins une fois, j’ai nommé la mythologie dans Harry Potter. Parce que oui, J.K. Rowling s’en est donné à cœur joie pour piquer des éléments des petites histoires de nos ancêtres. Mais c’est pas forcément une mauvaise chose. Une histoire qui a réussi à traverser plusieurs millénaires, ça doit être une sacrément bonne histoire, alors autant la réutiliser.

Le Sphinx

Bam, je vous place le décor : Harry Potter et la Coupe de Feu, Harry est dans le labyrinthe, et il tombe face à une créature à tête humaine avec un corps de lion qui lui pose une énigme. C’est le sphinx, dont l’apparition la plus connue dans la mythologie reste celle où il s’est retrouvé face à Œdipe. Il lui avait alors posé l’énigme la plus connue de tous les temps : « Quel être, pourvu d’une seule voix, a d’abord quatre jambes le matin, puis deux jambes le midi, et trois jambes le soir ? » Harry, lui, il a eu le droit à une charade. C’est moins classe, c’est vrai. Mais quand c’est une bestiole qui peut te buter qui te demande de répondre à une charade, tu le fais, c’est tout.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Сергей Панасенко-Михалкин

Cerbère, le chien à trois têtes

Dans le premier tome de la saga, Harry, Hermione et Ron étaient déjà des sales gosses puisqu’ils se baladaient dans les couloirs la nuit alors que c’était INTERDIT. Une chose en entraînant une autre, ils se sont retrouvés nez à nez avec Touffu, le chien à trois têtes placé là par Hagrid pour défendre la pierre philosophale. Dans la mythologie grecque, c’est Cerbère qui présente les mêmes caractéristiques. Son rôle est de garder les Enfers. Il apparaît dans plusieurs mythes, mais Rowling s’est sûrement inspirée d’Orphée, qui a charmé le chien en lui jouant de la lyre, vu que dans le bouquin Quirrell reprend l’astuce avec une harpe. Une grosse lyre, en somme.

Crédits photo (Domaine Public) : William Blake

Le Basilic

Dans Harry Potter et la Chambre des Secrets, le magicien avec la cicatrice (oui, Harry, qui voulez-vous que ce soit d’autre ?) doit affronter le basilic, un gros serpent qui peut tuer d’un regard. Le basilic existe bel et bien dans la mythologie gréco-romaine, mais plus sous la forme d’un petit serpent. Au Moyen-Âge, on l’a plutôt représenté comme un mélange de coq et de serpent (MDR l’animal trop pourri.) Mais, en plus du basilic, Rowling a sûrement pensé à la Méduse, cette vieille meuf aux cheveux de serpents qui pétrifiait d’un simple regard. Il n’y a qu’à voir la tête géante dont le basilic sort, dans la chambre des secrets : ses cheveux ressemblent à des serpents.

Le labyrinthe

Dans la mythologie grecque, l’architecte Dédale construit un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure. Thésée réussira à aller tuer le monstre mi-homme mi-taureau mi-flippant et à sortir du labyrinthe grâce au fil que lui avait filé Ariane. Fil qu’on a sobrement appelé « fil d’Ariane », parce qu’on avait un gros manque d’inspiration. Dans La Coupe de Feu, c’est Hermione qui dit à Harry d’apprendre l’enchantement des Quatre-Points pour s’orienter dans le labyrinthe. Hermione c’est un petit peu son Ariane à lui, en fait.

Crédits photo (Domaine Public) : Maksim

Les sirènes

Dans les mythes de marins, dont celui d’Ulysse, les sirènes sont des sortes de femmes-oiseaux qui chantent pour attirer les marins à elles et les bouffer. Si l’auteure de Harry Potter a pris l’image de la sirène aquatique comme dans le folklore nordique, elle a quand même gardé l’idée du chant des sirènes. Quand Harry ouvre l’œuf d’or sous l’eau pour découvrir en quoi consiste la deuxième tâche de la Coupe de Feu, il entend « Descends nous visiter et entends nos paroles […] » Tiens tiens, des sirènes qui chantent pour appeler des gens à eux, on a déjà vu ça quelque part.

