Ce n’est pas parce que tu as une maladie bénigne qu’elle ne peut pas te pourrir la vie. Si tu commences à sentir le poisson ou que tes doigts de pied ressemblent à des éponges, tu ne vas peut-être pas en mourir, mais ça risque de t’occuper l’esprit à autre chose qu’à séduire la magnifique Laëtitia, la fille de Seconde B qui est tellement belle qu’on dirait une sirène. Promis.

La sinusite

Migraine permanente, soins inconnus, longs moments passés à geindre, une serviette sur la tête, au-dessus d’un thé brûlant pour essayer de te dégager les sinus, plaintes, plaintes, plaintes, irritabilité, craquage, envie de pleurer, pleurs.

Le cycle de la sinusite est aussi réglé que celui de l’eau.

La cystite

Envie de pisser tout le temps, mal dès que tu pisses. C’est comme si tu avais une maladie qui t’affamait et te donnait envie de vomir dès que tu voyais de la bouffe. Un genre d’enfer. A noter l’existence d’une cystite « lune de miel » qui te condamne à avoir mal dès que tu pisses si tu as la malheur de rebaiser après une longue période d’abstinence. Encourageant.

Un panari

Toi, tu n’étais pas totalement favorable à l’idée que ton doigt de pied se présente au casting des Simpsons. Mais ce n’est pas comme si quelqu’un t’avait demandé ton avis. C’est comme ça, tu as mal dès que tu marches.

La triméthylaminurie

Surnommée le syndrome de l’odeur du poisson pourri. Tu n’en meurs pas, mais tu sens le niocmam. Pas terrible et absolument pas soignable. Ta seule solution, désormais, est de ne plus jamais sortir du restaurant chinois qui fait l’angle en bas de chez toi de peur que les gens se rendent compte que l’odeur vient de toi. Tu n’en peux plus du porc au caramel.

La gale

Tu as l’air d’un clodo. Tu as l’air d’un chien. Tu as l’air d’un type qui est allé traîner Dieu sait où. Tu n’as l’air de rien. De toute façon, tu ne vois plus personne car tout le monde t’évite. Tu n’es plus une personne, tu es un agent pathogène.

La varicelle

Quand tu es enfant, tu dégoûtes tout le monde et fait flipper tous ceux qui ne sont plus très sûrs de l’avoir chopée. Pour peu que tu te grattes, tu te prépares pour plus tard une tronche à la Ray Liotta. Quand tu es adulte, tu dégoûtes tout le monde, fait flipper tous ceux qui ne sont plus très sûrs de l’avoir chopée ET passe pour un violeur d’enfants.

La conjonctivite

La conjonctivite a le chic pour redonner à la capacité de sécrétion de ton œil ses lettres de noblesse. Personne ne sait comment ce liquide jaune a atterri là, mais de toute façon personne n’ose plus te regarder dans les yeux. Tu as le sentiment de devenir aveugle tout en devenant invisible. Dans les dents Helen Keller.

La gastro-entérite

Outre ta capacité à vomir et déféquer h24, outre les maux de ventre, la fièvre, l’envie de mourir et les sueurs froides, outre ton incapacité absolue à faire quoique ce soit d’autre que de geindre, tu bénéficies du rare talent de repousser tout le monde. Dans l’ordre des maladies que les gens cherchent à tout prix à éviter, il y’a d’abord la lèpre et ensuite la gastro. Peste moderne à l’ère des antibios.

Le psoriasis

Plaques dégueulasses façon corne de rhinocéros qui gratte. Peau qui pèle plus qu’en plein été dans le Sinaï. Dégoût profond. Isolation sociale. Mon pauvre ; si je n’étais pas terrifié à l’idée de choper ta merde, je te ferais un câlin de réconfort.

La rosacée

Tu n’as rien demandé à personne, et te voilà avec des plaques rouges en relief sur les pommettes. Tout le monde fait comme si ces plaques n’existaient pas ; toi, ça te gratte, tu n’es pas bien. Les autres n’ont rien vu. Mais dès que tu n’es pas là, leur jugement est sans appel : « il serait pas un peu alcoolique, Thomas ? T’as vu sa couperose ? »

Tu t’enfermes aux toilettes, et tu pleures.

Mieux vaut être riche et bien portant que pauvre et malade.