Quand on pense aux tueurs en série, on imagine des mobil-homes sales, des viols par papounet quand on était enfant, des fermes isolées et du sang séché. Quand on pense aux tueurs en série, on pense poisseux. Mais il arrive parfois que les tueurs en série soient des gens VRAIMENT bien sous tout rapport : riches, contents d’eux, intouchables. Tellement intouchables qu’ils peuvent se payer les services d’avocats assez forts pour vous faire acquitter alors même que vous reconnaissez avoir découpé un cadavre. Ca existe.

Robert Durst

Fils d’un des plus grands magnats de l’immobilier New Yorkais, Robert Durst se marie à une fille de bien plus basse extraction, dans les années 80. Durst est un type bizarre, taiseux, violent. La pauvre Kathleen est frappée. Et puis un jour, elle disparaît dans des circonstances bizarres, peu après s’être trouvée à la campagne avec Robert, du moins c’est ce que des preuves fausses laissent entendre. Durst est un peu inquiété, mais pas trop. 20 ans plus tard, en 2001, alors que l’enquête sur la disparition de sa femme s’apprête à être rouverte, Durst se retrouve suspecté coup sur coup de deux meurtres : celui de son voisin dans la ville de Galveston, où il vient de s’installer, et celui de sa meilleure amie qui aurait pu être impliquée dans la disparition de sa femme, dans les années 80. Jugé pour le meurtre de son voisin, Durst reconnait avoir démembré son corps mais assure ne l’avoir pas tué volontairement. Il est acquitté, grâce notamment au travail de ses avocats grassement payés.

Ensuite, Durst retrouve une vie normale. Jusqu’à ce qu’il décide de livrer sa version des faits auprès d’un réalisateur, Andrew Jarecki, au cours d’un entretien fleuve donnant lieu à une série documentaire sur son histoire. Au cours de l’enquête, Jarecki découvre une pièce à conviction qui permet très clairement d’incriminer Robert Durst pour le meurtre de sa meilleure amie ; celui-ci nie malgré l’évidence, puis, croyant son micro éteint, avoue ses crimes alors qu’il se trouve aux toilettes. Il a depuis été arrêté.

Les frères Menendez

On ne peut pas parler de serial killer avec les frères Menendez, mais on peut parler de tueurs terrifiants quand même. Eril et Lyle Menendez sont les enfants d’une famille richissime de Beverly Hills. Père un peu abusif, mère un peu absente. Les ingrédients d’un bon gros drame. Les Menendez ont beau être riches, ils volent, font des cambriolages, s’adonnent à la petite délinquance. Un psy leur détecte des penchants psychopathes. Un jour, ils voient à la télévision un épisode de Billionaire Boys Club dans lequel des personnes s’associent pour commettre un meurtre et décident d’imiter le scénario : leur but est de tuer leur père, mais s’ils veulent s’en tirer, ils vont bien être obligée de tuer la mère aussi. Le 20 août 1989, ils passent à l’acte : ils abattent leur père de dos puis leur mère de 5 tirs de carabine. Ils renversent tout dans la maison pour faire croire à un cambriolage, se débarrassent des armes sur Mulholland Drive et arrivent à choper la séance de Batman de 22 heures. De retour, ils appellent les urgences. Leur scénar marche, sauf que la vitesse à laquelle ils dilapident l’héritage familial attire l’attention des autorités. Ils sont finalement arrêtés et jugés ; leur procès très médiatique débouchera sur leur condamnation à perpétuité.

Nathan Leopold et Richard Loeb

Dans le Chicago des années 20, deux étudiants en droit, Nathan Leopold et Richard Loeb, partageaient plusieurs traits communs : ils venaient du même quartier, tous deux de familles aisées, et étaient de gros psychopathes. Ils étaient fascinées par le crime et le désordre. Et ils se croyaient vraiment vraiment supérieurs aux autres. Ils décident dès lors de préparer un crime dans le seul et unique but de réaliser un crime parfait. Voilà le plan : kidnapper un gosse, le tuer, cacher le corps, faire croire à un kidnapping, prendre l’argent et s’en tirer.

