Que vous soyez cinéphile ou non, vous savez qu’au mois de mai, vous n’allez pas couper à l’avalanche médiatique de Cannes, marronnier incontournable entre les régimes et les allergies. Si vous êtes de bonne humeur, vous allez vous promettre d’aller voir ce petit film hong-kongais qu’on dit bouleversant de lenteur, si l’une des 4 copies disponibles pour la France est livrée dans 6 mois dans un cinéma d’art et essai à moins de 100 kilomètres de chez vous. Et si vous êtes de mauvaise humeur, vous allez louer un American Pie pour ne plus voir le défilé de l’intelligentsia du « cinéma de qualité » se pavaner dans un luxe indécent. Parce que ça commence à bien faire le festival de Cannes et on a de très bonnes raisons de vouloir y mettre fin.

Une compétition avec des films que personne n'a vu : POURQUOI ?

A moins d’être invité au festival. Pour le commun des mortels, les films primés seront visibles dans plusieurs mois et pas partout. Difficile dans ce cas d’être très impliqué dans « la compétition ». D’autant plus que personne n’ira les voir non plus après. Oui c’est la triste vérité.

Les vrais films sont présentés "hors compétition"

Rarement la distinction entre « bon cinéma » et « cinéma populaire » n’aura été si explicite. Prenons un film capable d’amener les médias, de susciter l’intérêt du public, mais qui ne mérite pas d’être mis au même rang que les films en compétition. Ensuite, on file un prix à réalisateur taïwanais pour que Cannes conserve sa carte de festival « exigeant ». Ce n’est pas très cohérent, mais c’est le prix à payer pour continuer d’exister.

C'est désormais le lieu où se pavanent des influenceurs sous-mentaux qui n'ont rien à foutre ici

J’ai rien contre Poupette Kenza mais bon : qu’est-ce qu’elle fout ici ? OK ça fait longtemps que l’aspect bling bling et « glamour » du festival a surpassé l’aspect purement cinéphile mais si des meufs rendues célèbres par leur crise de chialade partagées sur les réseaux foulent le tapis rouge, je vois pas pourquoi mon plombier pourrait pas squatter aussi, et il a un beau sourire.

Un prétexte pour le scandale

On sait très bien que les spectateurs ne regardent que dans l’espoir d’un nouveau scandale. Honnêtement, tout ce qu’on se souvient du Festival de Cannes 2005, c’est le sein de Sophie Marceau. Cette année ? Johnny Depp post procès avec Amber Heard, what else ?

On en peut plus de voir à chaque fois les films de Ken Loach et Kaurismäki

C’est super de se dire qu’à Cannes, on voit certains réalisateurs boudés tout le reste de l’année par l’ensemble de médias. Mais quand on voit chaque année Ken Loach, Pedro Almodovar et Lars Van Trier, et un coup sur deux Aki Kaurismäki, on peut se demander si le festival ne tourne pas un peu en rond. Ou s’il ne serait pas urgent que Thierry Frémaux se fasse de nouveaux potes pour qu’on puisse caresser l’espoir d’ouvrir notre champ culture.

Le cinéma, une discipline (un peu) trop récompensée

Les Césars, les Oscars, les Golden globes… Ça va bien maintenant, on sait que le cinéma c’est chouette. Pourquoi les autres arts n’ont pas la même exposition ? Une compétition de peinture ou de théâtre dans une station balnéaire avec des plateaux de Canal+ en direct, ce serait déplacé ? REPONDEZ.

Des fêtes auxquelles vous n'êtes pas invités

Peu d’évènements sont autant associés à des fêtes luxueuses et select d’un autre temps, fantasmes de pratiques orgiaques à base de poudre et de champagne. Venir à Cannes sans se retrouver au petit matin, perdu sur la croisette en smoking sans le moindre souvenir de ce qu’il s’est passé au cours des 12 dernières heures, c’est rater son festival.

T'es une fille et t'as pas de talons ? Tu dégages.

C’est littéralement ce qui est arrivé à une actrice handicapée qui s’est fait refouler parce qu’elle ne pouvait porter que des baskets. Ce serait presque risible si c’était pas pathétique.

Des médias qui vivent beaucoup trop au rythme du festival

Plateau sur place, images de la montée des marches tous les soirs, l’insistance oppressante des médias à nous donner du rêve est chaque année plus insupportable. Des envoyés spéciaux qui galèrent pour ânonner le nom d’un réalisateur thaïlandais ou d’une actrice indienne en insistant sur le fait que l’un et l’autre sont très attendus. FERMEZ LAAAAAAAA.

Faudrait se détendre sur cet escalier. C'est juste un escalier quoi.

Parce que le moment fort du festival, ça reste quand même des gens qui montent des marches, pendant des heures. Alors, ok, ce sont de jolies marches, bien propres et tout, y’a un beau tapis rouge. M’enfin bon. C’est un escalier et un tapis rouge quoi. Est-ce qu’entre nous on s’en taperait pas un peu le cul ? Est-ce qu’on aurait fait la même histoire pour une poutre recouverte d’un rideau beige par exemple ? Non.

Le mois de mai = le pire des mois pour aller s'enfermer au cinoche

En mai, vous avez l’habitude de faire des ponts, de manifester, de pique-niquer. Vous regardez aussi Roland Garros et vous vous préparez pour l’Euro, ce qui est, quelque part, une activité de plein air, même si vous faites tout ça depuis votre canapé. Aller au cinéma ? je suis désolée mais c’est pas du tout le moment.

Thierry Frémaux est en train de péter une pile

Déjà le gars est délégué général du festival depuis plus de 15 ans. Quand on lui évoque l’affaire de Johnny Depp contre Amber Heard, il dit de pas avoir été au courant . Ensuite il se prend la tête avec un flic parce qu’il roule en trottinette sur un trottoir en mode chacal de la vie et qu’il accuse le policier de l’avoir agressé. On va se détendre Thierry.

Cannes est vraiment une ville pourrie

On aurait du commencer par ça. Une ville avec des vieux riches à la peau cramée par une surexposition au soleil et des chiens qui font la taille d’un rat, des plages à 99% privatisées par des hôtels de luxe et 17% de la population qui a voté Zemmour au premier tour (et 24% Le pen), selon moi c’est une ville qui pue du slip.

Allez venez, on va plutôt aller au festival d’Aurillac, plus de pétards, moins de cheveux décolorés (quoique).