Vous l’avez encouragé à exprimer sa créativité, vous lui avez répété qu’il était un génie : bravo, grâce à vous, on tient le prochain champion de la croûte très chère. En tout cas, visiblement, c’est ce qu’il croit.

Il a (un peu) pris le melon.

Quand il tend sa dernière oeuvre, c’est du bout des doigts avec un air faussement modeste, et il reste très stoïque quand vous le complimentez. En revanche, il n’hésite pas à taper un scandale quand il trouve une de ses créations en rouleaux PQ dans la poubelle.

Ce qu'il propose, c'est un nouveau regard sur les choses.

Avec lui, sa mère a de la barbe (alors que non, pas du tout), les gens ont des bras qui sortent directement des oreilles (un tronc ? Mais pour quoi faire ?), et il fait un vrai travail pour brouiller les échelles (= les immeubles ont la taille des habitants, c’est pas pratique, mais très bien vu).

Il expérimente des procédés inédits.

Peinture sur petit frère, sculpture de croûtes nasales, modelage de selle, mais pas celle sur laquelle on monte, malheureusement.

Il s'applique beaucoup, alors qu'on dirait que non, à la fin.

C’est un peu comme l’âge des chiens, il faut multiplier par 7 pour déterminer combien de temps il y a réellement passé, par rapport à ce qu’on voit. Sauf quand il vous rend une feuille avec juste un point au milieu, parce que là ça veut dire qu’il se fout de votre gueule, c’est tout.

Il se vexe quand vous accrochez son dessin à l'envers.

C’est vrai quoi, Mamie avec la tête en bas sur la porte du frigo, on est d’accord avec lui c’est franchement moyen.

Il se vexe ENCORE PLUS quand vous lui demandez ce que c'est.

En même temps on le comprend, imaginez que vous avec tricoté un pull en laine et qu’on vous dise : « C’est mignon, c’est quoi ? »

Il refuse de donner ses sources d'inspiration.

Quand vous lui demandez, émerveillés, comment lui est venue l’idée, où il va chercher tout ça, quelles ont été les étapes principales de sa réflexion et pourquoi il a voulu dessiner ça, il répond « Parce que » en se décrottant le nez.

Il déteste qu'on le copie.

Le petit Oscar en sait quelque chose, le travail d’un artiste ça se respecte, point (de suture).

Il s'affranchit super bien des contraintes matérielles.

Sa démarche créative, ça semble de montrer que les feuilles A4 c’est pour les faibles. Et aussi de militer pour qu’on ne dise pas « dégrader volontairement les murs du salon » mais « intégrer l’art au quotidien pour que l’infime côtoie le sublime. »

Il a tout le temps l'air défoncé, alors qu'il ne fume pas.

La dernière fois il a dessiné un avion qui mange une glace avec un arbre en jupe qui pleure parce qu’il a oublié son bébé chat dans une cabane en nuage, et il vous a juré qu’il n’a pas touché au petit-morceau-marron-qui-ressemble-à-du-chocolat, rangé dans la boîte tout en haut de l’étagère.

La prochaine étape, c’est qu’il vous vende ses oeuvres, on vous aura prévenus. En attendant, gardez-en quand même quelques unes de côté, on ne sait jamais, un jour ça peut peser.