Ils passent à l’action en kidnappant un voisin de Loeb âgé de 14 ans, Bobby Franks. Ils l’emmènent de force, le tuent, l’aspergent d’acide chlorhydrique, cachent le corps dans la forêt, mangent un hot-dog et appellent la mère pour demander 10.000 dollars. Sauf que le corps est découvert avant que cet argent ne soit versé et que Leopold a oublié sa paire de lunettes sur le lieu du crime. C’est ce qu’on appelle un gros fail.

Leopold termine assassiné en prison et Loeb, qui a obtenu une remise de peine après 34 ans de détention, meurt à Porto-Rico. Hitchcock s’inspire de l’affaire pour son film La Corde.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Auteur inconnuUnknown author

H. H. Holmes

Issu d’une famille modeste, Herman Mudgett, qui se fera rapidement appeler Holmes a un diplôme (vrai) d’assistant en pharmacie et un autre (faux) de médecin. Il mène une vie de patachon dans le Chicago de la fin des années 1800 et exerce dans une pharmacie, quand il se décide à astucieusement faire disparaître la gérante de l’endroit pour devenir beaucoup plus riche. Avec toute cette thune, il achète un terrain où il fait construire un gigantesque manoir en vue de l’Exposition universelle de Chicago de 1893. Au rez-de-chaussée, des magasins, sa pharmacie, tout le toutim : au-dessus, des chambres. Et cachées dans les murs, des chambres de torture. Les escaliers ne mènent nulle part, les chambres sont sans fenêtre, c’est l’horreur. Holmes est un malin et change plusieurs fois de constructeur pour connaître seul le vrai plan des lieux.

Holmes tue 200 personnes : des employées, des amantes, des touristes. Il les torture, les asphyxie, les laisse mourir, puis jette leurs corps au sous-sol via une desserte spéciale : ensuite, il récupère leurs squelettes et les vend à des écoles de médecine. Il finit par être arrêté et pendu.

Crédits photo (Domaine Public) : though likely a mugshot.

Laurent Hattab (et ses deux potes)

En 1984, Valérie Subra, une jeune vendeuse plutôt mignonne, rencontre deux garçons : Laurent Hattab, un genre de playboy qui roule en Alpha et que le père, riche, entretient et son faire-valoir prodige, Jean-Rémi Sarraud. Ce dernier est un pauvre type qui vit la vie de Hattab par procuration. Subra et Hattab se mettent en couple et commencent à rêver d’une vie richissime aux Etats-Unis. Pour obtenir les fonds, ils conçoivent un plan : se servir de Valérie pour appâter des hommes riches. Celle-ci sera invitée chez eux, laissera la porte ouverte, les deux garçons se pointeront, tueront la victime et récupéreront la thune. Leur but est d’amasser 10 millions de francs.

Ils commencent avec un avocat de 50 ans qu’ils ligotent et tuent à coups de couteau. Mais ils ne trouvent que 1200 balles sur place. Ils reproduisent le modus operandi avec un jeune homme de 29 ans, directeur d’une maison de prêt-à-porter. Ils ramassent 13.000 francs. Subra est arrêtée, confondue par les carnets d’adresse de ses victimes, le jour où le trio s’apprêtait à perpétrer un troisième meurtre.

Surnommée « la beauté diabolique » par la presse, Subra est sur le devant de la scène médiatique. Les trois complices sont incarcérés et sont depuis sortis de prison.

Herbert Baumeister

Fils d’un anesthésiste très en vue à Indianapolis, Baumeister souffre d’une schizophrénie non-diagnostiquée. Il balance ses études puis se fait placer par papa au journal local où il officie comme coursier, avant de rejoindre le bureau d’attribution des permis de conduire, une officine du gouvernement. Partout où il passe, il met mal à l’aise avec ses excentricités. Mais son intelligence lui permet de devenir directeur de programme. Il fait en gros n’importe quoi tout le temps, y compris pisser par terre dans le bureau de son patron. Finalement, Baumeister, entretemps marié, a une idée : ouvrir une énorme braderie, puis une chaîne de braderies, qui font sa fortune. La famille devient riche et déménage dans un coin plus huppé. Mais à la maison, la vie est infernale : en tout et pour tout, Baumeister et sa femme ont baisé 6 fois en 25 ans de mariage, Baumeister refuse de se mettre nu devant elle et les bastons sont très courantes.

Puis, au début des années 90, on se rend compte que plein de jeunes hommes gays ont disparu près d’Indianapolis.

