Il y a des signes, mais vous n’êtes pas sûr sûr ; c’est que vous n’aimez pas juger sur l’apparence. On sait jamais, c’est pas parce qu’on porte un pull Bompard sur les épaules qu’on vote à droite. Ni parce qu’on porte des chaussures pointues ou qu’on fume le cigare. Y’a des nuances, dans la vie. Enfin à mesure que la conversation s’installe, vous commencez à vous dire que les signes n’étaient pas trompeurs.

Elle dit "Mittrand"

« Si tu veux à l’époque de Mittrand c’était l’idéologie communiste qu’on mettait en place en France, et on a bien vu que ça marchait pas, le communisme, hein. »

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Comet Photo AG (Zürich)

Elle se dit apolitique

Généralement, quand quelqu’un ne fait pas de politique, n’aime pas la politique ou se dit apolitique, c’est qu’elle vote à droite. Ça a été prouvé par toutes les études de l’histoire. Y compris les études qui n’ont pas existé.

Elle trouve qu'en France on n'aime pas les riches

Et elle se sent potentiellement vaguement concernée par ce désamour. Alors qu’aux Etats-Unis… Du coup elle parle de ses problèmes de riche sans aucune honte.

Elle trouve que les bobos à Paris ça commence à bien faire

Généralement, ça enchaîne avec la litanie de clichés suivante : « Ils nous font chier avec leurs vélos de merde et leurs bars de merde s’ils ont envie de vivre comme des hippies ils ont qu’à aller dans la Creuse ou chercher un vrai boulot ! »

Elle dit des trucs comme "quand on veut, on peut"

« Si tu veux t’en sortir, tu t’en sors, merde ! C’est insupportable cette manière qu’on a d’assister les gens en leur faisant croire que l’argent pousse des arbres ! »

Elle refuse de partager sa bouteille à la soirée

Parce qu’elle a amené un Chivas, et que ton Johnny Walker tu peux te le foutre au cul ou bien où tu veux, du moment que tu touches pas à sa bouteille qui est la sienne et rien que la sienne compris ?

"En 1968, mes parents bossaient, eux"

EUX.

Il a un poster d'Alain Madelin au-dessus de son lit

Attention, ça peut aussi être quelqu’un qui aime tout simplement le goût, la sympathie et l’élégance, mais bon.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Sabine_Herold_Alain_Madelin.jpg: Jean-Paul Oury

Quand on lui demande son boulot, elle répond "je fais du biz"

Le biz’ étant la version de droite de la start-up, qui elle se veut de gauche. Généralement, quand on relie les points, tout ça vise principalement à faire de la thune, comme on dit dans certains milieux.

Quand elle entend PMA ou RSA elle fait un malaise vagal

Elle a de toute façon une forme de méfiance vis-à-vis des acronymes : PMA, RSA, ISF, CSG, HLM, ce sont des trucs qui la font chier.

Elle a quand même dans l'idée que les hommes et les femmes, c'est pas pareil, c'est comme ça

C’est pas uniquement l’éducation, NON. Les femmes elles sont d’une certaine manière et les hommes ils sont d’une certaine manière et c’est comme ça, y’a pas à tergiverser trois heures, si c’est pour perturber tout le monde, on ne va jamais y arriver.

Elle est attachée à une certaine idée du "parler vrai"

Elle pense que les Français ont envie « d’entendre enfin LA vérité », qu’il faut en finir avec « la pensée unique », qu’il faut une logique de « responsabilité », et surtout en appeler au « bon sens ». Avec l’idée du coup que la vérité est pas bien compliquée dans la mesure où elle la détient, elle.

Elle ne va pas dans certains quartiers parce qu'ils sont "sales"

Belleville, Barbès, c’est sale en fait. C’est gênant tellement c’est sale, par terre, les papiers, les canettes. De manière générale, elle n’aime pas trop la saleté.

Elle a une solution pour pas mal de trucs ; ça s'appelle le gniouf

« Les racailles, les casseurs, les bobos tout ça je t’y foutrai au gniouf on y verrait plus clair« . On n’ose pas pas lui dire qu’on dit plus gniouf depuis… ben on l’a jamais dit en fait.

Elle trouve qu'on peut plus rien faire

– On peut plus conduire vite, ni bourré, mais merde !

– En même temps y a vachement moins de morts sur la route…

– Ouais enfin les chiffres hein, ça se trafique, les chiffres.

La gauche, c’est l’aveuglement idéologique empreint de curiosité. La droite, c’est la même chose, sans la curiosité. Tenez, on va se détendre en regardant des politiciens jeunes.