Dans 99,9% des cas, les tueurs en série ont eu une enfance horrible. C’est le concours d’enfance horrible à qui aura été violé par sa mère, violé par son père, frappé par sa mère, son frère, sa soeur, des nazis ou des camarades de classe. Mais parfois, rien de tout ça : les tueurs ne doivent leur dinguerie qu’à eux-mêmes (et un peu à une absence de diagnostic sur de la schizophrénie). Et ça fait peur peur peur.

Roberto Succo

Pour de vrai, tout allait bien, si ce n’est que sa mère le surprotégeait. Mais Succo n’a jamais été abusé, frappé, insulté par ses parents. Il souffrait sans doute des absences de son père, un flic qui passait beaucoup de temps au travail, mais qui pourrait dire le contraire ? De là à prendre un couteau et à tuer sa mère et son père, puis à se lancer, quelques années plus tard, dans une cavale meurtrière en France et en Suisse en semant la terreur, tuant 5 personnes et en menaçant des dizaines d’autres… Succo, charmeur, BG, était schizophrène d’après les autorités italiennes. Il s’est suicidé en 1988 dans sa cellule.

Carlos Eduardo Robledo Puch

Encore un tueur à gueule d’ange. Tout n’était pas parfaitement rose dans la vie de Carlos, hein ; il venait d’une famille argentine modeste, ignorait si son père était vraiment son père, mais sa mère l’aimait, il prenait des leçons de piano, il était doux et calme et sa famille était bien insérée dans la société de Buenos Aires. Autant dire qu’il est difficile de comprendre pourquoi, en 1971, à 19 ans, il est entré dans un bar de Buenos Aires avec un pote pour piquer la caisse et a assassiné la serveuse gratuitement. Ni pourquoi deux mois plus tard, alors qu’il cambriolait un revendeur de bagnoles, il a tué gratuitement un mec, blessé et violé son épouse et tenté de tuer leur bébé qui devait avoir moins d’un mois. Ni pourquoi il a tué 8 autres personnes encore, toujours assez gratuitement, en plus d’en avoir séquestré et violé certaines. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Crédits photo (Domaine Public) : Graciela García Romero

Peter Dupas

Ce tueur en série australien, assez méconnu, a vécu une enfance totalement normale. Son premier acte d’extrême violence s’est déroulé en 1968, alors qu’il avait 15 ans : Dupas se rend chez une voisine soi-disant pour lui emprunter un couteau et la poignarde au visage, au cou et à la main. Il est placé en hôpital psychiatrique et explique qu’il ne sait pas pourquoi il a fait ça, qu’il a obéi à une pulsion supérieure. Quand il sort, il fait un va-et-vient permanent entre la prison et la rue, dans laquelle il commet de nombreux viols affreux – mais pas de meurtres. C’est à partir de 1997 qu’il se met à semer la mort : 5 meurtres de femmes avec viol et assassinat au couteau. Mais Dupas est aussi soupçonné de meurtres survenus plus tôt, dans les années 80 et au début des années 90. Il a été condamné à perpet.

Nestor Pirotte

Ce tueur en série belge a assassiné au moins 9 personnes entre 1954 et 1982. Mais le mec était un privilégié : fils du garde-chasse d’un grand domaine, il avait été élevé comme un des leurs par les châtelains et se parait d’aristocratie. Lors de son service militaire, il se sert de son statut de faux aristocrate pour séduire et voler. Son premier meurtre est celui d’une de ses tantes à qui il veut voler l’argent de la vente du bétail. Il se fait passer pour fou et est envoyé en asile pendant 13 ans. En 1968, il tue un banquier d’une balle dans la tête, est arrêté et condamné à 10 ans de prison. En 1980, il tue la propriétaire d’un restaurant, ses deux employés et son fils (sans compter le chien) ; puis il est arrêté mais bénéficie d’un non lieu. Incarcéré pour non respect de sa liberté conditionnelle, il s’évade et tue un antiquaire pour lui tirer sa thune. Il est ensuite condamné à mort en 1984, puis gracié – sa peine est commuée en prison à vie. Il est mort dans sa cellule en 2000.

Richard Angelo

Né en 1962 aux Etats-Unis, cet infirmier tueur a assassiné 25 personnes en leur délivrant des injections létales à partir de 1987. Pourtant, il était issu d’une famille unie et heureuse : enfant modèle, il multipliait les activités, jouait les enfants de coeur, aimait la pêche et ses parents, adorait sa grand-mère. Il n’a pas été abusé, n’a pas connu de deuil ou de déracinement précoce. Devenu infirmier à 26 ans, il a tué 25 personnes qui étaient en état stable en moins de 6 semaines. Il a expliqué ses crimes par son manque de confiance en lui : il voulait générer des problèmes sur les patients pour pouvoir se montrer à la hauteur de la tâche et obtenir la confiance de l’équipe. Il a été condamné à 61 ans de prison.