Au final, grâce à la description de sa bagnole, on retrouve la piste de Baumeister. Des fouilles permettent de retrouver les cadavres de 7 hommes. On retrouvera 9 autres corps plus tard, après que Baumeister se sera suicidé sans jamais s’exprimer sur les meurtres qu’il a commis.

Issei Sagawa

Peut être pas en série, mais terrifiant quand même. En 1981, le jeune Japonais Issei Sagawa, fils d’un grand homme d’affaire nippon, étudie en France, quand il tombe absolument fou amoureux d’une pote de la Sorbonne, Renee Hartevelt qui, elle n’en a rien à foutre de lui. Prétextant des traductions qu’il doit réaliser, il l’attire chez lui, la tue et la mange. Et c’est là que ça devient croustillant, si j’ose dire : le père de Sagawa entre dans la danse et se démerde pour que la procédure d’extradition de son fils soit accélérée. Déclaré fou par les autorités médicales et donc incapable d’être jugé, Sagawa ne fait pas l’objet d’une contre-expertise et est immédiatement extradé au Japon, où une commission le déclare tout à fait sain d’esprit. Il n’a pas été jugé en France et ne le sera pas au Japon. Il est libre.

Ensuite, il écrira des bouquins sur son histoire, sera mobilisé comme expert tueurs en série par la télé japonaise, tournera dans des films érotiques inspirés de sa folie cannibale et continuera à vivre dans l’anonymat. Merci papa.

Crédits photo : : DR

Joran van der Sloot

Un petit fils à papa de l’île d’Aruba. Voilà ce qu’était Joran van der Sloot. Papa était juge et connaissait tout le monde. Jusqu’à ce qu’en 2007, Natalee Holloway soit déclarée disparue. Van der Sloot passait son temps à clamer haut et fort qu’il avait fait de la jeune fille son esclave sexuelle et qu’il avait jeté les restes de son corps à la mer. Il avait même essayé de faire chanter la famille de Holloway pour révéler où se trouvaient le corps de leur fille. Mais on n’a pas pu prouver sa culpabilité. En revanche, en 2010, on a retrouvé le corps de Stephany Flores Ramirez directement dans sa chambre d’hôtel, au Pérou. Cela lui a valu une condamnation à 28 ans de prison.

Crédits photo (CC BY-SA 2.0) : Mary Thompson

T. Cullen Davis (au conditionnel)

Cullen n’a pas été condamné et les informations que nous rapportons ici sont donc à mettre au conditionnel. Nous avons choisi d’inclure ce récit parce qu’il est intéressant et parce que les familles des victimes continuent à enquêter pour prouver la culpabilité de Cullen, que nous n’accusons donc pas ici.

Né en 1933, Cullen Davis est le fils d’un magnat du pétrole au Texas. Millionnaire, il avait épousé Priscilla Lee Childers en 1968. C’était le deuxième mariage de Cullen et le troisième de Childers qui avait déjà 3 enfants. Séparés depuis 1974, ils vivaient dans le même grand manoir. Priscilla Lee Childers y hébergeait son nouveau mec. Le 2 août 1976, quand Priscilla et son mec rentrent, ils se font tirer dessus. Le mec meurt et Priscilla est blessée. On retrouve l’une de ses filles mortes, exécutée à la cave. Deux amis de la famille accoururent pour secourir Priscilla qui essayait de fuir le tueur : l’un d’eux perdit l’usage de ses jambes après avoir reçu une balle.

A l’arrivée de la police, Priscilla est formelle : elle affirme que son agresseur n’est autre que Cullen Davis, son ex-mari, qu’elle a reconnu malgré la perruque qu’il portait. L’avocat de Davis, un ténor du barreau, insiste sur la personnalité de Priscilla, connue pour ses liens avec le monde de la drogue et sa propre consommation, de façon à discréditer son témoignage. Cullen Davis est acquitté.

En 1978, Cullen Davis est piégé par les autorités alors qu’il approche un tueur à gages (joué par un flic) qu’il cherche à engager pour tuer Priscilla. Mais son avocat le tire une nouvelle fois d’affaire et il est à nouveau acquitté.

Mieux vaut être riche et sain d’esprit que pauvre et tueur en série.

Source Une : HBO