Les années 2010 auront été marquées par tout un tas de trucs moins ou moins réjouissants, entre Brexit, élection de Trump, vague d’attentats, crise climatique et guerre en Syrie. Mais pire que tout ça, il y a les meurtriers, les tueurs, les affreux jojos qui, tout au long de la décennie, n’ont eu de cesse de distiller leur savoir-faire, alternant crimes sordides et mystères insolubles pour le plus grand plaisir de Christophe Hondelatte.

Tony Meilhon, rencontre fatale pour Laëtita Perrais (2011)

Tout début 2011, on retrouve le corps affreusement mutilé de Laëtitia Perrais près de Pornic. Cette jeune fille de 18 ans a été étranglée, poignardée et démembrée. Rapidement, les enquêteurs établissent la culpabilité de Tony Meilhon, un ancien détenu que la justice n’a pas encadré comme elle le devait faute de moyens alloués aux services judiciaires et sociaux. Immédiatement, on en revient à la rengaine habituelle : les tenants d’une ligne pénale dure hurlent au laxisme de la justice quand les magistrats, eux, réclament des moyens pour pouvoir faire correctement leur travail et se mettent en grève. Condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, Tony Meilhon est retourné en prison.

L'affaire Dupont de Ligonnès (2011)

Est-il encore utile de raconter l’affaire de Ligonnès ? Un père de famille nantais, sans histoire mais ruiné, décide d’éliminer méthodiquement tous les membres de sa famille et jusqu’à son fils qui étudie ailleurs en trouvant un prétexte pour le faire revenir. Une invraisemblable histoire de protection de témoins de la DEA pour justifier une fuite qui est en fait un meurtre. Des cadavres sous la terrasse. Une cavale de 9 ans. Est-il mort ? Est-il caché au Mexique ? Allez savoir.

La tuerie de Chevaline (2012)

En septembre 2012, un cycliste britannique de 53 ans est en train de faire une petite promenade à vélo aux alentours du lac d’Annecy, quand il tombe nez à nez avec ce qu’il pense être un accident de voiture : une petite fille titube au milieu de la route et un cycliste est étendu au sol, mort, près d’une voiture dont le moteur tourne toujours. Dans la voiture se trouve la famille Al-Hilli, des anglais d’origine irakienne – ou plutôt ce qu’il en reste. Tous les membres de la famille ont été criblés de balles. Tous, sauf une petite fille, cachée dans la voiture. Pour les gendarmes, pas de doute, il s’agit d’une exécution réalisée par un professionnel. Mais quel est le mobile ? Espionnage industriel ? Action des services secrets ? Et pourquoi le cycliste a-t-il été tué ? A moins que ce ne soit l’oeuvre de… NORDAHL.

L'affaire Fiona (2013)

Un avis de recherche diffusé partout pour retrouver Fiona, petite fille déclarée perdue par sa mère le 12 mai 2013 à Clermont-Ferrand. Les services de police et de gendarmerie se lancent alors à la recherche de la petite fille. Mais quatre mois après le début des recherches, la mère avoue la vérité : la petite Fiona n’a pas disparu, elle a été battue à mort par ses parents, des toxicomanes qui ne se souviennent plus de l’endroit où ils l’ont enterré. Aujourd’hui encore, le corps reste introuvable.

La disparition du Malaysia Airlines (2014)

Il devait rallier Kuala Lumpur à Pékin, mais il n’est jamais arrivé à destination. Le 8 mars 2014 à 1h19, le Boeing 777 de la compagnie Malaysia Airlines envoie son dernier message : « Bonne nuit, Malaysia 370 ». Puis le transpondeur est coupé et l’avion disparaît des écrans radars. L’avion a tout simplement disparu, une information confirmée par la compagnie aérienne une heure après son heure d’arrivée théorique. 239 personnes ont ainsi totalement disparu. Incident technique, crash, détournement, acte terroriste… On ne cessera de pérorer au sujet de cette disparition sans jamais pouvoir établir une hypothèse avec certitude. Des débris de la carlingue ont été retrouvés à la Réunion mais leur analyse n’a pas permis de tirer de conclusion définitive.

L'assassinat d'Eva Bourseau (2015)

Un soir dété de l’année 2015, Eva Bourseau, une étudiante de 23 ans, est assassinée par trois autres étudiants dans son appartement de Toulouse. Pour faire de l’oseille, Eva Bourseau dealait un peu de drogue et s’était retrouvée à devoir plusieurs milliers d’euros à une sorte de parrain local, un ancien étudiant en école de commerce à la tête d’un petit réseau. Drogués, les portes-flingues se seraient livrés à un véritable jeu de massacre avant d’essayer de faire disparaître le corps de leur victime en le plongeant dans de l’acide chlorydrique, comme dans Breaking Bad. Personne n’avait d’antécédents judiciaires. Maintenant, si.

