On vous avait prévenu : les meubles en kit, ça parait simple, mais ce sont des vraies saloperies. Mais bien sûr, vous vous êtes cru plus malin que tout le monde et vous avez refusé l'aide de Jojo votre beau frère "hyper bricolo". Vous allez bien le regretter. Déjà il est peut-être con comme une mule, mais lui il a de l'expérience et des outils, et aussi, accessoirement, de la bibine. Trois trucs qui vont cruellement vous manquer durant ces 10 étapes :

  1. Le bonheur de ne pas avoir à trimbaler un gros meuble dans les escaliers
    Ou alors juste un gros carton, parce que vous avez refusé de payer les 60 balles de livraison. Mais attention gros carton = gros ennuis et cette joie soudaine va vite s'estomper.
  2. L'assurance de n'en avoir "pour 2 minutes"
    "En combien de temps qui disent que ça se monte le machin ? Deux heures ! Boaf ça va être plié en une heure, chérie tu peux commencer à faire chauffer le Scénic, dans une heure on est parti !"
  3. La fierté d'avoir un esprit méthodique et une grande patience
    Certains déchirent le sac en plastique qui regroupe les boulons, les écrous et ce minuscule tournevis qui vous causera bien de malheurs. Mais vous non, telle une personne ordonnée, vous les sortez un à un, vous les classez par taille. Confiant, bien dans vos baskets, vous êtes sûr qu'il ne peut rien vous arriver. Pauvre fou !
  4. Sentir le doute s'installer quand, dès l'étape 1, vous galérez
    Vous avez toujours l'air assuré, mais on sent quand même que l'humeur joviale du départ est en train de partir au loin. Vous commencez à vous rappeler des vieux souvenirs de Meccano et de Château Playmobil. Vous sentez que les deux heures promises vont peut-être passer plus lentement que prévu...
  5. Souffrir tant mentalement que physiquement
    Étape 6 sur le livret : votre meuble ne ressemble toujours à rien. Sans compter que ce rien menace de s'écrouler à chaque instant. La première personne qui fait un faux mouvement capable de faire s'effondrer votre construction est bonne pour se manger un boulon B4 dans la gueule envoyé par vos soins. Mentalement vous êtes au plus bas. Physiquement c'est pas bien mieux, la planche du dessus vous est déjà tombée sur la mouille deux-trois fois et vos mains sont plus usées que celles d'un maçon polonais à force de tenter d'enfoncer ces saloperies de vis qui ne veulent rien entendre.
  6. Avoir l'impression que le monde et surtout les Suédois sont contre vous
    "Putain mais pourquoi ils les ont dessinés si petits ces machins !! Qu'est-ce que ça leur aurait couté de mettre de la couleur. Là tu vois quoi ? Le B4 ou Le K2 ? Putain je comprends rien, je déteste les Suédois. Si je m'en sors vivant je jure de ne plus jamais bouffer de Krisproll's."
  7. Le sentiment que vous êtes la dernière des merdes
    Tout va mal. Vous prenez un break. Ça fait désormais trois bonnes heures que ce meuble vous prend la tête et vous n’en êtes pas à la moitié. Vous tentez de vous changer les idées en regardant la TV, mais votre cortex est obstrué par les images de meubles qui s'écroulent et de blonds aux cheveux longs hilares vous pointant du doigt. Votre moral est au plus bas. Pour ne rien arranger vous êtes d'une humeur de merde et vous envoyez bouler les gens (pourtant sympas) qui vous expliquent que "ce n'est pas pressé", que "vous aurez bien le temps demain".
  8. Se résigner comme un moins que rien
    Vous avez laissé passer une nuit et vous revenez frais comme un gardon ce dimanche matin pour finir ce satané boulot. Mais votre nouvel état d'esprit va évoluer très rapidement. Finalement, cette nuit n'a rien changé, les idiots qui disent qu'elle porte conseil peuvent bien aller se faire mettre. Les vis ne sont toujours pas de la bonne taille, les dessins toujours aussi mal foutus et incompréhensibles et vos cris de rages suintent la même haine que la veille. Vous envisagez sérieusement de bruler cette saloperie. Après tout, à quoi ça sert une armoire, hein, sérieux ? On ne serait pas plus tranquille avec nos fringues sur le sol ?...
  9. Avoir ce déclic qui change tout
    Après une énième tentative de Kosovar (genre tout coller à la va-vite avec du chatterton) vous vous regardez dans le blanc des yeux et vous trouvez les ressources nécessaires pour aller au bout. Tel Archimède ou Dr House, un hasard vous fera réaliser ce que vous avez devant les yeux depuis toujours. "Bon sang, mais c'est bien sûr" vous écriez-vous. Ce à quoi votre famille répond que plus personne ne parle comme ça. "Cette vis n'est pas à la bonne place, ce manuel suédois m'a induit en erreur, mais ces félons n'auront pas ma peau. Courage que diable !" continuez vous en feignant de ne pas entendre les quolibets. Bravo, vous êtes enfin sur la bonne voie, sauf au niveau du vocabulaire, là c'est vraiment chaud.
  10. Le joie inexplicable d'avoir gravi une montagne
    Voilà, c'est terminé, finalement après le déclic tout est allé plus vite... Enfin relativement, disons qu'à partir de là, ça a pris deux heures comme l'indique le manuel qui ressemble désormais à une serpillère à la retraite. Mais bon, à côté de ce que vous avez accompli même la naissance de votre enfant et ce 12 en Chimie en Bac paraissent dérisoires. Parce que c'est fini bordel !! Vous l'avez fait ! Vous êtes l'homme qui a vaincu la machine. Neil Amstrong est un nazebroque à côté. Le vrai héros c'est vous. On est dimanche soir et il fait nuit dehors. Votre week-end est foutu, mais vous n'en avez plus rien à faire. Vous allez regarder votre création dans les yeux, épuisé, avec une coupe de champagne dans la main et "We are the champions" en fond sonore. L'armoire trône désormais fièrement dans la chambre à coucher, reste plus que le lit et la commode maintenant... Enfoirés de suédois.
  11. (bonus) La stupeur quand on se demande à quoi servent les quelques vis qui restent...
    Un surplus sympathique de la part du géant suédois ou un regrettable oubli de votre part pendant le montage ? Vous ne le saurez jamais, et dans le doute, vous gardez ces 3 vis dans un petit sac plastique, avec la clef Allen en plus. "Au cas où...". Au cas où quoi, on ne sait pas. Mais elles resteront là ces vis, bien au chaud dans un sac au fond d'un placard, et vous ne les retrouverez qu'au prochain déménagement. Là seulement, vous pourrez les jeter.

Vous irez au marché aux puces la prochaine fois...