Herbert Baumeister

La famille avait du fric et tout se passait bien. Une enfance paisible dans l’Etat de Washington, au coeur des années 50, sorte d’eldorado de l’Amérique triomphante. Baumeister est le fils d’un médecin et n’a jamais manqué de rien. Il a suivi une scolarité normale, avait des amis et n’était pas isolé. C’est à compter de l’adolescence que sa schizophrénie se développe, mais elle n’est pas diagnostiquée. Baumeister commence à jouer avec des cadavres d’animaux et à s’isoler de plus en plus. Il décroche de l’université dès la première année, mais papa lui trouve du boulot. Il prend même de l’avancement chez BMW Indianapolis (avant d’être viré parce qu’il avait pissé dans le bureau de son patron). Ensuite, il a ouvert une brocante et s’est marié.

Mais de la fin des années 1980 à 1996, date de son suicide, Baumeister n’a cessé de choisir ses victimes dans des bars gay, de les tuer et de cacher leurs corps, non sans s’être livré avec eux (morts ou vivants) à des jeux érotiques très dérangeants. Son suicide a mis fin au poursuite et Baumeister n’a jamais eu l’occasion d’expliquer ses actes.

Charles Starkweather

Avec sa meuf de l’époque, Caril Ann Fugate, Charles Starkweather a tué onze personnes lors d’un road trip en Indiana et dans le Wyoming, entre 1957 et 1958. Pourtant, au contraire de sa meuf qui avait fui ses parents à 13 ans, Starkweather n’avait pas à se plaindre de sa famille. Les Starkweather étaient bien intégrés dans la société de Lincoln, Nebraska. Ses parents étaient doux et bossaient sans être riches ; mais c’est à l’école que le futur tueur a eu le plus grand mal à s’insérer, ce qui a peut-être été le terreau de développement de ses psychoses. Quoiqu’il en soit, il a été arrêté en 1958 et exécuté. Fugate, mineure à l’époque des faits, a été libérée en 1976. Leur histoire a inspiré La ballade sauvage et Tueurs nés.

Crédits photo : : DR

Randy Kraft

Condamné pour 16 meurtres et suspecté dans 51 autres, Kraft a eu une enfance normale. Inséré socialement, il réussissait bien à l’école – ses anciens profs décrivaient un élève intelligent. D’abord proche des Républicains et favorable à la guerre du Vietnam, il change de braquet dans sa vingtaine et fait la campagne de Robert Kennedy. Il rejoint brillamment l’US Air force, avec des résultats excellents aux tests d’aptitude. Mais en 1969, son homosexualité entraîne son éviction de l’armée.

C’est alors, à partir de 1970, que l’on commence à retrouver plein de jeunes hommes assassinés en Californie et en Oregon. Un peu à la manière d’un Pierre Chanal en France, Kraft choisit essentiellement des soldats qui quittent ou regagnent leur base. Arrêté par hasard en 1983, Kraft est condamné à mort en 1989, mais sa peine est commuée en prison à vie en 2000.

Crédits photo (Domaine Public) : San Quentin State Prison

Anthony Allen Shore

On ne va pas parler de « bonheur », mais rien à signaler non plus : les parents d’Anthony Shore étant militaires, celui-ci a été amené à déménager 9 fois entre sa naissance et ses 15 ans. Difficile, dès lors, de lier des amitiés durables mais si tous les enfants de militaires devaient devenir dingos, ça se saurait. Shore était aussi un musicien de jazz réputé. Un type normal. Bref, Anthony avait tout pour lui, mais il a quand même choisi de tuer trois petites filles et une adulte (en plus d’un viol d’enfant sans meurtre). C’est alors qu’on s’est rendu compte qu’il avait abusé ses deux filles : dès lors, la police a recueilli son ADN. Il n’a pas fallu longtemps pour le lier aux autres meurtres. Jugé en 2004, il a été exécuté en 2018.

Rémi Roy

Ce tueur en série qui s’attaquait aux homosexuels en les repérant grâce au Minitel rose a eu une enfance très heureuse. Si sa scolarité était médiocre, il pouvait compter sur le soutien et l’amour des ses parents qui l’ont encouragé à réaliser sa passion et à devenir skipper. Roy est très intégré : il connait Florence Arthaud et Nicolas Hulot, a une vie de famille très équilibrée et bénéficie de l’amour de sa femme et de ses enfants. Mais à la faveur d’une merde dans sa vie, il sombre dans la dépression en 1988, prend 120 kilos et commence à passer sa vie sur le Minitel. Il n’accepte pas ses tendances homosexuelles et commence à donner rendez-vous à des hommes pour les tuer. 4 personnes meurent avant l’interpellation de Roy.

Et ce qui est dingue, c’est qu’une fois confronté aux experts, Roy s’invente une enfance malheureuse, des histoires de mère violente et d’abus en tout genre – abus qui, après enquête, n’ont jamais existé. Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.