On connaît à peu près tout de l’assassinat de Kennedy, mais JFK était un petit joueur. Une tentative d’assassinat, un carton et hop plus de président. Certains, contrairement à lui ou à Lincoln, ont eu le temps de vivre un nombre incalculable d’attentats avant d’être envoyés ad patres, à croire que la vie s’accrochait à eux comme un chat à ses croquettes.

Fidel Castro - plus de 630 tentatives

Ça paraît absurde, mais c’est réel. 638 plans ont été imaginés et pas un seul n’a marché : il a été question de cigare piégé, de poison dans ses chaussures lorsqu’il se trouvait à l’hôtel, d’empoisonnement, de bombes qui ont explosé trop tard… Le jour même de l’assassinat de Kennedy, la CIA confiait à un de ses agents infiltrés un stylo empoisonné. Evidemment, toutes ces idées n’ont pas été mises en oeuvre et le chiffre a été gonflé par la propagande castriste, mais il est à peu près avéré que Castro a déjoué une cinquantaine de tentatives réelles. Vous pouvez retrouver tout le détail de ces tentatives avortées ici.

Crédits photo (Domaine Public) : Unknown (Mondadori Publishers)

Tito - 22 tentatives

Staline n’aimait pas du tout qu’on lui fasse de l’ombre et comme il était absolument persuadé que toute personne qui avait détourné le regard deux secondes pendant qu’il lui parlait visait à le nuire, il passait pas mal de temps à envisager des plans pour se soulager l’esprit – c’est-à-dire des plans pour tuer tous ces gens qui représentaient une menace à ses yeux. Parmi ceux-ci, on compte donc le leader yougoslave, Tito ; la rupture entre les deux leaders intervient en 1948, après le déploiement par Tito d’un projet de fédération balkanique qui consolidera la Yougoslavie. Staline est opposé à cette idée – il a depuis longtemps renoncé à l’expansion de la révolution au profit d’une politique de révolution dans un seul pays – et le fait savoir, mais Tito s’en fout. Alors Staline s’organise. Il charge ses services spéciaux d’assassiner son rival. Au total, 22 tueurs seront envoyés en Yougoslavie pour tuer Tito sans jamais y parvenir. En réponse, Tito lui fera à nouveau un gros fuck historique en lui envoyant cette lettre : « Cessez d’envoyer des gens pour me tuer, parce que si vous n’arrêtez pas, j’enverrai un de mes tueurs à Moscou et il n’y aura pas besoin d’un deuxième. »

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Alexandre II - 11 tentatives

Le règne d’Alexandre II a coïncidé avec l’essor de Narodnaïa Volia, une organisation terroriste russe fondée en 1879 et visant à renverser le pouvoir tsariste par la violence. Et quoi de mieux pour renverser le tsar que de le tuer ? De fait, tout au long de sa vie, Alexandre II va vivre dans une menace permanente. Avant même la fondation du mouvement, en 1866, il est la cible de deux tirs du terroriste Dmitri Karakozov tandis qu’il se promène dans le jardin d’été de Saint-Saint-Pétersbourg. L’année suivante, c’est lors d’un déplacement à Paris qu’un patriote polonais lui tire dessus et le rate. Alexandre II est à nouveau visé en 1879 par un autre terroriste à Saint-Pétersbourg, puis, quelques mois plus tard, une bombe explose dans le train impérial et rate son coup. Rebelote avec toujours aussi peu de réussite le mois suivant. En 1880, une autre bombe vise cette fois-ci sa résidence mais Alexandre II ne se trouve pas dans la pièce. Finalement, Narodnaïa Volia réussira son coup le 1er mars 1881 en faisant exploser deux bombes à Saint-Pétersbourg dont l’une blessera mortellement le tsar qui s’apprêtait à proposer une réforme constitutionnelle.

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De Gaulle - Une dizaine de tentatives

Nombreux sont ceux à avoir essayé de tuer De Gaulle. Si la tentative d’assassinat contre le fondateur de la V° la plus connue est celle du Petit Clamart, les menaces ont commencé bien avant son accession au pouvoir. Outre les émissaires du régime de Vichy, de Gaulle a failli à la Libération de prendre une balle tirée par un sous-officier qui le considérait comme un pantin à la solde des Britanniques. Un soldat, présent, est parvenu à dévier le tir. Ensuite, il y a évidemment l’attentat du Pont de Seine en septembre 1961, revendiqué par l’OAS. Une bombe déclenchée manuellement devait faire sauter sa voiture, mais l’humidité a diminué la portée des explosifs et de Gaulle a ordonné à son chauffeur de continuer tout droit à travers le feu. L’année suivante, en 1962, un sniper est censé l’abattre dans les jardins de l’Elysée mais est contraint de renoncer. Plus tard, en août, au Petit Clamart, la DS présidentielle est criblée de balles mais de Gaulle s’en tire et affiche un sang froid inébranlable. En 1963, un complot censé assassiner de Gaulle lors de sa visite à l’école militaire est déjoué. En 1964, une bombe est cachée dans un pot de fleurs près d’un mémorial où doit se rendre le Général, mais un jardinier arrose les fleurs et noie les explosifs. Et ce ne sont que les plus connues.