Le "suicide" d'Andreas Lubitz (2015)

Le 24 mars 2015, Andreas Lubitz, un copilote de la compagnie aérienne Germanwings, décide de crasher son avion qui devait faire la liaison entre Barcelone et Düsseldorf dans les Alpes françaises. Son suicide entraîne la mort des 144 passagers et des 6 membres d’équipage. Après avoir drogué les consommations du pilote pour s’assurer qu’il irait aux toilettes, Lubitz verrouille le cockpit de l’intérieur, empêchant le pilote de regagner la cabine. Depuis le 11 septembre 2001, les avions de ligne disposent en effet d’un système empêchant complètement l’ouverture des portes du cockpit aux personnes extérieures afin d’éviter que des terroristes ne puissent prendre les commandes d’un avion en vol. Et Lubitz de crasher l’avion tranquillement pendant que le pilote et les membres d’équipage s’échinent, en vain, à essayer de défoncer la porte. Lubitz était dépressif et probablement bipolaire. Il avait déjà réalisé des tentatives de suicide. Les experts s’accordent à dire qu’il ne s’agissait pas pour lui de se suicider en faisant des victimes collatérales, mais bien de tuer tout le monde : son acte s’apparente davantage à une tuerie de masse type Columbine qu’à un suicide élargi. Le pire, c’est qu’un pilote avait prédit qu’un tel cas pourrait se produire quelques mois avant le drame.

Le meurtre d'Alexia Daval (2017)

Le 28 octobre 2017, Alexia Daval disparaît. Cette jeune femme de 29 ans était partie faire un jogging et n’est jamais rentrée. Son mari, Jonathann, signale sa disparition aux autorités. On retrouve le cadavre calciné d’Alexia trois jours plus tard. Mais les recherches sur un éventuel rôdeur de donnent rien et l’enquête s’oriente vers la sphère familiale. Jonathann Daval joue les maris éplorés à la télévision, mais plusieurs témoignages laissent entendre que le couple battait de l’aile. L’analyse des SMS échangés entre les deux époux montre qu’Alexia reprochait à son mari son infertilité, voire son impuissance, dans un climat de détestation mutuelle violent et humiliant. Daval, lui, essaie d’orienter les enquêteurs sur la piste d’un complot dont les têtes pensantes seraient le frère d’Alexia. Finalement interpellé en janvier 2018, Jonathann Daval finit par avouer le meurtre de sa femme après 30 heures de garde à vue. Un drame qui s’ajoute à la longue liste de féminicides répertoriés chaque année et qui permettra de mettre le sujet sur le devant de la scène médiatique et politique.

Nordahl Lelandais (2017)

En août 2017, la petite Maëlys, 9 ans, disparaît de la salle des fêtes de Pont-de-Beauvoisin, en Savoie, où elle célébrait un mariage avec ses parents. Peu avant, on a vu Nordahl Lelandais, l’un des invités, discuter avec la petite et lui montrer des photos de ses chiens.

La suite est logique : seul suspect, Nordahl Lelandais est mis en examen pour « enlèvement et séquestration » suivi de meurtre. Pas de preuve, mais un faisceau : Lelandais a mis son portable en mode avion à 2h46, soit une minute après la disparition de Maëlys. A 2h47, une voiture du même modèle que celle de Lelandais est filmée par une caméra de surveillance dans le centre-ville. On distingue la silhouette d’une petite fille vêtue d’une robe blanche sur le siège passager. A 3h24, la même voiture est filmée en sens inverse, mais le conducteur est seul dans l’habitacle, cette fois-ci. Les enquêteurs retrouveront des traces ADN de Maëlys sur le tableau de bord de la voiture, malgré le ménage façon récurage effectué par Lelandais le lendemain. Acculé, Lelandais finit par avouer le meurtre au terme d’un interrogatoire très long. Mais ce n’est pas fini : peu à peu, on se rend compte que Lelandais pourrait être l’auteur de plusieurs meurtres, voire de plusieurs dizaines de meurtres non élucidés dans la région ou ailleurs. Plusieurs enquêtes sont ainsi rouvertes et l’emploi du temps de Lelandais vérifié pour chacune d’elles. Un travail titanesque qui a permis de mettre Lelandais en examen pour le meurtre du caporal Arthur Noyer en attendant d’autres avancées.

L'arrestation de Guy Joao (2019)

Probablement le plus grand ratage de l’année et un ascenseur émotionnel judiciaro-médiatique absolument phénoménal. Un soir, la nouvelle tourne sur tous les médias : la police écossaise a mis la main sur Xavier Dupont de Ligonnès. Le meurtrier, en cavale depuis 2011, a été confondu par ses empreintes digitales après une dénonciation anonyme alors qu’il s’apprêtait à passer les contrôles à l’aéroport. Méconnaissable, de Ligonnès vivait depuis 8 ans une vie de patachon, insoupçonnable. Et pour cause, car l’individu arrêté à Glasgow n’était pas DU TOUT Xavier Dupont de Ligonnès mais un type aux empreintes digitales vaguement ressemblantes à celle du meurtrier. Vraiment très vaguement : pour commencer, l’homme en question avait 15 ans de plus que Ligonnès et seulement 9 doigts. Surtout, il était marié et connu dans sa communauté où il résidait depuis bien avant le massacre de Nantes. Bref, c’était pas lui mais un certain Guy Joao, victime collatérale de cette affaire invraisemblable qui nous aura beaucoup fait rire.

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