A chaque région ses spécialités locales, dont on vante haut les mérites, inscrites à des patrimoines divers, célébrées, revisitées par des candidats sur M6, savourées et miam miam. Mais qui mange vraiment de la bouillabaisse, je veux dire de manière régulière ? Qui ? Hein ?

La soupe à l'oignon

Voici le pitch du film qui se passe toutes les cinq minutes dans le quartier latin à Paris. Un touriste s’arrête deux secondes devant un resto où aucun Parisien ne foutrait jamais les pieds. Un rabatteur lui vante les mérites de l’authentique soupe à l’oignon. Comme aucun Parisien ne fout jamais les pieds dans le resto, aucun Parisien ne dit au touriste qu’il s’apprête à payer quinze balles un truc (dégueulasse) qui n’a de typique que le nom, puisque personne n’en mange plus depuis le XIX° siècle et qu’il pourrait tout à fait faire chez lui. Le touriste entre dans le resto et dit plusieurs fois « c’est très bon ».

Quelle histoire triste.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Arnaud 25

Les macarons Ladurée

Qui se taperait trois heures de queue sur les champs pour payer des macarons à la framboise chimique à 18 euros l’unité à part des touristes asiatiques aveuglés par la pub ? Qui ?

Les cuisses de grenouille

Je dis pas qu’on n’en mange pas. Je demande juste : vous, ça fait combien de temps que vous en n’avez pas mangé, des cuisses de grenouille ? Et la fois d’avant, c’était il y a combien de temps ? Maintenant, posez la même question à un touriste et vous verrez qu’il y a pertinence, dans ce point.

Crédits photo (CC BY 3.0) : Anagoria

Des chouchous

Quel débile serait près à mettre 10 balles dans un cornet de gras à 20 centimes le prix de revient juste parce qu’il est comme un con coincé dans un parc d’attractions sous la flotte en mourant de faim ? Un touriste, oui, c’est la bonne réponse.

Crédits photo (Domaine Public) : Romainbehar sur Wikipédia français

Des canelés

C’est très bon les cannelés, mais est-ce que vous avez l’idée de manger des canelés autrement que quand vous allez à Bordeaux ? Et quand vous êtes à Bordeaux, si vous n’êtes pas bordelais, vous êtes quoi ? Des touristes. CQFD.

Crédits photo (CC BY-SA 2.5) : Roboppy sur Wikipédia anglais

De la bouillabaisse

Dans le petit précis de géographie nutritive du vieux port de Marseille, il est stipulé que « l’intégralité des restos attrape-gogos du port devront mettre en avant leur bouillabaisse ‘maison’ pour des prix fixés entre 15 et 25 euros, dont le montant exact sera corrélé à la propreté de la devanture ». Quant aux Marseillais, je dis pas qu’ils n’en mangent jamais, de la bouillabaisse mais certainement que la leur a un goût et que ce goût n’est pas celui de l’argent qui s’en va.

Des escargots à l'ail

Petite précision : le seul intérêt des escargots, c’est leur sauce à l’ail. La dernière fois que j’en ai bouffé, moi, c’était à Noël, en 1995. On avait mis les petits plats dans les grands pour la venue de tante Jacqueline. Ah ! Jacqueline. Je me souviens qu’elle m’avait offert un bateau pirate Playmobil, cette année-là, juste avant de mourir. Sacrée Jacqueline. Personne ne pensait qu’elle partirait si tôt, lors d’une cérémonie BDSM qui a mal tourné.

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Arnaud 25

Du cassoulet

Vous voyez ce que j’ai écrit sur Marseille et la bouillabaisse et sur Bordeaux et les cannelés ? Bon bah vous remplacez les mentions nécessaires et vous avez la vérité sur le cassoulet et le Sud-Ouest.

De la choucroute

Vous voyez ce que je viens d’écrire sur le cassoulet et le Sud-Ouest ? Et bah vous…

Vous connaissez la maison, vous, hein ?

Du pigeon farci

Ah ça, en France, on sait se la farcir, la volaille. Pour autant, la dernière personne née en France surprise en train de manger un pigeon farci est morte en 1958, juste avant l’avènement de la V° République. Depuis, seuls des touristes ont été aperçus, fusils à la main, en train de traquer les pigeons à Paris pour leur mettre de la chair à saucisse dans l’anus. Attrape et farce. Vous l’avez ?

Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi, chantent les champignons hallucinogènes. Pour info.