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Hitler - 10 tentatives

Dès le départ, des types avaient compris qu’Hitler représentait un danger grave pour le monde. En 1921, alors qu’il haranguait la foule dans son bar de Munich où se trouvaient également des socio-démocrates et des socialistes, une rixe éclate. Dans la confusion, trois coups de feu sont tirés vers Hitler, mais aucune balle ne le touche. Hitler continue même son discours jusqu’à l’arrivée de la police. En 1935, Henrich Grunow dans le siège arrière de la voiture d’Hitler et touche… son chauffeur. Hitler avait décidé de conduire la voiture exceptionnellement. En 1937, un simple soldat installe une bombe derrière la scène sur laquelle Hitler s’apprête à faire son discours. Il passe aux toilettes, s’enferme à l’intérieur et ne revient pas à temps pour déclencher la bombe. Le 9 novembre 1938, c’est un citoyen suisse, Maurice Bavaud, qui se mêle à la foule des supporters nazis dans l’espoir d’abattre Hitler, mais les saluts nazis de la foule l’empêchent de viser l’autre fou. Arrêté, Bavaud est condamné à mort. L’année suivante, Johann Georg Elser, un ébéniste féru d’horlogerie, met au point une bombe qu’il place dans la brasserie de Bavière où Hitler revient chaque année prononcer un discours. La bombe éclate et tue 7 personnes – mais pas Hitler. Celui-ci est parti 13 minutes plus tôt car les conditions météo l’obligent à prendre le train plutôt que l’avion. Le 13 mars 1943, une conjuration d’officiers prévoit l’assassinat d’Hitler lors de sa visite sur le front de l’Est, mais l’attentat est annulé lorsque les conjurés apprennent l’absence de Himmler, de peur que celui-ci ne prenne le pouvoir avec la SS. Un plan de rechange est mis en oeuvre : on offre à l’aide de camp de Hitler des bouteilles de cognac piégées pour qu’il les ramène en avion. Tout se passe comme prévu, sauf que le détonateur ne fonctionne pas. L’un des conjurés se rue à Berlin pour récupérer les bouteilles avant que l’attentat ne soit éventé. Un peu plus tard en 1943, un agent double du MI5 propose à ses supérieurs de faire un attentat-suicide contre Hitler, mais ceux-ci l’en dissuadent. La même année, l’opération Foxley est élaborée par les services secrets britanniques pour tuer le dirigeant nazi lorsqu’il se trouvera dans sa résidence du Berghol, mais le plan est annulé. Enfin, en juillet 1944, une bombe cachée dans une serviette explose au quartier général de Hitler, mais celui-ci s’en tire miraculeusement.

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Hussein de Jordanie - 8 tentatives

En 1951, alors que Hussein, âgé de 15 ans, ne règne pas encore sur la Jordanie, un homme ouvre le feu sur son grand-père Abdallah 1er tandis qu’ils se promènent ensemble à Jérusalem. Abdallah est tué et Hussein sauvé par la médaille qu’il porte et qui a dévié le tir. Son père renonce au trône sous la pression du Parlement et Hussein accède au pouvoir à 16 ans. Dès 1957, l’un de ses conseillers, Ali Abu Nuwar, tente de le renverser avec l’appui financier du pouvoir égyptien. Mais Hussein déjoue le coup d’Etat. L’année suivante, deux avions militaires syriens le prennent en chasse tandis qu’il pilote son propre avion en Suisse. Il parvient à leur échapper. La conséquence de ces tentatives d’assassinat est de convaincre Hussein de mettre en place un régime autoritaire aligné dans le camp occidental. Les Américains aident d’ailleurs le roi à maintenir la monarchie après la révolution irakienne et malgré la menace immédiate de l’Egypte et de la Syrie. Cependant, des conjurés essaient d’empoisonner la nourriture servie au palais mais échouent. D’autres cherchent à remplacer le collyre présent dans les tubes utilisés par le roi par de l’acide. Une bombe explose également dans le bureau du roi, mais c’est le Premier ministre qui trouve la mort. Hussein se trouve obligé de s’engager dans la coalition arabe défaite par Israël lors de la guerre des Six jours, guerre au cours de laquelle il perd le contrôle de Jérusalem-Est de la Cisjordanie. Tandis qu’il se rend sur les lieux des combats, il est pris pour cible par une mitrailleuse et s’en tire par miracle.

