Alors qu'on approche les 500 jours sans gouvernement, le père Elio semble bien décidé à trouver un accord et une équipe pour gouverner les moutons anarchistes que nous sommes, nous, les Belges. Aurions-nous bientôt un gouvernement ? Soyons fous, l’espoir est permis ! Mais bon, quand même, on s’y est habitué, nous, à ne pas être gouvernés… Alors voilà 10 bonnes raisons pour lesquelles finalement, rester sans gouvernement, c’est une situation qui nous convient bien :

  1. Parce que ça ne nous arrive pas souvent d’être les champions du monde de quelque chose : on peut être fier, on a battu l’Irak à plates coutures. Ils ne sont restés que 289 jours sans gouvernement, eux. Nous, on a dépassé ça il y a belle lurette. Mais bon, continuons à creuser la distance pour être sûrs que personne ne nous rattrape.
  2. Parce que chaque fois qu’on a un politicien qui arrive à gouverner un peu ce pays, une institution internationale nous le pique : on appelle ça une fuite des cerveaux, les gars. Herman Von Rompuy pour présider l’Europe, Leterme pour le caser à l’OCDE. On est un peu étonné : un gars qui chante La Marseillaise quand on lui demande d’entonner l’hymne belge, on pensait le garder chez nous. Mais faut croire qu’il a gagné du galon grâce à ses compétences en rodéo sur siège éjectable.
  3. Parce que le monde entier, maintenant, connait la Belgique : bon, ça veut pas dire que nos amis américains (ou les autres …) savent nous situer sur une carte, mais au moins, ils ont appris que dans l’expression « Belgian waffle », Belgian, c’est pas une marque déposée. Non monsieur, c’est un pays. Ingouvernable même, le premier roi le disait déjà.
  4. Parce que sans gouvernement, on gère « la crise » beaucoup mieux que plein de pays qui ont un gouvernement, eux : au dernier trimestre, on a même eu de meilleurs résultats économiques que la France ou l’Allemagne. A croire que la crise évite de trop rentrer dans notre pays, parce qu’après tout, on a déjà pas mal de soucis. Ou alors parce que l’équipe « en affaires courantes » n’a pas les pouvoirs de décider de lancer des initiatives coûteuses ou une politique d’austérité qui nous jetterait finalement dans les rues.
  5. Parce que ça nous permet d’inventer des noms rigolos pour nos manifs : comme elles ne servent à rien parce que ça ne fait pas avancer le schmilblick et puis que surtout personne n’y va car souvent il pleut, on en fait des évènements rigolos. Les plus créatifs d’entre nous ont eu l’idée de faire « La révolution de la frite », « Ceci n’est pas un pique-nique », « No Government, Great country », ou bien ont lancé des idées comme notre Benoit Poelvoorde national, qui a proposé aux hommes de ne pas se raser jusqu’à ce qu’on ait un gouvernement.
  6. Parce que ça nous permet d’améliorer notre anglais : chez nous, on a trois langues nationales (français, allemand, néerlandais) mais quand il s’agit d’organiser une manif, on préfère lui donner un nom anglais pour que tout le monde (voir au-dessus). Franchement, un titre en trois langues, ça donnerait rien sur les banderoles, ce serait franchement illisible. Comme les francophones ont « une incapacité intellectuelle à apprendre le néerlandais » et que les Flamands en ont marre de faire des efforts pour parler français aux fainéants wallons, on a trouvé une solution pour communiquer : l’anglais.
  7. Tant qu’on n’a pas de gouvernement, on ne peut pas se séparer : CDFQ. La répartition de la dette belge est un des plus gros obstacles à la séparation. Il y a au moins quelque chose qui nous tient...
  8. Parce que ça va enrichir le dictionnaire de la langue française : le Roi a épuisé toutes les rimes en "–eur" tant il a dû trouver des noms différents pour tous les hommes politiques qu’il a chargé de former un gouvernement : informateur, formateur, démineur, explorateur, facilitateur, rapporteur… Il est à bout des ressources du dictionnaire, et va devoir être inventif. Dans le Petit Robert 2013, la Belgique aura largement participé à l'effort de guerre.
  9. Parce que ça donne du grain à moudre aux médias : si ça peut nous éviter pour la fin d'année les reportages sur Halloween, et les fêtes de fin d’année, tout en nous donnant un bétisier récent et très riche...
  10. Parce que mine de rien, il y a plein de gens qui nous envient : souvent quand on parle de la situation belge aux amis français, ils nous disent : « eh bien, si vous voulez un gouvernement, prenez le nôtre ! ». Non merci, on préfère les clowns qui peuplent notre scène politique aux vôtres: ils sont aussi plus discrets en matière de gaudriole.

Et vous, vous en voyez d'autres ?

Top écrit par Zigo_