Il t’aimait, tu en étais sûr. Tu ne te posais même pas la question, puisque toi, tu l’aimais et que quand vous faisiez l’amour ou réfléchissiez à des projets de loi, vous étiez en phase, ensemble. Mais Manu et François, pour belle qu’ait été leur histoire, c’est fini. Bye-bye les chocolats glacés du ministère de la Justice, c’était la derrière séance et le rideau sur le MODEM est tombé.

Allez François, on est tous avec toi.

Au premier prétexte, tu te retrouves à la porte en slip

Et voilà, c’est fini. Tout ça parce que les juges devaient passer. Et alors, il avait honte que les juges vous voient ensemble ? Il avait honte d’être associé avec toi ? C’est ça ? Est-ce une raison suffisante pour te mettre à la porte, comme ça ? Tu penses à tout ça, en pleurant.

Quand tu disais "Je t'aime", on te répondait "Oui, oui"

« Je t’aime, Emmanuel… » « Le MODEM est une formation importante, oui, oui. »

Vous n’étiez pas sur la même longueur d’ondes, tous les deux.

Ton amour de toujours ne connaissait même pas tout à fait ton prénom

« Dis-moi, Manu, je me disais, pour le projet de moralisation… »

« Dis-moi, Francis, heu pardon François ? »

Cette histoire aura duré 1 mois

On n’a pas le temps de se construire un vécu commun en 1 mois. On n’a le temps de rien en un mois. De tirer un coup ivre mort par-ci, de faire l’amour tendrement par là, mais Dieu sait à quoi il pensait quand tu te donnais à lui. Un mois. Un mois d’amour. C’est irréparable.

Tu sentais bien que tu n'étais pas seul dans sa vie

Il y avait les anciens du PS et puis ceux de LR et de l’UDI, aussi. Même si tu consolais en te disant que c’était toi, le préféré, tu ne comptais pas davantage que les autres. Egoïste !

Jamais il ne t'a proposé de boire un café en tête-à-tête

Toujours les autres qui rôdaient autour, impossible d’avoir un moment d’intimité, sauf pendant l’amour, cela va de soi. Au Conseil des ministres, tu guettais ses regards, mais il y en avait pour tout le monde.

Parfois, tu avais le sentiment qu'il était avec toi pour de mauvaises raisons

Il ne t’aimait pas vraiment ; à travers toi, c’était ce que tu représentais, ce que tu possédais qu’il cherchait à capter. Tes électeurs, ton argent. Et quand ces électeurs ou cet argent a disparu, tu t’es retrouvé jeté comme une chaussette en indivision.

Il n'écoutait pas quand tu lui lisais des mots doux

Tes discours sur la moralisation de la vie publique, il s’en carrait comme de l’an quarante, tu le sentais bien. Oreille distraite, yeux qui, parfois, se levaient pour donner le change. Toujours plongé dans ses parapheurs, sans aucun égard pour toi.

Chaque fois que vous vous embrassiez, il vérifiait que personne ne regardait

Comme s’il avait un peu honte, au fond, d’être avec toi. Comme s’il ne voulait pas que les gens du PS et du RPR vous voient trop proches. Comme s’il voulait montrer qu’il n’était pas avec toi, qu’il était disponible pour d’autres amours, d’autres partenaires.

Il avait ses propres prooooojjeeeeeeeeeeeets et tu n'en faisais jamais partie

Il ne te proposait jamais te partir en vacances, il ne te proposait pas même un tour à la Foire du Trône. Et quand il évoquait ses prooooojeeeeeets avec la verve que tu aimais tant, jamais il ne laissait entendre que tu pouvais en faire partie. Tu étais un prête-nom ; tu étais un bouche-trou.

Allez, p’tit père, ça va aller. On s’en remet de tout ça. Tu rencontreras quelqu’un de bien. Sans doute un juge.