La tension monte avec l’OLP qui s’est installée en Jordanie et a organisé un véritable Etat dans l’Etat. Très vite, Hussein est la cible d’attentats commandités par les palestiniens qui lui reprochent de chercher à trouver un traité de paix avec Israël. En 1970, il décrète la loi martiale et déclenche une véritable guerre civile contre les Palestiniens. C’est septembre noir et les morts se comptent par milliers. Finalement, Hussein cherchera à se rabibocher avec l’OLP et proposera un plan de sortie de crise pour les Palestiniens consistant à la création d’un état fédéral jordanien récupérant la Cisjordanie où les Palestiniens pourraient vivre en autonomie. Mais ce plan, soutenu par les Américains, sera rejeté par Israël et par l’OLP. Bref, Hussein aura toujours quelqu’un à contrarier.

Crédits photo (Domaine Public) : DoD photo by Helene C. Stikkel

La reine Victoria - 8 tentatives

Dès 1840, Edward Oxford, un ado de 18 ans, tire sur la reine enceinte et son époux à quelques mètres du palais. Il rate sa cible et est maîtrisé par la foule ; les époux royaux continuent leur promenade. Oxford, arrêté, est jugé fou et interné. Deux ans plus tard, en mai 1842, John Francis (on apprendra son nom plus tard) vise la calèche royale ouverte avec son pistolet, mais celui-ci s’enraye et Francis disparaît dans la foule. Il retente le coup le lendemain, rate encore et est interpellé. Condamné à mort, il est gracié par la reine qui commue sa sentence en prison à perpétuité. Deux mois plus tard, c’est un autre déséquilibré de 17 ans qui tente sa chance mais voit à son tour l’arme s’enrayer : 18 mois de travaux forcés. En 1849, William Hamilton se lance : il tire sur la reine et rate sa cible. Il expliquera aux flics qu’il ne voulait pas la tuer mais être jeté en prison, sa vie de chômeur lui devenant insupportable. On l’envoie 7 ans au bagne. L’année suivante, Robert Pate, un ancien soldat devenu le fou du coin réussit à s’approcher du carrosse et à frapper la reine avec une canne. La reine est légèrement blessée et Robert Pate prend 7 ans. En 1872, ça reprend de plus belle : Arthur O’Connor, un Irlandais de 17 ans, menace la reine avec son pistolet avant d’être neutralisé par le majordome royal. Son pistolet n’était pas chargé, mais il voulait contraindre Victoria à libérer des prisonniers politiques. Il est exilé en Australie. Enfin, 10 ans plus tard, en 1882, un énième déséquilibré, Roderick Maclean, a tiré sur la reine alors qu’elle descendait du train mais a manqué sa cible et a été maîtrisé par les coups de parapluie de la foule venue acclamer Victoria.

Crédits photo (Domaine Public) : Alexander Bassano

Zog Ier d'Albanie - 4 ou 5 tentatives avérées

Il est très difficile de démêler le vrai du faux dans la vie de Zog Ier d’Albanie, et ce pour plusieurs raisons. La première, c’est que sa vie ressemble à un roman façon Bel Ami et la deuxième c’est qu’il n’a eu de cesse de raconter sa légende à grands renforts de vantardise, criant sur tous les toits avoir survécu à une cinquantaine de tentatives d’assassinat, ce qui paraît beaucoup. Figure extrêmement contestée en Albanie, Zog a été premier ministre par deux fois en Albanie avant d’en devenir président autoritaire puis roi, conduisant une modernisation à marche forcée ayant ses bons côtés (suffrage universel, fin du servage, laïcité, vote des femmes dès 1937, construction d’écoles et d’hôpitaux) et ses mauvais côtés (interdiction de l’opposition et contrôle de la presse, assassinats politiques, etc.) En tous les cas, Zog a essuyé à tout le moins 2 tentatives de meurtre : en 1924, après être passé d’un parti libéral à un parti nationaliste d’extrême-droite, il est victime d’un premier attentat au Parlement mais s’en sort avec des blessures légères. Sa réponse ? Faire assassiner ses opposants et déclencher un coup d’Etat en profitant de la peur du communisme suscitée par le gouvernement actuel. Arrivé au pouvoir, il s’autoproclame roi, rompt ses alliances nationalistes et se lance donc dans une modernisation tout azimut, s’attirant les foudres de son ancien allié et beau-père qui jure de le tuer. En 1931, Zog est ainsi victime d’un nouvel attentat à Vienne. Par la suite, ce seront les Italiens de Mussolini qui essaieront de le tuer pour prendre la main complète sur le pays. Mais ils n’auront pas besoin puisque l’armée albanaise ne s’avérera pas de taille à résister aux troupes italiennes. A noter que Zog, après de vagues actes de résistance, s’exilera en Egypte jusqu’à l’arrivée de Nasser au pouvoir puis finira ses jours dans la pauvreté (relative) sur la Côte d’Azur.

