La prochaine fois que vous direz « j’hallucine » d’un air catastrophé, vous y réfléchirez à deux fois, voire à trois, voire à quatre et même voire à cinq, parce que votre étonnement vis-à-vis d’une situation bien réelle qui vous est relatée n’a rien à voir avec une hallucination, les mots ont un sens, merci de le respecter, non mais oh dans quel monde on vit bordel de foutre ?

L'illusion de la pièce inclinée

Très rare, cette affection fait subir au patient une vraie terreur quand il commence à percevoir son environnement la tête à l’envers : généralement, il voit le monde incliné à 90°, ce qui est pas pratique quand on doit ouvrir une porte avec sa clé. Ces illusions peuvent survenir sans prévenir et durent quelques secondes ou plusieurs heures. Evidemment, elle s’accompagne de nausées diverses et de migraines. Il est de toute première instance de consulter si on en est victime car ce trouble est souvent lié à des pathologies sous-jacentes qui peuvent être graves (ouais, genre cancer ou gros problèms cérébraux).

Le syndrome de Charles Bonnet

Rien à voir avec le fait de protéger ses oreilles en hiver. Ce syndrome, qui touche essentiellement des personnes âgées, a été décrit pour la première fois par Charles Bonnet en 1760 et diagnostiqué cliniquement deux siècles plus tard. En gros, il s’agit d’hallucinations visuelles liées à une détérioration du nerf optique : les patients voient des pigeons ou d’autres trucs qui les envahissent. Mais il s’agit uniquement d’une fabrication de leur cerveau qui cherche à compenser la perte de vision par l’irruption de trucs marrants. Ces hallucinations durent quelques minutes et peuvent survenir très régulièrement, jusque quotidiennement.

La chromatopsie

Cette affection visuelle assez rare consiste pour celui qui en est atteint à voir des couleurs là où elles n’existent pas. En gros, la terre peut très bien devenir bleue comme une orange. Cela diffère du daltonisme en ce que la chromatopsie ne consiste pas à confondre des couleurs, mais bien d’une vision excessive des couleurs et souvent erronée. Cela peut donner lieu à des hallucinations en technicolor avec flash et tout le toutim. Selon la couleur impliquée, chaque affection a sa propre terminologie.

Macropsie et micropsie

Chérie j’ai rétréci les gosses en vrai. Quand notre habileté à mesurer la taille des choses se casse la gueule, on est atteint de macropsie ou de micropsie : en gros, ça veut dire qu’on peut avoir des potes géants ou lilliputiens et, plus généralement, vivre au pays des merveilles, comme le suggère d’ailleurs le nom plus global du syndrome, à savoir le syndrome d’Alice au pays des merveilles. En général, il s’agit d’épisodes courts et isolés, mais l’affection peut durer plus longtemps.

Le syndrome de la tête qui explose

Ce trouble du sommeil décrit pour la première fois en 1920 porte bien son nom : on dort, et puis soudain on est atteint d’une douleur au-delà du réel rapport au fait que notre tête est en train d’exploser. L’étude clinique du syndrome est très partielle et mal documentée. Il peut survenir plusieurs fois dans une vie ou faire l’objet d’un épisode unique ; quoiqu’il en soit, les médecins le rapprochent désormais des épisodes épileptiques avec lesquels il partage énormément de traits communs, notamment la soudaineté de son irruption et la changement totale de la perception du sujet qu’il induit. Si ce syndrome est bénin, il fait quand même bien chier quand tu dois te lever à 7 heures le lendemain pour passer un exam.

Les hallucinations gustatives

Certaines personnes se retrouvent parfois avec des goûts dans la bouche qui n’existent pas. Généralement, il ne s’agit pas de chocolat mais bien de pommes pourries ou de cigarette, voire de métal. Les hallucinations gustatives sont plus rares et moins souvent étudiées que leurs consoeurs visuelles ou auditives, mais non contentes d’exister, elles peuvent pourrir ta vie si à chaque fois que tu croques dans une frite tu as l’impression de manger de la merde.

L'halitose hallucinatoire

Apparemment, l’halitose toucherait 50% de la population du monde occidental. Vous vous dites « balec », mais c’est parce que vous ne savez pas que l’halitose, ça consiste à puer de la gueule. Heureusement, une bonne partie de ces 50% est purement psychologique. On parle d’halitose hallucinatoire quand une personne est persuadée de puer du bec alors que pas du tout en fait. En soi, rien de grave, sauf bien sûr quand la personne ainsi convaincue d’incommoder tout le monde commence à développer des stratégies d’évitement basée sur un constat absolument faux. Ces personnes se mettent à essayer de trouver des solutions médicales, s’abreuvent de bonbons à la menthe et cherchent par tous les moyens à dissimuler leur haleine (ce qui n’est pas pratique au travail ni quand on drague quelqu’un, vous me suivez ?). Du coup, cela peut même engendrer une désocialisation et de vrais problèmes d’insertion et de confiance en soi.

L'hyperreligiosité

Il arrive à certaines personnes d’avoir des hallucinations religieuses totalement dingues : elles se mettent à entendre des voix ou à être frappées de douleurs terribles qui n’existent que dans leur tête et qu’elles attribuent à la main divine. Ces événements, s’ils peuvent faire sourire, ont souvent un lien avec l’épilepsie temporale ; dès lors, les sujets vont se mettre à lire de manière compulsive des livres sacrés ou à développer des obsessions d’apocalypse. Ouais, comme le clodo dans les films américains.

Les membres fantômes surnuméraires

On connait tous l’histoire des membres fantômes : des personnes amputées ressentent encore des choses dans leur jambe qui n’est plus. En revanche, on connait moins l’histoire des membres fantômes surnuméraires, c’est-à-dire des sensations provenant chez le patient d’un membre qui non seulement n’existe pas mais n’a jamais existé, comme une troisième main ou, pire, une paire d’ailes. En général, ces hallucinations font suite à une détérioration du cerveau au cours de laquelle sa capacité à identifier l’origine des signaux transmis par les nerfs a perdu de sa superbe : le cerveau ne calcule plus que c’est votre pied droit qui vous gratte et vous envoie un signal complètement zarbi comme quoi c’est en fait votre troisième bras. Ces hallucinations sensorielles n’impliquent pas de sombrer dans la folie : une personne qui les expérimente ne va pas se jeter du haut de la tour Eiffel en étant persuadée qu’elle sait voler. Par contre, la démangeaison n’est pas prête de s’arrêter.

La cénestopathie

Cette affection consiste en un sentiment général de mauvaise santé et d’hypersensibilité à tous les organes de son corps. Les personnes qui en sont atteintes ont l’impression, pour ainsi dire, de pouvoir communiquer avec l’intérieur de leur corps et vont jusqu’à créer des scénarios hallucinatoires dans lesquels cet intérieur est mis à profit, comme par exemple des expériences sexuelles inexistantes. Les cas de possession ou de lévitation, de sortie du corps, sont aussi à rapprocher de ces hallucinations, la personne ayant une impression physique détachée des contingences de la normale.

Papier d’hallu.

Sources : Wikipédia, Listverse, Wikipédia