Depuis quelques années, l’Espagne est devenue la référence européenne en matière de thrillers. Si les films d’Olivier Marchal commencent à faire chier tout le monde en France, il n’en est pas de même d’Oriol Paulo ou d’Alberto Rodriguez qui proposent des films bien foutus, bien ficelés, empruntant à la tradition du noir américain tout en imposant une identité européenne à un genre en déliquescence.

La isla minima d'Alberto Rodriguez

Sorti en 2014, ce thriller sur fond de fin du franquisme sans épuration est sans doute un des meilleurs films faits sur la réalité sociale espagnole dans les années 80 et une super enquête dans l’ambiance marécageuse de l’Andalousie. Immanquable.

Que Dios nos perdone de Rodrigo Sorogoyen

En plein mouvement des Indignés, à quelques heures d’une visite papale, voilà Madrid déchirée par des meurtres de vieille. Deux flics enquêtent : l’un est bègue et a l’air d’une victime, l’autre est violent et macho. Mais ça c’est ce que l’on croit d’eux au départ. Ambiance étouffante, chaleur estivale, bon scénario et un excellent Antonio de la Torre.

La piel que habito de Pedro Almodovar

Almodovar a toujours joué avec les codes du thriller dans ses films. Mais en tant que tel, La piel que habito est un thriller à part entière : un chirurgien esthétique garde prisonnier chez lui l’homme qui a tué sa femme en bagnole et lui fait subir des interventions pour le faire ressembler à sa femme morte. Bizarre à souhait, évidemment, c’est Almodovar.

L'Accusé d'Oriol Paulo

Un genre de yuppie espagnol se réveille dans une chambre d’hôtel, à côté du corps sans vie de sa maîtresse. Heureusement, il est riche : il peut s’offrir un super avocat. Ils ont deux heures à peine pour repasser les événements en revue afin de comprendre ce qu’il s’est passé ce jour-là. Bien fait, bien mené, pas extraordinaire, mais mieux que tout ce qui se fait en France.

El Nino de Daniel Monzón

Plus musclé que les autres, El Nino décrit l’univers du trafic de drogue à Gibraltar entre flics anglais, flics espagnols et trafiquants de tous horizons. Pas aussi dingue que le Trafic de Soderbergh ou le Sicario de Villeneuve, mais très efficace et surtout centré pour une fois sur l’Europe et la plaque tournante de la Méditerranée.

Abre los ojos d'Alejandro Amenabar

Moins connu que son remake avec Tom Cruise (Vanilla Sky), Abre los ojos a le mérite d’être beaucoup beaucoup mieux que ledit remake et d’avoir fait exploser les carrières d’Eduardo Noriega et de Penelope Cruz. Bien moins policé, bien moins américain, il est aussi beaucoup plus inquiétant.

El Método de Marcelo Piñeyro

Des candidats s’affrontent pour obtenir un boulot. Ils sont enfermés dans une pièce et s’adonnent à des épreuves dont on ne sait pas vraiment ce qu’il faut faire pour les réussir. Jeu de massacre et malaise abyssal ; surtout, critique d’une société en crise et de la toute-puissance des employeurs.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

La Colère d'un homme patient de Raúl Arévalo

Film sur la violence qui habite au fond de tout être humain, genre de western paella où Antonio de la Torre surnage, le film est aussi un genre de Old Boy à la sauce espagnole et démontre une fois de plus que la vengeance est un plat qui se mange en tapas.

Musarañas de Juanfer Andrés et Esteban Roel

Si le film, produit par Alex de la Iglesia, ne casse pas trois briques à un canard, il vaut surtout pour sa bonne peinture d’une Espagne fifties.

El Cuerpo d'Oriol Paulo

Excellent Whodunit façon Poirot, mystery movie plus que thriller. Le twist est bon et la réalisation très propre.

Que miedo que miedo.

Source : Slate