Il n’existe pas, dans le monde, d’association qui fasse couler autant d’encre que les francs-maçons. Mondialement connus mais finalement totalement méconnus quant à leurs pratiques, les maçons alimentent tous les fantasmes et le doute plane quant à l’objectif de ce que le grand public considère souvent comme une société secrète. En réalité, les maçons sont avant tout des adhérents d’un foyer de réflexion qui pourraient tout autant s’inscrire à un club d’échec et la réalité est très très éloignée de ce que l’on projette.

Est-ce que c'est une société secrète ?

Non. Et oui. En fait c’est pas secret dans la mesure où tout le monde sait que ça existe, qu’on peut y adhérer selon certaines modalités pas si difficiles, qu’on sait à peu près ce que les francs-maçons font de leurs séances, qu’il est même possible de se rendre au siège pour visiter les loges, obtenir des explications et avoir un aperçu historique du groupe via une assez bonne muséographie, bref rien de secret. En revanche, certaines choses sont censées être secrètes, comme le rituel d’initiation ainsi que certaines vérités transmises de frère à frère. Mais c’est avant tout un décorum parce qu’en réalité quasiment tout est sur Internet.

Comment y adhère-t-on ?

Soit il faut être coopté, soit on peut écrire une lettre demandant à adhérer à l’association et l’adresser directement au siège. Chaque lettre reçoit une réponse et, en cas d’avis favorable, le processus d’adhésion est enclenchée après enquête. Ce processus passe par plusieurs étapes.

De combien est la cotisation ?

Le montant de la cotisation n’est pas connu. Il est décidé par l’assemblée générale de la Loge et identique pour tous les membres. En revanche, il existe dans beaucoup de loges des mécanismes de solidarité pour permettre à ceux qui sont moins aisés de pouvoir maintenir leur engagement. Cette cotisation n’est pas si élevée, elle sert au fonctionnement de la loge et au financement des agapes, les collations d’après tenues.

Y'a-t-il un rituel d'initiation ?

Oui. Le candidat fait l’objet d’enquêtes, c’est-à-dire qu’il rencontre à plusieurs reprises un membre de la loge où il souhaite adhérer de façon à sonder ses motivations et à vérifier qu’il se fait une idée juste de la franc-maçonnerie. Ces enquêtes font l’objet d’un rapport soumis en séance. Si les frères de la loge votent favorablement pour le candidat, celui-ci sera amené, yeux bandés, lors d’une séance. Il est alors soumis à des questions et doit observer des rites. A l’issue de cette séance, la loge vote pour savoir si elle veut définitivement entériner l’adhésion du candidat. En cas de vote favorable, le candidat se voit débander les yeux. Sinon, ciao bye bye. Le candidat, une fois devenu frère, devra garder le silence en séance pendant un an.

En quoi consistent les réunions ?

La tenue se déroule selon des rites très normés, des frères occupant des postes bien précis. Généralement, la réunion consiste en la réalisation d’un exposé sur un sujet par un des frères, suite à quoi un espace est dédié à la discussion. Les questions des frères sont rédigées par écrit et transmises et la parole distribuée. A la suite de ces réunions, généralement, les francs-maçons pratiquent une agape, c’est-à-dire une bonne grosse ripaille des familles. Il n’est pas rare, dans certaines loges, que chaque frère, à son tour, apporte une spécialité qui lui est chère pour la faire découvrir aux autres.

Tous les francs-maçons se connaissent-ils ?

Non. Il existe beaucoup trop de francs-maçons en France et dans le monde pour qu’ils se connaissent. Les francs-maçons connaissent les membres de leur loge, certaines personnalités iconiques et leur champ peut être plus ou moins élargi selon leur implication dans l’association et leurs responsabilités.

Existe-t-il vraiment des codes de reconnaissance ?

Oui, lorsque l’on se serre la main, par exemple. Mais généralement, ces codes ne sont pas utilisés. Il s’agit plutôt d’un folklore que d’une réalité conspirationniste.

