Il est rare de voir des ingénieurs se lever le matin et dire « Tiens, je passerais bien ma journée à fabriquer des jouets pour les gosses. » En général, les ingénieurs ont des vues un peu plus ambitieuses. Mais cela ne les empêche pas forcément de devenir riches, une fois leurs ambitions revues à la baisse , en revendant leur invention qui ne sert à rien dans le monde des adultes à des marchands de jouets qui y voient un immense potentiel chez les gosses.

L'ardoise magique, un accident d'ingéniérie

C’est à André Cassagnes, un électricien français qui bossait dans une entreprise de papier-peint évolué, que l’on doit la création de l’ardoise magique. Un jour qu’il notait des mesures au crayon sur un mur, il s’est rendu compte que que ses notes apparaissaient de l’autre côté du mur : les charges électrostatiques des particules d’aluminium présentes dans l’usine étaient responsables du phénomène. Après avoir réussi à réitérer et améliorer l’expérience chez lui, il a mis au point un prototype qu’il a présenté à une foire internationale d’inventeurs, laquelle a tapé dans l’oeil d’investisseurs qui ont décidé de commercialiser l’ardoise magique.

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Le slinky, venu de l'industrie navale

En 1943, Richard James, un ingénieur naval américain basé en Philadelphie, bosse sur le développement de ressorts qui pourraient supporter et stabiliser des instruments très fragiles lors de transports en bateaux. Faute d’y arriver, il en fait tomber un par inadvertance et se rend compte qu’il parvient à descendre les escaliers tout seul. Trouvant le système plutôt marrant, il a alors la bonne idée d’en faire un jouet. Jouet que l’on a absolument tous eu, même si personne n’en connaît le nom.

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Le silly putty

A peu près à la même époque, le gouvernement américain allongeait les biftons pour financer des recherches sur le silly putty, cette matière silicone qui a des propriétés non newtoniennes. A l’époque, le caoutchouc utilisé par les armées était pourri pourri pourri et les Américains ont demandé à des acteurs privés d’essayer de trouver un substitut synthétique. General Electric a relevé le gant.

C’est comme ça qu’on inventa le silly putty, mais personne ne savait quoi en faire. Ca ne remplaçait pas efficacement le caoutchouc, et personne n’avait idée d’à qui le vendre. Finalement, les scientifiques réussirent à refiler le bébé à une usine de jouets, avec l’idée que de toute façon les gosses n’étaient pas difficiles. Il suffisait d’empaqueter le truc dans des petits oeufs et de compter sur les enfants pour jouer des heures avec. Pari tenu.

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Le Pez, une invention pour arrêter de fumer

On est à Vienne en 1927 quand Eduard Haas III, un type dont le nom laissait entendre qu’il en avait dans la caboche, cherchait un moyen de faire arrêter ses amis fumeurs de fumer, parce qu’il ne supportait pas l’odeur du tabac. Eduard pensait qu’avec des petits bonbons à la menthe poivrée, il pourrait réussir son coup. Il a donc mis au point le premier bonbon appelé pfefferminz qu’il s’est empressé de caler dans un emballage qui ressemblait à un briquet, histoire de faire les choses bien et de séduire les fumeurs. Ce n’est qu’à l’issue de la Seconde guerre mondiale qu’exilé aux Etats-Unis, Eduard Haas III a eu l’idée de rebrander ses trucs en leur mettant des couleurs enfantines et un jouet au sommet. Le Pez allait conquérir le monde.

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La pâte à modeler

Dans les années 1930, Noah McVicker invente la pâte à modeler, mais son objectif est d’en faire un nettoyant pour papier-peint qui n’abîmera pas le papier-peint. Mais rapidement, des instits se sont emparé du produit parce qu’il était plein de substances non-toxiques et occupait les enfants… Rapidement, l’entreprise a suivi la tendance et remarketé la pâte à modeler sous le nom de Play-Doh.

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Le frisbee

En 1871, un type qui s’appelait William Russel Frisbee avait lancé sa manufacture de tartes sucrées. Des tartes sucrées en-veux-tu-en-voilà qui se vendaient comme des petits pains et arrivaient dans une petite assiette caractéristiquement ronde. La frisbee pie company s’est ainsi développée pendant des années sans savoir que les étudiants s’amusaient à se lancer le plat à tarte à l’issue des pique-niques dans un genre de compétition improvisée. C’est à Yale que le sport est devenu extrêmement populaire et que la boîte de Russel s’est dit qu’il fallait fabriquer un outil spécifique en plastique, dont le brevet a ensuite été racheté par la Wham-O.

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La ficelle aérosol

Dans les années 70, deux médecins, Leonard Fish et Robert Cox, travaillaient sur une manière nouvelle de plâtrer les patients qui s’étaient cassés des os. C’est ainsi qu’ils ont expérimenté un aérosol capable d’appliquer une pâte épaisse sur la partie blessée, avant de se rendre compte que ça ne menait à rien, du moins dans le champ médical. Parce que la ficelle aérosol, ou silly string, allait devenir un jouet extrêmement populaire une fois vendu à l’entreprise Wham-O.

Le Rubik's Cube

En mai 1974, un prof d’archi hongrois, Ern? Rubik, met au point un petit cube capable de tourner sur lui-même dans l’idée d’intéresser ses élèves à la géométrie en 3D et proposer une approche pédago nouvelle. On ne sait pas si ça a marché, mais un pote lui a rapidement fait remarquer qu’avec des petites touches de couleur sur chaque face, on se retrouvait avec un jouet de dingue capable de rendre fou tout le monde. Le Rubik’s Cube était né et est devenu rapidement populaire d’abord en Hongrie, puis à l’international.

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Et ça s’appelle la sérendipité.

Source : Cracked, The Trendy