C'est l’événement sportif numéro UN en France, et l'un des plus populaires du monde. Les amateurs se pressent chaque année sur les routes de France pour voir passer à pleine vitesse des centaines de beaux mollets et de bronzages douteux sur les départementales. Mais ce n'est pas parce que c'est gratuit que le spectateur du Tour n'a pas de devoirs : il fait partie intégrante du spectacle offert par le dispositif de France Télévisions et le charme du Tour, c'est avant tout son public. Les coureurs passent, se font gauler par les agences anti-dopage, finissent leur carrière, mais les bords de routes grouillent sans cesse d'encouragements et de casquettes tombées de la caravane. Petit guide du spectateur responsable.

  1. Faire un truc spectaculaire pour les hélicos de France 2
    Un vélo en bottes de foin, une pyramide humaine, un cercle de culture... n'importe quoi pourvu qu'une vue aérienne ouvre les portes de la gloire à votre commune. Une étude récente montre qu'une telle initiative pèse lourdement dans le choix d'une décision touristique : "On n'irait pas à Saint Machin sur Bidule cet été? Ils ont fait un Gérard Holtz géant en maïs!"
  2. Accompagner les coureurs dans l'effort
    Courir comme un dératé dans les côtes aux côtés des meilleurs grimpeurs pourrait vous valoir de vous faire traiter d' "abruti" par un consultant qui a gagné deux étapes dans les années 60. L'alternative, c'est bien sûr de tracer avec votre VTT sur la voie annexe. Si vous pouvez le faire à cheval, c'est encore mieux.
  3. Encourager tout le monde
    Encourager les échappés, puis leurs poursuivants. Soutenir les lâchés en queue de peloton et dire aux directeurs sportifs de ne rien lâcher. Le public du tour a des leçons de fair-play à donner au monde entier.
  4. Faire péter un costume
    Le classique reste Le Diable, mais pour passer inaperçu (si par exemple vous êtes censé être au boulot et que vous craignez que votre patron tombe sur vous dans le résumé du Vélo-Club...), un déguisement de campeur d'autrefois, sandales plastiques, bob et t-shirt publicitaire, devrait faire l'affaire.
  5. Être équipé
    La glacière dans le coffre, le poste de radio voire la télé portable, vous voilà prêt à suivre les enjeux de cette étape, parce que d'où vous serez, vous ne verrez finalement qu'une bande de types aux jambes rasées passer à 60 à l'heure devant vous. C'est un peu léger pour analyser les stratégies d'équipe.
  6. Perpétuer une culture du bon mot
    "Baisse la tête, t'auras l'air d'un coureur" ou "Attention, y'a ta chaine qui se dégonfle" sont autant de classiques qui entretiennent la bonne humeur au sein du peloton. N'hésitez pas à renouveler ces saillies en fonction de l'actualité, avec "Hé, t'as mangé un steak chez Contador?", toujours hilarant.
  7. Pronostiquer l'issue de l'étape
    Le spectateur du Tour est connaisseur, il sait que le succès des échappés dépend d'une équation complexe : (Minutes d'avance) / (Dizaines de kilomètres avant l'arrivée) + (classement du meilleur échappé au général)² x (nombre de contre-la-montre restant à disputer) - (nombre de Français dans le groupe d'échappés, sauf le 14 juillet) = Indice de succès. Les cyclistes sont avant tout des matheux, ça se lit sur leurs visages.
  8. Choisir LE spot stratégique
    L'objectif étant de se voir le soir en revisionnant l'étape, préalablement enregistrée. Ne pas se poster dans une descente, mais préférer le sommet d'une cote, un point de ravitaillement ou un goulot propice à une chute massive. Avec un peu de bol, c'est vous qu'on verra (habillé en diable) remettant en selle un coureur aux genoux écorchés et le poussant en lui gueulant des encouragements en kazakh dans l'oreille.
  9. Connaître le régional de l'étape
    Vous n'en avez jamais entendu parler jusqu'ici, mais ce petit gars de 21 ans aurait gagné deux ou trois critériums dans le département cette année. Il aurait été au collège à moins de 40 kilomètres de chez vous. Voilà qui suffit à en faire votre meilleur pote pour l'après-midi et à l'appeler par son prénom. Voire à le peindre sur la route.
  10. Récupérer un bidon
    Trophée ultime du bord de route, le bidon balancé par le coureur au mépris des règles élémentaires de tri des déchets en vigueur dans à peu près tous les pays développés sera collecté, ramené au bureau mais JAMAIS lavé. Sait-on jamais, votre trésor pourra devenir une pièce à conviction en cas de contrôle positif de votre champion.

Et vous, vous avez passé une journée dans un fossé cet été?