L'importance d'être constant... En l’occurrence, rien à voir avec Oscar Wilde. On parle ici de rock. De ces groupes qui n'ont pas su maintenir le niveau sur la longueur. Qui ont dérapé. Parfois à cause d'un succès fulgurant qu'ils ont cherché à entretenir en brossant le public dans le sens du poil au point d'y perdre leur identité et leur intégrité, et parfois à cause d'un manque flagrant d'inspiration. Dans tous les cas, l'album de trop a tout fait basculer.

  1. Red Hot Chili Peppers
    L'album de la rupture : By The Way (2002)
    Les puristes vous le diront tous : les Red Hot ont commencé à décliner après One Hot Minute. Blood Sugar Sex Magik constituant le sommet d'une carrière qui a débuté dans le bruit et la fureur de la fusion punk/funk, pour se poursuivre au rythme d'une longue descente vers les tréfonds de la variété pop rock tout à fait qualifiée pour passer en boucle sur RTL 2. Californication a certes remporté de nombreux suffrages, mais By The Way a jeté la première pelleté de terre sur le combo de Flea, qui depuis, ne cesse de creuser.
  2. Slipknot
    L'album de la rupture : Vol. 3 : The Subliminal Verses (2004)
    Masqués et dangereux, les mecs de Slipknot ont déboulé sur la scène metal en mettant plus ou moins tout le monde d'accord. Brutaux et inspirés, les gars ne faisaient pas dans la demi-mesure et incarnaient la menace que les bien-pensants voyait dans un genre de musique marginalisé. Mais ça, c'était avant. Depuis, Corey Taylor a tombé le masque et a chanté l'amour dans Stone Sour, son side-project vaguement metal et carrément sirupeux, calibré pour cartonner sur MTV. Sliknot continue certes sa route, mais maintenant, les masques ne font plus peur à personne et la musique s'avère aussi menaçante qu'une ballade de Nickelback. Plouf !
  3. Green Day
    L'album de la rupture : American Idiot (2004)
    En 2004, Billie Joe Armstrong est super furax contre George W. Bush. En bon rebelle, Billie décide de donner dans le punk engagé. Malheureusement, n'est pas Joe Strummer qui veut. Succession de tubes formatés pour les radios du monde entier, American Idiot se rêve peut-être en pamphlet politique parfait pour rythmer les rebellions de tout poil, mais dans les faits, il ressemble plutôt à un blockbuster pop préfabriqué. En théorie, Green Day est toujours un groupe de punk. L'époque de Dookie et pourtant bien loin. Il faudrait penser à revoir l’étiquetage.
  4. Limp Bizkit
    L'album de la rupture : Results May Vary (2003)
    Héros du mouvement Nu Metal, Fred Durst a toujours eu un sérieux problème d'égo. Fort de trois premiers albums bien rentre-dedans, son groupe se laisse aspirer dans la spirale de l'ambition démesurée et totalement irréaliste de son leader. Wes Borland, le guitariste historique, se fait la malle, Fred signe une reprise indigente d'un hit de The Who pour la B.O. d'un navet de Kassovitz et c'est la rupture. Depuis, Borland est revenu mais la magie s'est barrée et le « biscuit mou » en est réduit à courir après un âge d'or bel et bien terminé et tout le monde se contrefout de ce que peu bien fabriquer Fred Durst.
  5. Muse
    L'album de la rupture : Black Holes and Revelations (2006)
    Muse a commencé à craindre lorsque le succès a frappé à sa porte. Certes, cela n'a jamais été un secret que le groupe de Matthew Bellamy a toujours méchamment lorgné sur Queen, mais dès que les stades leur ont ouvert leur pelouse, la machine s'est emballée et le chanteur-guitariste s'est transformé en monstre d'égo absolument incapable de faire preuve de l'immédiateté propre des débuts flamboyants de Muse. Concepts foireux, musique répétitive et désincarnée à base de rock mâtinée d'électro en carton, Muse est devenu avec le temps une sorte d'hybride imbuvable entre Queen, U2, et Pink Floyd.
  6. The Strokes
    L'album de la rupture : Angles (2011)
    Les trois premiers excellents albums de The Strokes ont poussé le public et la critique à effectuer un rapprochement avec des groupes cultes comme Television et The Velvet Underground pour au final, qualifier le combo de sauveur du rock. Tragiquement, avec le temps, Julian Casablancas est devenu une victime de la mode de plus en plus imbuvable. Dès Angles, son groupe prend une direction inattendue et tourne le dos au rock pour se transformer en objet de culte pour les hipsters vaguement arty. Aujourd'hui, The Strokes n'est plus que l'ombre de lui-même et Casablancas d'être devenu une créature de son temps, tout juste capable d'incarner la décadence d'un style qui n'a tout compte fait jamais eu besoin de lui.
