Les espions, ces types de l’ombre dont les aventures nous font rêver depuis des siècles et des siècles, entre rencontres de l’ombre, déambulations dans Vienne déserte, trahisons, fidélités successives, mensonges et raisons d’Etat. Les espions, ces débiles qui se font choper en deux deux parce qu’ils laissent traîner le mot de passe de leur appli « Espion russe » sur leur bureau.

Les ratés du SVR

Au début des années 2000, le SVR, service extérieur des services secrets russes, a implanté des espions un peu partout dans le monde, notamment aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. Sauf que les espions en question étaient des tanches. Affublés de noms anglo-saxons et placés dans des secteurs stratégiques en rapport avec l’informatique, ils étaient sous la coupe d’un seul chef de réseau, Anna Chapman, qui manifestement avait sa propre vision des protocoles de sécurité. Les agents transféraient leurs données sur des réseaux non cryptés et leur matériel était tellement pourave qu’ils passaient leur temps à renvoyer leurs PC à Moscou pour réparation. Et le plus marrant, c’est que leurs mots de passe étant impossibles à retenir, tous les notaient sur des post-its à côté de leurs PC. Bon. Un jour, le FBI s’est penché sur la question et autant vous dire qu’en deux deux c’était fini cette affaire.

Les espions qui avaient un code de reconnaissance

Un espion de la DGSE devait échanger des informations avec un indicateur dans un pays balkanique. Les deux hommes s’étaient transmis des instructions afin de se reconnaître facilement. Ils devaient porter des lunettes de soleil et lire le journal du jour. Sauf que… Il pleuvait à verse. Les types étaient les seuls à se faire tremper, ridicules. Et surtout idéal pour être repérés. Ou comment mettre en danger tout un réseau avec des lunettes de soleil et une absence de parapluies.

Quand les espions de la DGSE sont chopés à cause d'une application de running

Des espions infiltrés en Irak se servaient de Strava, une application de running permettant à tous les utilisateurs d’identifier les trajets et les habitudes des autres utilisateurs. Et vous savez quoi ? Bah les forces spéciales irakiennes se sont inscrites et ont ainsi pu localiser la base opérationnelle des agents français. Et encore, ce n’est pas Daech. Heureusement pour eux.

L'affaire de la malle aux espions

Le 18 novembre 1964, à Rome, des diplomates égyptiens apportent avec eux une malle scellée des sceaux diplomatiques pour qu’elle soit embarquée dans un avion. Première bizarrerie, ils insistent pour que les bagagistes placent la malle dans la soute destinée aux animaux et non pas avec les autres valises. Bizarre… Puis les manutentionnaires entendent des râles à l’intérieur de la malle. Malgré les scellés, on appelle un douanier, on ouvre et POUF ! C’était un espion israélien enlevé sur le sol romain.

Probablement le truc le plus con de l’histoire. Georges Lautner en a tiré un film comique, La Valise.

Les espions-touristes qui ont essayé de tuer Sergueï Skripal

Le dindon de l’affaire Skripal, c’est le GRU. Le service de renseignement militaire russe a en effet fait preuve d’une belle capacité de pied-nickelerie dans ses affaires londoniennes. Parce que dans le genre « on n’est pas discret », l’affaire skripal, c’est pas mal. Les deux agents envoyés par la Russie, identifiés rapidement, expliquent qu’en fait ils faisaient du tourisme parce que leurs potes leur avaient dit que c’était vraiment très joli, Salisbury. Et que de toute façon, ils voyageaient souvent en Europe. Sauf qu’après vérification, aucun poste frontière n’avait souvenance de leur passage, nulle part en Europe. Faux papiers ? Bah évidemment, d’autant qu’ils n’ont aucune page Internet à leur nom. Ou comment être grillé jusqu’au dernier degré et se cacher derrière son petit doigt.

Le GRU, comme Grudicule

Parce que le GRU a aussi cherché à pirater le réseau informatique de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques. Et les mecs étaient tellement nuls que ça laisse pantois : les téléphones des espions arrêtés étaient enregistrés à Moscou, l’un d’entre eux possédait une note de taxi indiquant comme destination une des bases opérationnelles du GRU à Moscou et en recroisant les informations, ils ont pu identifier tous les véhicules immatriculés à cette même adresse pour débusquer tous les espions. Alexeï Morenets, Evgueni Serebriakov, Oleg Sotnikov et Alexeï Minine ont été arrêtés. Leurs numéros de passeport étaient identiques (bien ouej). Au total, une dizaine d’agents ont été expulsés de La Haye.

Quand un espion se fait choper parce qu'il a couché avec un mec

Entre 2005 et 2008, Anton Robert K., un agent allemand, était infiltré en Macédoine et au Kosovo. On l’affuble d’une couverture et d’un interprète ; seul hic, l’espion tombe amoureux de l’interprète et lui livre plein d’informations sur la structure des services secrets allemands. Ah non, un nouveau hic : l’interprète en question est un agent. Ah, oui, troisième hic : la femme de l’espion apprend la relation adultéro-homosexuelle de son mari et le dénonce aux autorités.
Et voilà comment, en 2009, un tribunal munichois a dû statuer sur une affaire de moeurs et d’Etat en même temps.

Edward Lee Howard

Edward Lee Howard allait être envoyé à Moscou, dans les années 1980, quand la CIA s’est rendue compte au dernier moment qu’il était junkie. Rétropédalage : la CIA décide non seulement de ne pas l’envoyer à Moscou mais aussi de le virer manu militari. Et ça, Howard le prend très mal. Pendant quelques semaines, il se met des cuites et appelle la CIA à des heures indues pour les insulter, comme on le ferait, nous, avec une ex. En 1984, ce même Howard rencontre un agent du KGB et, pour se venger de la CIA, il commence à lui donner des informations. Evidemment, ça n’a pas pris plus de trois jours au FBI pour se rendre compte de ce que faisait Howard et le placer sous surveillance. Sauf que ce con de Howard réussit à s’échapper et à gagner la Russie.

L’élite, qu’on vous disait.