Le statut de "chercheur" est un titre prestigieux. Mal payé certes, mais prestigieux. Le problème, c'est que vous ne pouvez pas décemment écrire sur votre front "cerveau au travail" ou coller un sticker "savant à bord" à l'arrière de votre bagnole. Et une blouse blanche pourrait vous faire passer pour un secrétaire médical ou un prothésiste dentaire. Il faut donc, subtilement, montrer à son entourage qu'on a fait au moins 8 ans d'études et qu'on fait partie de ces gens qui se hissent "sur les épaules de géants". Et pour cela, les astuces ne manquent pas, en voila une flopée :

  1. Vous affichez sans complexe les "goodies" collectés au gré des colloques
    Notamment ce porte-document en tissu qui ne laisse pas de place au doute : XIème Symposium International - Université de Coimbra. C'est un peu comme conserver l'autocollant Corsica Ferries sur sa bagnole, c'est pas très joli, mais c'est plus élégant que de crier "Je suis chercheur et je passe mes vacances en Corse!!!"
  2. Votre page d'accueil sur votre ordinateur, c'est Google Scholar
    Idéal quand vous ouvrez votre portable dans le train. Même si les trois quarts du temps, quand vous êtes seul, vous cherchez votre propre nom.
  3. Vous commencez la lecture d'une publication par la biblio, pour voir si, par hasard, vous êtes cité
    Et au pire, vous vous fendrez d'un méprisant "aborder ce sujet sans évoquer les travaux de Glübenfish (2001), j'veux bien, mais bon..." pour vous épargner la lecture de l'article
  4. D'ailleurs, vous dites "publication" et pas "article"
    Parce que dire que vous avez lu un truc dans un "article" pourrait sous-entendre que vous citez un "Le Saviez-vous" d'un magazine télé avec la tête de Mac Lesggy en illustration. Une "publication", tout le monde comprend que vous faites référence à un truc chiant qui n'est pas à la portée de tous.
  5. Vous commentez n'importe quel article dans votre domaine sur les portails d'information pour remettre l'auteur à sa place
    En espérant secrètement qu'on vous interpelle sur votre légitimité à parler du sujet. "Alors ok... il se trouve que je suis chercheur dans le domaine, voilà, c'est dit..."
  6. Vous faites d'incessantes références à votre organisme de tutelle
    Même si ça ne parle pas à tout le monde : "C'est un sacré bordel de refaire une demande de passeport! J'ai l'impression de demander un financement au CNRS! (non, je dis ça parce que je suis chercheur, voilà, c'est dit...)"
  7. Vous affichez un look décontracté mais soigné, propre à la recherche
    Un pantalon de costume, certes, mais une chemise surmontée d'un petit pull col en V pour ne pas passer pour un commercial. Si vraiment c'est nécessaire, une petite veste mi-saison avec des coudières peut s'imposer, pour souligner la partie "enseignement" de votre métier.
  8. Vous n'hésitez pas à rappeler vos périodes d'indisponibilité
    Même quand on vous a rien demandé. "Tu vas au ski cette année? Moi, j'irai bien en février... Ah merde, non, j'ai un colloque à Lille..."
  9. Vous êtes hyper-précis, même quand vous parlez de foot
    "T'as vu le but de Ben Arfa contre Caen ? Ça m'a rappelé le but de l'Argentine (Maradona, 1986)" au Mexique"! Ça me rappelle que j'ai un colloque à Caen en novembre..."
  10. Vous annotez des bouquins qui ne sont même pas à vous
    D'ailleurs, la plupart des bouquins qui trainent sur vos étagères ne sont pas vraiment à vous. Entre ceux qu'on vous file, que vous oubliez de rendre ou que vous avez taxés à la bibliothèque, vous n'en avez pas payé beaucoup. Mais ça ne vous empêche pas de rajouter quelques commentaires éclairés dans les marges, voire de les "stabilobosser" sans vergogne, la recherche a un prix, vous êtes prêt à le faire payer.

Références

  • Glübenfish G. (2001), "L'Article de Référence que Je Cite Tout le Temps parce que l'Auteur était dans mon Jury de Thèse", Ma Bibliothèque, 2ème étagère, Mon Bureau.
  • Maradona D. (1986), "Match contre l'Angleterre", Coupe du Monde 1986, 56ème min, Mexico.