Freaks, la grande parade, ce n’est pas seulement un film génial. Les XIX et XX° siècles ont été le théâtre d’une frénésie populaire pour les « monstres » et l’exotisme qui s’affichaient, itinérants, en têtes d’affiche des cirques et des foires. Certains de ces freaks, fascinants de par leur différence, sont restés célèbres, marquant l’imaginaire collectif d’un sceau de bizarrerie que l’on regarde aujourd’hui avec un vrai dégoût pour cette odieuse exploitation de l’homme par l’homme.

La Venus hottentote

Saartjie Baartman est née dans l’actuelle Afrique du Sud à la fin du XVIII° siècle. Réduite en esclavage, elle a été exhibée en Europe dans différentes foires et cirques où son postérieur très large était une source de fascination. Morte en 1815 après avoir été exploitée jusqu’à l’os, elle a fait l’objet d’un conflit diplomatique entre son pays d’origine et l’Angleterre au début du XIX° siècle pour la restitution de ses ossements.

Crédits photo (Domaine Public) : Sarah Baartman

Madame Clofullia, la femme à barbe

Née Boisdechêne en Suisse en 1829, Joséphine Clofullia, du nom de son futur mari, était couverte de poils dès son plus jeune âge en raison d’une anomalie hormonale. A 14 ans, son père et un agent décident d’exploiter cette bizarrerie en lui faisant parcourir l’Europe. Joséphine Clofullia transformait sa barbe pour imiter celle des grands de ce monde, Napoléon III en tête, qui lui a offert un diamant pour la remercier de l’hommage. Elle s’est mariée avec le peintre Fortune Clofullia qui lui donnera deux enfants, mais l’aînée mourra dans sa petite enfance.

Les Lucasie

La famille Lucasie était une famille d’albinos surnommés les « nègres noirs » exhibés dans les foires de Phineas Barnum, fondateur du cirque itinérant Barnum qui existe encore aujourd’hui et est un genre de Pinder américain.

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Fédor Jeftichjew

Chewbacca en version russe. Fédor, qui a vécu entre 1868 et 1904, a d’abord parcouru les cirques français avant, de gagner les Etats-Unis l’année de ses 16 ans où il signe un contrat avec Barnum. Présenté sous le nom de Jojo l’enfant à tête de chien, il bénéficie d’une biographie totalement inventée selon laquelle son père est un sauvage qui n’a jamais été domestiqué. Barnum affirme également que Fédor aboie et grogne lorsqu’il est en colère. Gros succès.

Crédits photo (Domaine Public) : Charles Eisenmann

Joice Heth

Encore une victime de Barnum : Joice Heth, une afro-américaine réduite en esclavage, atterrit chez Barnum qui décide de la présenter comme la doyenne de l’humanité, âgée de 161 ans. Il raconte également qu’elle a été la nourrice de George Washington et fait son beurre avec cette histoire à dormir debout. Devant les soupçons de la presse, Barnum annonce qu’il organisera une autopsie publique de Joice Heth à sa mort et tient parole : le chirurgien révèle que Joice Heth est probablement morte à l’âge de 79 ans. Pour s’en tirer, Barnum réplique que le corps autopsié n’est pas celui de Heth mais d’une autre femme, Heth, bien vivante, étant occupé à faire une tournée européenne. Tout pour le fric.

Crédits photo (Domaine Public) : J. Booth & Son, 147 Fulton St NY

Isaac Sprague

Surnommé le squelette vivant en raison de son rachitisme, Isaac Sprague (1841-1887) a lui aussi participé à la grande aventure Barnum, travaillant notamment pour son American Museum. Marié et père de trois enfants, il était aussi un joueur invétéré qui avait tout le temps besoin d’argent, ce qui l’a poussé à essayer de tirer profit de son atrophie musculaire.

Crédits photo (Domaine Public) : unattributed

Eng et Chang Bunker

Ces deux Thaïlandais ont donné le nom siamois à cette anomalie car ils étaient originaires du Siam. Coqueluches des cirques et autres foires itinérantes au milieu du XIX° siècle, ils ont réussi à avoir chacun des enfants de leur côté et à mener une vie pour ainsi dire normale compte tenu des conditions. A noter qu’un matin, Eng s’est réveillé pour trouver Chang mort à ses côtes : Eng a tellement paniqué qu’il en a fait une crise cardiaque. Oui, c’est très triste.

Crédits photo (Domaine Public) : ITBF

Le colonel Routh Goshen, le plus grand homme d'Amérique

Repéré en 1869 par le sempiternel Barnum dans une rue de New York parce qu’il mesurait 2,26 mètres Routh Goshen, originaire d’Irlande, a eu droit lui aussi à une biographie revisitée par son nouveau mentor : parents géants des forêts, origine relocalisée tantôt dans le Midwest et tantôt en Arabie… Barnum mentait aussi sur sa taille et son poids, affirmant qu’il pesait 280 kilos pour 2,4 mètres. Il n’en pesait que 180.

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Jennie Quigley

Jennie Quigley mesurait 70 centimètres et était présentée par Barnum comme la plus petite femme du monde. Elle arrivait sur scène dans une toute petite caisse tirée par un Shetland pour accentuer sa taille. Sa carrière de monstre professionnelle a duré 50 ans. Elle est morte en 1936 à 85 ans.

Crédits photo (Domaine Public) : J. B. Wilson, Chicago.

Le prince Randian

L’homme torse, parodié dans le film des frères Coen, est né en Guinée britannique en 1871. Son nom de scène a lui aussi été trouvé par Barnum. Pendant 40 ans, The Human Torso s’est produit sur scène, réalisant des performances variée devant le public allant du rasage sans bras ni jambes à l’exercice de la peinture… Il a eu 5 enfants.

Crédits photo (Domaine Public) : Unknown authorUnknown author

Si vous vous posiez encore la question : oui, Barnum avait l’air d’être une belle enflure.

Sources : Ranker, Wikipédia