Je crois que rien ne peut décrire l’horreur des expérimentations nazies. Rien. Vraiment rien.

L'expérience de Hirt à la faculté de Strasbourg

August Hirt, anatomiste allemand basé à Strasbourg et gueule cassée terrifiante de la Première guerre mondiale, avait une obsession : trouver une manière de différencier à coup sûr un Juif d’un non Juif pour pouvoir procéder à un génocide dans les règles sur le front de l’Est. Il avait pour ce faire besoin d’un grand panel de Juifs afin d’en étudier les caractéristiques communes, notamment squelettiques. Et c’est là que ça devient très très intéressant. Car Hirt voulait être sûr que les cadavres dont il bénéficierait soient frais, en bon état. Il a donc fait le trajet jusqu’à Auschwitz où, avec l’aval d’Himmler, il a choisi 90 Juifs venus de toute l’Europe et les a faits transférer vers un camp situé en France occupée, en Alsace. Ensuite, une chambre à gaz a tout spécialement été aménagée dans ce camp pour que les 86 Juifs rescapés du voyage (on en avait perdu 4 en route, morts d’épuisement dans le train) soient méthodiquement assassinés et leurs corps envoyés aussitôt à la fac de Strasbourg. Là, ils étaient plongés dans le formol, disséqués, enfin tout ce qu’il fallait pour satisfaire à ce rêve fou d’essayer de trouver un trait commun à une race qui n’existait pas puisque les races humaines n’existent pas.

Le pire, dans cette affaire, c’est que Hirt avait une autre idée en tête : persuadé qu’aucun Juif ne survivrait à la guerre, il voulait constituer une collection d’os juifs pour pouvoir témoigner dans le futur de l’existence passée de cette espèce disparue, comme certains musées le faisaient des dodos.

Les expériences de Bickenbach

Le gaz phosgène était largement utilisé pendant la Première guerre mondiale et, même si des remèdes avaient été trouvés avant la guerre, Otto Bickenbach, virologiste à la Reichuniversitat de Strasbourg, voulait en avoir le coeur net. Il a donc mené des expériences sur 15 détenus de droit commun dans une chambre à gaz, les exposant à du phosgène pour en mesurer les effets. La meilleure description de cette expérience est livrée par l’un de ses rescapés, Robert Steegmann
: « Au bout de 10 minutes environ, j’ai entendu un bruit sourd — comme si on frappait des mains — C’était les poumons de deux détenus qui avaient « éclaté » et qui tournaient autour du ventilateur et par leur bouche sortait une écume brunâtre, de même que par leurs oreilles et nez. »

La stérilisation de masse

Carl Clauberg, médecin nazi, a eu l’immense honneur de voir une méthode de stérilisation de masse porter son nom. Avec l’aval d’Himmler, il décide de tester dès 1942 des procédés de stérilisations des femmes juives et tziganes absolument abominables : Clauberg injecte des produits toxiques dans l’utérus des femmes, le tout sans anesthésie. La douleur est telle qu’une grande partie des femmes meurent d’un arrêt cardiaque. Clauberg assure pouvoir stériliser 1000 femmes par jour grâce à sa méthode et teste également le pouvoir des rayons X dans cette campagne de stérilisation forcée dans l’idée de pouvoir stériliser tous les Juifs et ainsi pouvoir les utiliser comme main d’oeuvre.

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Les expériences sur la coagulation du sang

Le docteur Rascher était persuadé que le Polygal pouvait aider la coagulation du sang et ainsi éviter les hémorragies. Spoiler alert : le Polygal, une sorte de substance naturelle sans aucun effet, n’avait aucune utilité dans le processus de coagulation. Mais comme il en était persuadé, Sigmund Rascher voulait le prouver : il donnait donc des tablettes de Polygal à des prisonniers dans les camps et leur tirait dans le cou ou la poitrine pour voir ce qu’il se passait. Il les amputait aussi de leurs membres sans anesthésie. Il va de soi que les cobayes mouraient.

Les expérimentations sur la pression

S’il y a UN TRUC qui intéressait vraiment les nazis, c’était de pouvoir envoyer leurs pilotes très très haut dans le ciel pour qu’ils ne se fassent pas repérer par l’aviation ennemie. Le seul problème, c’est qu’à haute altitude, la pression est importante et les gens meurent. Pour essayer de trouver une solution, Sigmund Rascher, encore lui, a mis à profit la présence de prisonniers à Dachau pour mener des expérimentations. Il enfermait les déportés dans une chambre pressurisée qui reproduisait les conditions de vie à plus de 20.000 mètres d’altitude et prenait des photos. On y voit les prisonniers se tordre de douleur, se prendre la tête, tomber inconscient, arrêter même d’essayer de respirer au bout de 30 minutes : tout cela est documenté dans des lettres que Rascher a envoyées à Himmler.

Les expérimentation sur l'eau de mer

Et si on pouvait boire de l’eau de mer ? Ce serait pas génial ? Les nazis étaient d’accord avec ça. Au cours de l’année 1944, ils ont donc choisi des déportés du camp de Dachau et les ont privés de nourriture et d’eau – on ne leur donnait que de l’eau de mer vaguement filtrée. Les Tziganes étaient particulièrement visés pour ces expériences. Les victimes de ces horreurs finissaient par lécher le sol pour essayer de s’hydrater.

Et le froid ?

Pour gagner sur le front de l’Est, les nazis savaient qu’il faudrait survivre à l’hiver russe. Il s’agissait donc de trouver des solutions pour lutter contre l’hypothermie et se réchauffer rapidement. Quoi de mieux, pour ce faire, que d’exposer des prisonniers tout nus à des températures inférieures à zéro puis de les plonger dans de l’eau bouillante pour mesurer les effets de la manoeuvre ? En août 1942, certains prisonniers de Dachau étaient également forcés de demeurer plus de trois heures dans des réservoirs d’eau glacée. C’est encore une fois Rascher qui se trouvait le plus souvent à la tête de ces expériences au cours desquelles les morts s’accumulaient, cela va de soi.

Les expérimentations sur les jumeaux

Josef Mengele s’intéressait de très près à la génétique des jumeaux. Entre 1943 et 1944, il a mené des expériences sur 1500 paires de jumeaux – seuls 200 personnes y ont survécu. Les expériences variaient d’un jour à l’autre : injection de teinture dans l’oeil de certains pour voir si ceux-ci changeaient de couleur, opérations visant à coudre deux jumeaux ensemble pour voir ce que ça donnait… Et lorsque le jumeau cobaye venait à mourir, le jumeau témoin était abattu à son tour, car non content de ne plus servir à rien vivant, il était utile mort : on pouvait comparer les deux cadavres.

J’ai envie de dégueuler.