Y'a-t-il un dress code ?

Oui. Les francs-maçons doivent s’habiller d’un tablier particulier et de gants blancs lorsqu’ils se réunissent. Ces articles s’acquièrent dans les boutiques spécialisées.

Quelle est la différence avec une secte ?

Dans une secte, les fanatiques se réunissent autour d’une croyance commune et décident d’organiser leur vie autour de cette croyance commune. Les francs-maçons, eux, se réunissent autour d’une envie de discuter de la société et des grands enjeux du monde, avec une forte idée philosophique et généralement progressiste. Par ailleurs, il existe autant d’obédiences maçonniques que de loges, que ce soit d’un point de vue politique, philosophique ou religieux. Il n’y a pas de vérité absolue en maçonnerie.

C'est quoi le lien avec les illuminati ?

Aucun, puisque les illuminati n’existent pas. En revanche, le fantasme des illuminati a été alimenté par les codes de la maçonnerie à des époques où ceux-ci devaient se cacher davantage en raison de l’oppression qui les guettait. C’est de là que vient la réputation sulfureuse du groupe qui tirerait les ficelles en secret.

A quoi ça sert concrètement d'être franc-maçon ?

A rien et à tout. Si l’on souhaite rencontrer des personnes intéressées à l’idée de discuter des choses du monde et de la pensée, c’est très intéressant. Si l’on souhaite élargir le spectre de ses croyances et pensées, rencontrer des gens divers, ripailler et tutti quanti, c’est aussi très intéressant. C’est aussi un bon moyen de faire du réseau, on ne va pas se la cacher, mais pas davantage qu’un club d’échecs ou de badminton. Et le prestige social joue, également. Mais à part ces données, la franc-maçonnerie prend du temps, de l’argent et n’est pas à proprement parler un truc utile.

Pourquoi Le Point fait sa couv sur le sujet tous les trois mois ?

Pour les mêmes raisons qui expliquent pourquoi vous avez cliqué sur cet article : c’est mystérieux, donc ça intéresse les gens.

Pourquoi on n'a pas le droit de dire ouvertement qu'on est franc-mak ?

On a tout à fait le droit de le dire ouvertement. Ce n’est absolument pas interdit. En revanche, il est interdit d’outer un franc-maçon qui n’aurait pas révélé son appartenance au groupe. Par contre, il est tout à fait possible de parler d’un franc-maçon déclaré. Ce culte du secret est un héritage d’une époque où les francs-maçons étaient persécutés. Aujourd’hui, il est caduque.

Est-ce que ce sont vraiment des maçons à la base ?

Oui. L’origine des francs-maçons remonte au XVII° siècle. L’organisation visait avant tout à partager des secrets entre personnes qui travaillent dans le bâtiment. D’où le nom.

A quand remonte cette tradition ?

Au XVII°, donc, d’abord en Ecosse, puis un peu partout en Europe et dans le monde.

Sont-ils vraiment tous francs, ou y-a-t-il quelques faux-culs dans la bande quand même ?

Il y a pas mal de faux-culs dans la mesure où ça brasse énormément de monde, beaucoup plus qu’on ne pourrait le penser.

Pourquoi ne sont-ils pas passés euros-maçons en 1999 comme tout le monde ?

Par atavisme.

Quels sont les pays avec le plus de franc-maçons ?

On estime que les maçons sont 4 millions dans le monde. Ils étaient le double en 1950. Les maçons sont particulièrement actifs en France et aux Etats-Unis.

Peut-on démissionner ?

Tout à fait. On peut décider quand on veut d’arrêter de venir ou de démissionner formellement. Personne ne viendra vous abattre, ce n’est pas la mafia.

Peut-on être viré ?

Egalement. Un frère qui raterait trop de séances ou ne s’acquitterait pas de ses cotisations serait dégagé d’office. De même qu’un frère tenant des propos trop éloignés des valeurs défendues par la loge.

Marilyn franc-Manson.

Source : Grande Loge de France