Crédits photo (Domaine Public) : Kel Marubi

Yasser Arafat - 13 (plus ?) tentatives

C’est Yasser Arafat lui-même qui a accusé le Mossad d’avoir cherché à l’assassiner 13 fois. On ne connaît pas le détail de toutes ces tentatives, mais l’on peut s’étonner de leur échec (le Mossad est réputé pour son efficacité). On sait également qu’Hussein de Jordanie a tenté plus souvent qu’à son tour de faire assassiner le chef de l’OLP lorsque les Palestiniens se sont réfugié sur son territoire après la Guerre des Six jours. Il est intéressant de voir que, bien souvent, la survie d’Arafat était finalement le meilleur choix politique de ses ennemis qui préféraient le garder au pouvoir plutôt que de voir l’OLP supplantée par une branche de résistance plus radicale (notamment après la création du Hamas en 1987). Toujours est-il que le décès d’Arafat à Paris en 2004 est lui aussi suspect. Arafat était certes malade, mais l’analyse de ses effets personnels a révélé la présence de substances radioactives en quantités importantes. Nombreux sont ceux à avoir vu dans ces circonstances la main du Mossad.

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Hassan II - 3 tentatives (mais totalement dingues)

A la fin des années 60, le général Mohamed Medbouh, un officier très proche d’Hassan II, est effaré de découvrir la corruption immense du régime organisée avec la complicité tacite du roi. Il se résout à organiser un coup d’Etat pour renverser le souverain en espérant pouvoir le convaincre d’agir contre la corruption des élites et s’adjoint les services du lieutenant-colonel M’hamed Ababou et de ses cadets, connus pour lui obéir au doigt et à l’œil. Une première attaque devant viser le convoi royal est annulée en toute dernière minute par Medbouh qui a repéré un hélicoptère et craint que les cadets, qui attendent le passage de la voiture pour la canarder, ne soient repérés. Rendez-vous est alors pris le 10 juillet 1971 au palais royal de Skhirat. Hassan II doit y fêter son 42ème anniversaire entouré de centaines d’invités nationaux et internationaux dans un luxe absolument fou. Pendant la collation, les cadets arrivent et font un véritable carnage. Plus de 100 morts. Mais Hassan II s’en sort : il se planque dans les toilettes durant des heures, refuse les propositions de négociation initiées par Medbouh et attend. Quand enfin il sort, Ababou ordonne à ses cadets de l’emmener pour l’exécuter. Mais le roi use du culte de la personnalité qui auréole sa personne d’un pouvoir presque divin au Maroc et retourne les cadets qui se prosternent devant lui. Miraculé, le roi regagne son palais et déclare « je suis encore plus roi qu’hier ». Il mènera une sévère répression contre les complices du putsch avorté.

L’année suivante, c’est une conjuration impliquant le colonel Mohamed Oufkir, l’un des officiers les plus puissants du régime, qui échouera. Le plan était pourtant parfaitement rôdé. Trois F-5 ont en effet tiré sur l’avion présidentiel qui ramenait le roi et sa suite d’une visite en France. Les mitrailleuses du premier s’enrayent tandis que les deux autres endommagent gravement l’avion. Incapable de tirer, le premier F-5 cherche donc à s’écraser contre l’avion du roi et le frôle tandis que le pilote s’expulse de l’appareil. Avec un sang froid sans pareil, Hassan II se rend dans la cabinet de pilotage et donne des instructions au pilote qui réussit à se poser sur une piste à Rabat. Les conjurés décident alors d’envoyer six autres avions pour bombarder le palais présidentiel ; mais le roi réussit à s’extraire discrètement de l’aéroport en conduisant lui-même une voiture sans escorte jusqu’à Shikrat.

Crédits photo (Domaine Public) : A1C FELICIA L. WILSON

La Baraka qu’ils avaient (enfin sauf Alexandre II).