Vous connaissez certainement le mot « utopie » décrivant une société imaginaire idéale dénuée de tout défaut. Mais connaissez-vous les dystopies ? Car c’est davantage ce type de fictions qu’on rencontre au cinéma et dans les séries. La dystopie est une contre-utopie dépeignant une société où il est impossible d’atteindre toute forme de bonheur (exemple : un monde où tu peux pas manger de burger OH NON ÇA CE SERAIT VRAIMENT L’ENFER SUR TERRE). Parmi les classiques du genre on peut citer Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley, 1984 de Georges Orwell ou encore plus récemment Soumission de Michel Houellebecq mais aussi le sympathique récit de Margaret Atwood La servante écarlate dont a été adaptée la géniale série qui motive la rédaction de ce top gonflé d’admiration. Et surtout gonflé de désir.

Elisabeth Moss est définitivement géniale

Après À la Maison Blanche, Madmen et Top of the Lake, on se réjouit de retrouver enfin notre Peggy Olson tant aimée dans ce rôle sombre où elle illustre à merveille la docilité de l’esclave et sa rébellion progressive, totalement désappropriée de son corps dans une société où les femmes sont rendues à l’état de pondeuses. Malheureusement ça n’empêche pas l’actrice d’être membre de la scientologie. Un peu paradoxal mais bon allez, c’est pas grave.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

C'est une sensibilisation au féminisme

Parce qu’on se trouve dans un récit d’anticipation, où les femmes ne possèdent plus aucun droit. Les allers-retours dans le passé permettent ainsi de saisir comment la société américaine se transforme en dictature. Un groupuscule religieux extrémiste appelé « Les Fils de Jacob » renverse le gouvernement et met en place un régime totalitaire où seuls les hommes sont aptes à décider et où les femmes sont rangées en quatre castes: les Épouses (femmes des commandeurs, habillées en vert), les Marthas (gouvernantes de la maison), les Servantes (dernières femmes fertiles destinées à se reproduire avec les commandeurs, habillées en rouge) et enfin les Tantes (sorte de kapos des temps modernes qui forment les Servantes à leurs nouvelles fonctions). En suivant le personnage d’Offred (Elisabeth Moss), on découvre cette nouvelle société où l’espace de liberté de la femme est réduit à néant. C’est là que réside tout l’intérêt de la série où s’illustre une forme de fascisme sous l’angle exclusif de la domination masculine.

Pour porter un regard différent sur les réfugiés à travers le biais de la science-fiction

Comme dans n’importe quel régime totalitaire, il y a une forme de résistance qui se génère. Si l’on en sait encore peu à la fin de cette première saison sur les organisations résistantes, on sait toutefois qu’elles existent ce qui donne l’occasion de découvrir le statut de réfugié dans l’eldorado canadien. Modèle d’ouverture et d’humanisme. Une scène particulièrement émouvante montre ainsi comment une ancienne prisonnière de la république de Gilead se trouve accueillie en Ontario et reçoit argent, vêtements propres, carte de sécurité sociale et carte d’identité. Une petite leçon à prendre peut-être ?

C'est un pamphlet contre l'état d'urgence

Sous couvert de menaces terroristes et de pollution rendant la majorité des femmes infertiles, l’état d’urgence s’impose. Afin de protéger sa population féminine on lui enlève donc son accès au travail, puis à son compte en banque, puis à toute forme de citoyenneté. Or, si la révolte met du temps à aboutir c’est justement sous la pression de cette mesure gouvernementale censée protéger la nation. Et quand on capte enfin qu’on est foutu, il est déjà trop tard.

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L'auteur du roman participe à la conception de la série

Margaret Atwood est en effet productrice de la série et consultante sur tous les éléments de l’histoire qui s’écartent du roman initial. Bref c’est plutôt bon signe quand l’auteure de l’histoire d’origine participe à son adaptation.

Parce qu'elle offre une réflexion sur la maternité (à double tranchant)

Une réflexion qui s’inscrit tout à fait dans la lecture féministe qu’on peut faire de ce récit. La question de la maternité est naturellement centrale dans la série, puisque celle-ci est obligatoire et passe par un viol ritualisé commis par les commandeurs sur leurs servantes. Or dans le cas d’Offred, on assiste d’un côté à sa maternité passée, consentante, avec la fille qu’on lui a retirée, et d’un autre côté la maternité qui lui est imposée et incarne la soumission de la femme à l’homme. Mais sinon, je vous assure c’est golri comme série, si, si.

C'est un appel à la liberté, à la résistance BREF c'est une incitation à se battre pour ses droits

La question de la résistance s’immisce progressivement dans le synopsis. Offred joue d’abord le jeu de ses maîtres sans jamais émettre le moindre début de commencement de révolte. Puis elle finit par mettre à profit son statut christique de femme fertile pour prendre l’avantage sur ses oppresseurs. Parce que la résistance, malgré le récit historique que nous sommes habitués à apprendre, n’est pas toujours frontale les armes aux poings, elle est lente et pleine de compromis. Eh ouais ma gueule.

Elle nous incite à être plus vigilants (parce qu'on n'est jamais loin d'un retour à l'autoritarisme, YAY)

Encore une fois c’est là que réside toute la force de la série. Alors que les premiers épisodes semblent un peu caricaturaux, on a du mal à croire à cette société dans un futur si proche, on se dit que ce n’est pas possible qu’un tel truc n’arriverait jamais etc. Et puis de fil en aiguille on saisit progressivement comment une société a priori libre peut se retrouver menottée. Nous sommes tellement habitués à posséder nos plein droits qu’on ne songe pas à les défendre bec et ongles quand ils sont remis en question. La série nous montre à quel point nous sommes en fait assez vulnérables et que la notion de liberté peut être à géométrie variable si on n’y prend pas garde. Même si ce n’était pas prévu, ce n’est pas forcément un hasard si la série sort dans un pays dirigé par un guignol, non ?

C'est un récit intemporel qui rappelle l'obscurantisme passé, présent et futur

Encore une preuve qu’on a affaire à une dystopie réussie. Le livre date d’une trentaine d’années et pourtant il résonne parfaitement à notre époque. La république de Gilead pourrait très bien être une république djihadiste et les servantes, les mêmes femmes rabaissées au rang d’esclaves sous l’État islamique. L’obscurantisme traverse toutes les époques et ses ambassadeurs imposent toujours leur pouvoir par la tyrannie au nom d’une morale sacro-sainte qui ne préserve que leurs propres privilèges.

Ça m'a l'air quand même plus réussi que le film de Volker Schlöndorff bordel

La première saison qui s’est maintenant terminée se basait intégralement sur le roman, la suite sera donc parfaitement inédite, et on a diablement hâte de la découvrir en 2018.