Le cinéma, la littérature, le souvenir, distordent tout : on ne se souvient plus des gens tels qu’ils étaient mais tels qu’on veut se les figurer en réécrivant l’histoire au prisme de la réalité actuelle. Or, la plupart du temps, on a tort : on se fait des grands hommes une image irréprochable et des salauds une image méphitique, mais la réalité est beaucoup plus complexe. Y compris concernant le nez de Cléopâtre, qui était très moche.

William Wallace n'avait rien d'un pauvre qui s'est levé contre l'oppression

Ouais on imagine William Wallace comme un fermier dont la famille a été tuée par les armées du méchant roi d’Angleterre qui s’est levé seul pour lutter pour l’indépendance de son peuple blablablabla. Sauf que William Wallace était un fils de bonne famille, chevalier, avec l’armure et l’épée qui vont bien, ultra téméraire, avec une énorme barbe et qui kiffait tuer des gens. Un genre de radicalisé, en fait, qui a tué un shérif pour venger la mort de sa meuf, massacré des garnisons anglaises et mené des gens en espérant être roi à la fin.

Crédits photo (Domaine Public) : Spisák Bence

Cléopâtre n'était pas une belle gosse écervelée

Ok, donc, si on résume : Cléopâtre genre d’ensorceleuse à joli nez qui a fait tourner les têtes de César et Marc-Antoine pour défendre son peuple, excusez-moi je m’endors. Sauf qu’en fait c’était une enfant consanguine, pas si belle, voire très commune, mais surtout hyper intelligente et pas du tout capricieuse comme elle est dépeinte aujourd’hui ; une stratège qui est parvenue à installer son pouvoir face à Rome et qui a fini par le perdre lorsqu’Octave déglingue Marc Antoine.

Crédits photo (Domaine Public) : George Shuklin

Bouddha n'avait aucun problème de poids

Le gros monsieur rieur qui est allongé dans les temples asiatiques n’est pas Bouddha. C’est Budai, un moine chinois porté sur la blague et connu pour avoir fait marrer tout le monde dans la Chine antique. Aucun rapport avec Bouddha sinon que ça se ressemble à l’oreille et que Budai était bouddhiste. Bouddha, lui, s’appelle Siddharta Gautama et c’était un mec qui avait décidé plus ou moins que le matériel n’était pas important et qu’il fallait trouver la joie en soi. Mais comme il était moins fun, on le représente pas autant.

Crédits photo (CC0 1.0) : Boonlert Aroonpiboon

Gandhi n'était pas l'homme parfait

Incarnation de la non-violence, de la conviction et des mecs sympas. Gandhi = coeur coeur, Gandhi = l’homme parfait, Gandhi = RIP petit ange parti trop tôt. Sauf qu’un de ses assistants, déjà à l’époque, déclarait : « Il faut beaucoup d’argent pour maintenir Gandhi dans la pauvreté ». En réalité, le mec avait inventé la com’. Chasteté, non-violence, humilité… Sauf que des adolescentes dormaient nues dans son lit, qu’il était ultra-autoritaire, voire invivable, avec ceux qui bossaient avec lui et qu’il se définissait lui-même comme un dictateur dans la visée d’une Inde indépendante. Pas forcément un sale mec, mais pas non plus le petit Jésus en culotte de velours.

Crédits photo (Domaine Public) : Kanu Gandhi

Louis XVI n'était pas un salaud de roi anti-peuple

On imagine Louis XVI, gros machin ventripotent qui ne comprend rien à ce qu’il se passe dans son pays et se retrouve finalement avec la tête coupée, fin de vie pour débilou consanguin. Sauf que Louis XVI n’avait aucune envie d’être roi, pour commencer. Lui, il aimait jouer à des jeux et crocheter des serrures, et il n’avait rien demandé à personne. Après 1789, bien obligé, forcément, il se soumet sans trop d’histoires aux réformes demandées par le peuple et en réalité, ça lui va bien. C’est par rapport à ses alliés que c’est galère, mais lui ça lui va bien, il s’en fout, il veut pas être roi. Et quand il fuit à Varennes, ce n’est pas nécessairement pour organiser la contre-attaque mais parce qu’il sent bien le truc venir… Et clic clac la tête.

Crédits photo (Domaine Public) : Joseph-Siffred Duplessis ; Idranstel

Christophe Colomb faisait dans sa culotte en pensant à Isabelle la Catholique

Pour tous, Christophe Colomb est un explorateur génial, avide de découvertes du monde, qui n’a pas hésité à risquer sa vie et trois caravelles pour nous rapporter l’Amérique. Mais en fait, il faisait du biz’, Christophe Colomb. Il est allé voir toutes les cours pour qu’on lui finance son voyage, et son but, c’était surtout de faire du fric avec le commerce des Indes. Quand il a découvert l’Amérique, il a compris assez vite que ce n’était pas l’Inde, et il a flippé qu’Isabelle la Catholique lui hurle dessus. Il lui a donc écrit une très longue lettre dans laquelle il se fout royalement de la gueule des populations locales et où il se roule par terre d’excuses en expliquant avoir dû faire une escale au Portugal avant de rejoindre l’Espagne, même si c’est bien à elle, la grande, la parfaite Isabelle, que revient la primeur de sa découverte, bien à vous, cordialement, tout ça tout ça. En réalité, Colomb avait peur d’avoir chié dans la colle et de se faire jeter aux fers.

Crédits photo (Domaine Public) : Ridolfo del Ghirlandaio

Galilée, Copernic et Kepler n'ont pas fait leurs malins

On les imagine comme des mecs incroyables qui ont combattu l’église, l’Inquisition et la croyance populaire pour affirmer que la Terre était ronde et qu’elle tournait autour du soleil. « Et pourtant elle tourne ! » aurait lancé Galilée à son procès, tout ça tout ça. Mais en réalité, ils ont tous cherché à éviter de se faire martyriser en fermant bien leur gueule. La plupart d’entre eux ne répandaient leurs théories que dans des cercles sûrs et évitaient les publications équivoques. Et puis, ce n’étaient pas les premiers à comprendre le fonctionnement de la terre et des astres : dès l’Antiquité, Aristarque de Samos avait déjà affirmé la rotondité de la Terre. Ces idées circulaient depuis des siècles.

Crédits photo (Domaine Public) : Justus Sustermans

Richelieu n'était pas un intrigant de l'enfer

Les Trois Mousquetaires nous décrivent un Richelieu horrible, méchant, intrigant et obnubilé par ses propres intérêts. Sauf que Richelieu était un personnage un peu plus complexe. Il conseillait le roi dans un contexte où son pouvoir était mis en danger par la subsistance du protestantisme (je ne cautionne pas, mais je rappelle qu’on était dans une monarchie de droit divin). Il s’est démené pour affirmer la puissance française face aux Habsbourgs et a travaillé à l’unité territoriale via la création de l’Académie française et l’écrasement des Ducs qui voulaient faire concurrence au roi. En réalité, c’était un bâtisseur, avec des idées de merde, mais un bâtisseur tout de même.

Crédits photo (Domaine Public) : Philippe de Champaigne

L’histoire déforme tout.

Source : Cracked, Atlantico