Crédits photo (Domaine Public) : Siren Painter (eponymous vase)

Le phoenix

Dans les mythologies égyptienne et grecque, le phoenix est un oiseau venu d’orient qui renaît de ses cendres et peut vivre au moins 500 ans. Mais, contrairement à Fumseck, le phoenix de Dumbledore, celui de la mythologie n’a pas de larmes anti-venin et ne peut pas spécialement porter des charges lourdes. J.K. Rowling a ajouté ça parce que ça l’aidait bien dans son scénario, surtout. En même temps, sans ça, Harry serait mort au bout de deux tomes, et on n’aurait pas été dans la merde.

Crédits photo (Domaine Public) : Bertuch-fabelwesen.JPG: Friedrich Johann Justin Bertuch (1747–1822)

Les centaures

On les connaît, les centaures de la forêt interdite, qui racontent des trucs bizarres pour se la jouer mystérieux et qui sont méga susceptibles. Eux aussi viennent tout droit de la mythologie grecque. Chiron est le plus connu d’entre eux, entre autres pour avoir été le maître à penser d’Achille et Hercules. Ce même Hercules qui lui a envoyé une flèche empoisonnée sans faire exprès, en voulant tuer d’autres centaures. La bourde.

Crédits photo (Domaine Public) : Pompeo Batoni

Le Nâga

Dans Harry Potter, Voldemort se trimbale un serpent avec qui il peut communiquer et dont il se nourrit du venin (avec du sang de licorne, à ce qu’il paraît ça passe bien.) Là aussi, l’animal vient de la mythologie, mais hindoue cette fois. Le Nâga est un serpent associé à la divinité Vishnou, et Nagini en est la forme femelle. Selon les sources, elle peut avoir plusieurs têtes humaines, mais bon, un serpent qui obéit aux ordres c’est déjà pas mal.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Alpha

Kochtchéï l'immortel

Le coup des horcruxes, c’est quand même pas mal : pouvoir cacher des parties de son âme dans des objets pour ne jamais mourir, il fallait y penser. Et justement, dans la mythologie slave, on y avait déjà pensé. Kochtchéï est un personnage qui ne peut pas mourir directement, car sa mort est cachée dans un œuf. Oeuf qui est lui-même caché dans une cane, située dans un lièvre, lui-même enfermé dans un coffre enterré sous un chêne sur une île. Après, j’ai envie de dire, une fois qu’on a trouvé le bon chêne et qu’on a une pelle, ça devient facile.

Crédits photo (Domaine Public) : Viktor Vasnetsov

Des tas de prénoms du livre sont tirés de personnages mythologiques

On va pas tous les faire, mais en vrac, on trouve ça :

Minerva McGonagall : référence à Minerve (Athéna, en grec), la déesse de la sagesse. Et c’est vrai qu’elle est sage, la directrice de Gryffondor.

Remus Lupin : référence à Remus et Romulus, élevés par une louve. Ça tombe bien pour un loup-garou.

Parvati Patil : référence à la déesse hindoue, sœur de Vishnou et épouse de Shiva. Pas du tout cliché pour une fille d’origine indienne.

Sibylle Trelawney : référence aux sybilles, les voyantes dans la mythologie grecque. Sauf que Trelawney est pas ouf en divination.

Narcissa Malefoy : référence à Narcisse, tombé amoureux de son propre reflet. Choix de prénom étrange, parce qu’elle porte beaucoup d’amour à son fils Drago. C’est sûrement pour sa fierté d’être une sang-pur que Rowling l’a appelée comme ça.

Hermès le hiboux : référence au dieu grec Hermès, messager des dieux. Le hibou transmet des messages, faut pas chercher plus loin.

Argus Rusard : référence à Argos, le gardien/berger qui avait une centaine d’yeux sur le corps pour tout voir. Rusard, lui, c’est le concierge, qui a un peu moins d’yeux mais qui est aidé par Miss Teigne, sa chatte (une vraie chatte qui fait miaou, hein.)

Alastor Maugrey : référence à un démon vengeur de la mythologie grecque. Le démon est méchant, alors que Maugrey est sympa. Mais il fait aussi un peu peur. Enfin, il est pas joli joli.

Vous en avez d’autres ?

On a aussi les trucs que Harry Potter a piqués au Seigneur des Anneaux (qui avait déjà piqué plein de trucs à la mythologie et au folklore.)