Jadis, durant ma jeunesse, je pouvais me faire huer parce que je portais des vêtements qui brûlaient un peu trop la rétine, mais le lendemain c’était oublié. Aujourd’hui tu peux te faire démonter tous les jours par des centaines de petits hargneux sur Facebook et Twitter parce que ta tête ne leur revient pas. Et ça c’est moche et c’est du harcèlement. Petit recadrage sur les idées fausses qu’on entend sur le harcèlement scolaire.

“Ça va passer”

Pas de raison que ça passe si on laisse faire. Le harcèlement se caractérise par sa constance, son assiduité et se fait souvent en groupe contre une personne seule (un bon moyen de tisser des amitiés charmantes sur le dos d’un pauvre type qu’on assassine ensemble sur les réseaux sociaux, trop kikoo). Il faut agir vite et dénoncer ces immondes déchets parce que si tu laisses couler, tes harceleurs se diront qu’ils n’ont rien fait de grave.

“Ça te prépare au monde adulte”

Certes, tu croiseras sûrement des salauds plus tard dans la vie, mais beaucoup ont tendance à croire que les insultes à répétition tannent le cuir. Une vie à la dure pour être plus fort. Sauf qu’en fait, non. A l’adolescence, on est sensible, fragile et vulnérable, on ne se confie plus à ses parents, on se cherche, on se pose plein de questions. Bref, le harcèlement peut bousiller cette douloureuse éclosion et te gâcher la vie, encore à l’âge adulte.

“C’est pas si courant”

En France, 40% d’élèves ont déjà été victimes d’agression ou de moqueries en ligne et selon le ministère de l’éducation nationale, 700 000 enfants sont victimes chaque année de harcèlement. Donc, si, c’est courant. Ça peut t’arriver, ça peut arriver à ta voisine, à ton fils (seulement 1 parent sur 10 soupçonne que leur enfant est harcelé), ta nièce, ton chien (mais ça c’est parce que les chats sont des bâtards et adorent harceler les chiens solitaires). Sois attentif !

“T’es qu’une pleureuse”

« Bah voyons, c’est vrai ça c’est pas bien méchant, tu t’es pas faite violer non plus, faut pas exagérer ». La ferme, oui. Beaucoup d’adolescent/es finissent par se suicider à force d’être harcelée jour après jour, dans les couloirs de l’école puis sur Internet envahissant insidieusement la vie entière de la victime. Il y a de quoi péter un câble et devenir dépressif et suicidaire. C’est donc à prendre TRÈS au sérieux.

“C’est pas méchant”

Les harceleurs qui agissent souvent en groupe ne se rendent pas toujours compte de leurs actes. A fortiori, quand ils ne s’adressent pas à leur victime de vive voix mais par texto, par mail, sur Facebook ou Twitter, sans constater la blessure infligée, ils peuvent prendre tout ça à la rigolade. Attention, je ne dis pas que c’est mieux de harceler quelqu’un de vive voix HEIN. De toute façon, s’acharner sur quelqu’un tout le temps, c’est pourri. Change de cible, insulte plutôt ta plante verte pour te défouler.

“Ton mec te ferait jamais ça”

Le revange porn est une pratique qui se développe avec la mise en ligne de photos de ton cul par ton ex super vénèr que tu l’aies largué. Alors même si tu as une totale confiance en Jean-Jacques, fais attention quand tu lui envoies des photos de toi en position douteuse.

“Elle avait qu’à pas s’habiller comme ça”

Oui c’est sûr c’est une bonne raison pour noyer les réseaux de photos d’une pauvre fille qui demandait juste un peu d’attention…

“Le harceleur est sûrement ce type qui vit dans un HLM avec huit frères et sœurs”

NON PLUS. Cette joyeuse et charmante activité n’est pas réservée aux élèves issus d’un milieu défavorisé, avec une mère alcoolique et un père en taule. S’il y a un truc qui ne connaît pas de distinction sociale c’est bien le harcèlement (et le viol aussi, youpi !), ça concerne tout le monde du côté de la victime comme du harceleur.

“Le harcelé, c'est une fille petite grosse et pas très jolie"

Là encore, les victimes de harcèlement n’ont aucun signe apparent. Beau, moche, maigre, gros, blanc, noir, rouge, vert. Le harcèlement peut prendre forme avec à peu près n’importe quoi et s’abattre sur à peu près n’importe qui. Ce qui le rend d’autant plus difficile à déceler.

"C'est pas bien grave"

Si bien sûr, on peut s’en sortir (encore heureux), le harcèlement laisse des traces et peut avoir des conséquences catastrophiques. A aucun moment c’est à prendre à la légère.

Bien sûr le harcèlement n’a rien de nouveau, et même s’il est amplifié avec les réseaux sociaux, les enfants ont toujours été des enflures les uns envers les autres. Il n’empêche que ça peut avoir des conséquence très graves et que c’est pas parce que les enfants ont toujours été cruels qu’il faut laisser faire sans regarder. Par conséquent si tu es victime ou témoin de harcèlement scolaire, tire vite la sonnette d’alarme. Si vous êtes témoin d’une manière ou d’un autre d’une situation de harcèlement, il existe un numéro gratuit, le 3020 sur lequel vous pourrez reporter les faits.