  7. The Smashing Pumpkins
    L'album de la rupture : Zeitgeist (2007)
    Monument du rock alternatif des années 90, The Smashing Pumpkins est à l'origine de véritables pierres angulaires du genre. Malheureusement touché par des drames et régulièrement victime du désir de toute puissance de Billie Corgan, son leader, le combo américain explose. Lorsqu'il renaît, Corgan est toujours aux commandes mais le groupe n'a plus rien à voir avec celui de Adore ou de Gish. Sérieusement mégalo, Corgan n'a jamais réussi à renouer avec le grand succès de sa période faste et ses albums ressemblent sérieusement à l'expression d'un type qui a perdu son mojo. Bille en tête, il continue néanmoins. Le public, gentiment, le laisse faire, mais s'en fout royalement.
  8. Offspring
    L'album de la rupture : Splinter (2003)
    Avec le succès, Offspring a perdu la boule. Autrefois estampillé punk, il est tombé, à l'instar de Green Day, dans la variétoche à crête et a enfilé les tubes. Certes pas désagréables et plutôt fédérateurs, mais loin d'être dignes des brûlots des débuts. Néanmoins, à force de chercher à surfer la même vague et à tabler sur la mode, Offspring s'est ramassé et semble aujourd'hui condamné à errer dans les limbes des 90's, enchaînant les déclinaisons de la même chanson surf-punk-pop...
  9. Marilyn Manson
    L'album de la rupture : Eat Me, Drink Me (2007)
    Marilyn Manson est le groupe d'un mec qui s'appelle Marilyn Manson. Comme Alice Cooper auquel il a d'ailleurs chourré le principe du nom, le maquillage et tout le reste. Bref... Au début, l'Oncle Sam a peur de Manson qui livre un metal rageur, inspiré et sérieusement couillou. Peu à peu pourtant, l'aura du Pasteur se délite. Les ventes s'écroulent, les albums sont, au mieux anecdotiques, au pire indigents, et le personnage, qui se caricature lui-même à outrance, ne fait même plus peur aux mormons qui sont passés à autre chose. Manson trouvera du coup un échappatoire au cinéma et à la télé et reviendra début 2015 avec un nouveau disque. Comment ça il est excellent ? https://open.spotify.com/album/2NVW8tovsI9QzJVmIaOKbH
  10. U2
    L'album de la rupture : Zooropa (1993)
    Autrefois fer de lance d'un rock militant et engagé, U2 s'est peu à peu transformé en monstre de stade à quatre têtes, porté sur une grandiloquence engluant sérieusement les intentions des débuts. Dès Zooropa, l'orchestre de Bono et de The Edge a choisi de ne pas tourner autour du pot 107 ans et a définitivement opté pour une soupe commerciale calibrée. Omniprésent, faisant mine de toujours s’intéresser à des problématiques sociopolitiques, U2 nous ressort toujours la même balade sirupeuse et les mêmes gimmicks, en roue libre totale.
  11. Placebo
    L'album de la rupture : Battle for the sun (2009)
    Exemple typique du groupe qui s'est totalement effondré sous le poids de clichés qu'il n'a jamais su dépasser pour avancer, Placebo a petit à petit mis un point d'honneur à faire écho, de par sa musique, à son patronyme. Fadasse, Placebo est au rock ce que le Canada Dry est à la bière...
  12. Radiohead
    L'album de la rupture : In Rainbows (2007)
    Le problème quand on est génial est d'en avoir un peu trop conscience. Poussé par le succès de Ok Computer ou encore de Kid A, le groupe de Thom Yorke et de Jonny Greenwood a commencé à donner dans l'expérimental dès la fin de son contrat avec EMI. Libres comme l'air, les mecs en ont profité pour verser dans les trucs expérimentaux opaques et souvent inintéressants. En somme, de gros délires mégalomaniaques, pas du tout efficaces, et semble-t-il uniquement motivés par la volonté de Yorke de bien nous montrer quel électron libre il demeure malgré le succès... (l'album est tellement nul que Spotify n'a même pas osé le proposer à l'écoute...)

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