Si, régulièrement, les séries sont adaptées au cinéma (Mission impossible, La famille Addams, etc.), l’inverse est moins courant. Il faut y aller, quand même, pour étirer deux heures de film sur plusieurs saisons. Un jeu risqué qui peut déboucher sur de vraies merdes très longues, ou sur des petites pépites de qualité. Vu que l’adaptation de L’Exorciste vient de sortir, il semblait naturel de faire la quadrature du top des réussites en la matière.

Fargo

Le film des frères Coen, sorti en 96, avait marqué les esprits par son humour extrêmement noir, les bêtises conjuguées de William H. Macy et Steve Buscemi et bien sûr Frances McDormand en policière emmerdée perdue dans sa vie de merde. Du coup, on se demandait un peu quel était l’intérêt de transformer ce succès en série 20 ans après. En réalité, Noah Hawley, le producteur de la série, a eu l’intelligence de conserver l’ambiance et les décors créés par les Coen, tout en proposant une autre intrigue ne faisant écho que par bribes à l’histoire du film. Et c’est maxi-bien.

Les revenants

Avec les Revenants, sorti en 2004, Robin Campillo imaginait pour partie la réponse émotionnelle et administrative à un retour massif de personnes jusqu’alors mortes. Mise à disposition d’écoles pour assurer leur hébergement, évolutions législatives… Au-delà du trop technocratique, l’expérience avait le mérite de poser les questions que l’on se pose quand on est confronté à des fictions fantastiques qui se veulent ancrées dans le réel.

Entamée en 2012, la série Les revenants (qui compte Emmanuel Carrère parmi ses scénaristes) s’émancipe de ce point de départ trop peu romanesque pour plonger clairement dans le fantastique en lorgnant vers Lost. Mais l’intrication des intrigues et le peu de réponses apportées aux questions soulevées a créé une importance frustration chez les fans, sans compter sur l’arlésienne de cette troisième saison dont on ignore si elle sera produite. Toujours est-il que la série est beaucoup plus prenante que le film.

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Il n'a pas souffert, promis

La Cité des hommes

Adapté de La cité de Dieu, film brésilien sorti en 2002, La cité des hommes permet de mieux suivre le parcours d’Acerola et Laranjinha, ces deux meilleurs amis appelés à grandir dans une favela de Rio. Ce parcours que le film ne faisait qu’esquisser, contraint, pour d’évidentes raisons de durée, de pratiquer l’ellipse à tout va, la série permet de mieux le dessiner et de proposer un itinéraire plus linéaire. Truc marrant, la série a été adaptée à la clôture de sa dernière saison, en 2007. La boucle est bouclée.

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"*TUIUIUIUIUIU* Oui allô ? / Oui ce serait pour signaler un lien disparu / Ok on envoie nos équipes d'enquêteurs sur le coup"

Code Lisa

Code Lisa, série culte pour les plus de 25 ans ou ceux qui avaient de grands frères et sœurs, mettait en scène deux geeks qui parvenaient à créer une femme parfaite par ordinateur. C’est hyper macho, à y repenser, et complètement con, mais quand on a 15 ans et qu’on n’ose pas parler aux filles, ça fait rêver. Cette série produite entre 1994 et 1998 sous Windows 95 est adaptée d’un film de John Hughes, Créature de rêve, sorti en 1985 et qui se laisse regarder encore aujourd’hui.

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In the heat of the night

Sorti en 1967, le film avec Sidney Poitiers est un classique de néo-noir, mettant en scène un flic noir enquêtant sur un meurtre dans une ville raciste du Sud des Etats-Unis est un classique. Son ambiance suintante et délétère est inoubliable, et lui permit d’ailleurs d’obtenir l’oscar du meilleur film.

Son adaptation en série de 1988 n’est pas du meilleur jus, mais conserve toutefois cette atmosphère qui n’est pas sans rappeler celle du récent True Detective et traite frontalement de la question raciale dans un vieux Sud en mutation.

Buffy contre les vampires

Des fois, on découvre des trucs. On découvre par exemple que Buffy contre les vampires n’est pas une série, à l’origine, mais un film de 1992 réalisé par Joss Whedon, qui créera ensuite la série en 1997. En France, le film est sorti direct en DVD, donc bon courage pour le voir. On peut penser que la série est mieux, surtout qu’elle apprend comment se transformer en vampire, puisqu’il s’agit de froncer les sourcils.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

M.A.S.H

Multiprimé, le film d’Altman sorti en 1970 décrivait sur le ton de l’humour le quotidien de chirurgiens nommés dans un nouveau bataillon militaire. On sait moins qu’il a été adapté en série entre 1972 et 1983 sous le même titre et sans Altman, cette fois. Le côté Soap gâche un peu la fête, l’humour grinçant se voyant pollué par des rires infernaux préenregistrés. Cela dit, le générique de la série reprend celui du film, avec la chanson Suicide is painless (le suicide ne fait pas mal), qui est à se pisser dessus de fausse déprime.

Bates Motel

Prolongement de Psychose (sorti en 1960), Bates Motel est un préquel dans lequel Norman Bates bute des gens dans son hôtel. Les innombrables suites de Psychose n’ayant manifestement pas dérouté les producteurs malgré leurs échecs commerciaux successifs, la série a vu le jour en 2013 et suit les aventures du petit Norman et de sa môman (dont on connaît la fin). Actuellement en tournage, la quatrième saison devrait rejoindre le scénario du film. Ça se regarde.

The Girlfriend Experience

Sorti dans un relatif anonymat en 2009 avec pourtant à son casting l’ex-superstar du porno Sasha Grey, Girlfriend Experience, de Steven Soderbergh avait séduit les critiques par son propos libérateur sur la vie d’une escort girl. La série qui en découle suit la même trame, avec l’idée de documenter le travail du sexe comme on pourrait le faire de n’importe quel autre travail. L’ambiance, entre malaise et banalité, peut dérouter ; mais, de par son ambition, la série est plus intéressante que le film et propose une plongée précise dans un univers méconnu.

Je vais postuler aux Cahiers du cinéma, moi, si je continue à écrire des trucs dits de manière aussi chiante sur les films et les séries.

Hannibal

Tout le monde n’est pas Heath Ledger. En vrai, c’était pas facile de passer après Anthony Hopkins qui avait à peu près fait le tour de la complexité d’Hannibal Lecter dans Le silence des agneaux (1991), et on ne peut pas vraiment en vouloir à Mads Mikkelsen de ne pas essayer. Le problème tient plus à la trame super classique de la série diffusée entre 2013 et 2015 et au fait que le spectateur ne peut pas vraiment être surpris par le comportement du bon Dr. Lecter dans la mesure où tout a déjà été dit sur lui. Tout le monde n’est pas scénariste de Columbo, et c’est pas facile de faire une série dont on connaît la fin.

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Un jour, on fera Topito, le film, puis Topito, la série, avec plus de 1000 heures de top. Ce jour-là on sera riche et on pourra faire un top 1 des sites Internet adaptés à l’écran. Et ouais, ça vous en bouche un coin.