On vous avait déjà parlé des astuces écolos du quotidien pas si écolos que ça, mais aussi des objets du quotidien qu’on consomme ou qu’on mange en pensant faire plaisir à Eva Joly mais qui de la même façon n’ont rien d’écolo (coucou l’avocat). Si le sujet d’aujourd’hui s’en rapproche, on a décidé de vous parlez plutôt des inventions sur le plan industriel qui se sont faites passer pour écolo alors que bof, voire pas du tout.

Comprenons-nous, nous ne jetons pas la pierre aux gens qui s’escriment à trouver des solutions pour que nous nous adaptions au climat à venir. C’est toujours mieux de travailler avec cet objectif plutôt que de détruire délibérément l’environnement. Mais si l’on critique ces modèles vertueux en apparence c’est parce qu’ils entretiennent justement la croyance selon laquelle on peut s’adapter au changement climatique sans remettre en question notre mode de vie actuel. Et ça c’est ultra bidon.

Cette sombre histoire de "charbon propre"

La charbon fait partie des trois énergies fossiles (avec ses potes le pétrole et le gaz). Or le charbon est vraiment pas un truc gé-gé puisque lors de sa combustion, il émet une forte quantité de gaz à effet de serre (encore plus que le pétrole). Bref le charbon c’est de la merde en barre. En plus il n’en reste plus beaucoup, son année d’expiration théorique ne devrait pas aller au delà de 2140 (c’est théorique). Du coup, on a eu des petits génies qui se sont penchés sur la question d’un « charbon propre » (une technique particulièrement vantée par Trump ce qui devrait nous envoyer un signal plutôt négatif).

Cette méthode de géo-ingénierie consiste à capter le CO2 et à l’emprisonner dans le sous-sol. Malheureusement c’est une opération extrêmement coûteuse qui ne peut donc pas être généralisée d’autant plus que son efficacité reste à prouver et ressemble davantage à une méthode de greenwashing (méthode consistant à se donner une image d’engagement écologiste alors que c’est du flan). En réalité, il n’existe pas de solution écologiste impliquant l’usage du charbon. Voilà. Y’a pas à tortiller.

Source : Novethic.

Ce gros enfumage de l'énergie nucléaire

En France c’est carrément notre dada le nucléaire, revendiqué comme une énergie propre car il ne produit presque pas de gaz à effets de serre. YAY ! Oui mais en fait non. Pour ce qui est de l’enjeu que représentent la sécurité bien fragile des centrales (kikoo Tchernobyl et Fukushima) et la gestion bien foireuse des déchets, c’est autre chose.

En fait le nucléaire ça fait moins de fumées noires mais les conséquences de son usage peuvent être dramatiquement plus graves. Par ailleurs, si le nucléaire émet beaucoup moins de gaz à effets de serre, on n’est pas non plus sur une empreinte carbone zéro. Déjà parce que les centrales nécessitent l’extraction de métaux comme l’uranium (ainsi que son élimination), une pratique extrêmement polluante qui produit des déchets toxiques.

Source : Greenpeace.

Cette supercherie de voiture électrique

En France, le transport émet à lui tout seul 30 % des émissions de carbone. Autant dire que ça fouette du string. C’est donc normal qu’on voit alors la voiture électrique comme la solution du siècle puisqu’elle n’émet pas de CO2, yihaaaa ! D’ici 2030, on pourrait en avoir 30 millions en circulation tellement le concept est plébiscité, yihaaaa ! Mais le bilan n’est pas si formidable qu’on pourrait le croire.

D’abord il faut savoir que la fabrication d’une voiture électrique émet deux fois plus qu’une voiture classique et nécessite des métaux rares. Par ailleurs comme elle pompe de l’électricité, si tout le monde en France en possède une, on va devoir ouvrir un paquet de nouvelles centrales nucléaires (cf. point précédent). Pour être honnête, une voiture électrique commence à compenser son empreinte carbone au bout de 40 000 kilomètres, c’est à dire plus ou moins 3 ou 4 ans d’usage. C’est donc « moins pire » que la voiture classique mais pas une solution viable pour l’avenir. Le risque avec la voiture électrique c’est même de voir un « effet rebond » c’est à dire une hausse des achats de voitures électriques au delà de ses propres besoins. Bref la voiture électrique entretient comme toujours l’idée qu’on peut continuer à vivre avec une voiture plutôt que de trouver d’autres solutions de transports.

PS : je ne parle pas de la trottinette électrique mais il va de soi que l’arnaque est du même niveau comme l’a démontré cet article de Slate.

Source : C02 mon amour ainsi que cette vidéo éclairante du Monde :

Cette piperie de dessalement des eaux de mer

On a beau avoir 17 000 usines partout dans le monde, les usines de dessalement ne sont pas si formidables que ça. Tout d’abord parce que ça coûte très cher : 2.5 € par mètre cube. Deux fois plus cher que de traiter des eaux de pluie ou les eaux usées. Du coup, ça veut dire que cette technique n’est accessible que pour les pays riches. Sans compter que le concept est très destructeur pour l’environnement et aussi coûteux en énergie.

Alors évidemment ça évolue, on ne leur jette pas totalement la pierre… A l’heure actuelle l’Arabie Saoudite a fait évoluer ses usines de dessalement de manières à ce qu’elles ne fonctionnent qu’avec l’énergie solaire et abreuvent ainsi 100 000 habitants en eau potable. Mais d’autres problèmes persistent… Notamment le fait qu’on rebalance dans l’eau de mer le sel qui ne nous sert plus à rien. Et cet excès de sel acidifie les océans et nuit à son rôle de régulateur climatique déjà mis à mal. Bref, si l’idée semble géniale sur le papier elle est en réalité un peu plus pourrie qu’on ne le croit.

Source : France 24.

Cette mascarade des agrocarburants

Vous les connaissez certainement plus sous le nom d’huile de palme de colza ou de betterave. Bref des trucs qui sonnent vachement plus sains que le pétrole alors pourquoi ne pas utiliser ces produits naturels comme carburant ? Attendez c’est une super idée ! On n’utilise plus d’énergie fossile toute caca boudin et on investit dans l’écologie, YAY !

…Malheureusement, vous pouvez ranger votre optimisme dans les chaussettes. Ces carburants issus de la production agricole (qu’on nomme aussi abusivement « biocarburant ») nécessitent davantage de terres agricoles et donc la destruction de zone forestière ce qui entraîne naturellement une émission bien plus élevée des gaz à effet de serre. Les agrocarburants nous vendent un monde de demain moins polluant mais en réalité ils ne font que déplacer le problème et donc le minimisent.

Source : Greenpeace.

Globalement, n'importe quel délire irréalisable de la géo-ingénierie

En ce qui concerne la géo-ingénierie, je ne saurais que trop vous recommander le documentaire Arte « Les apprentis sorciers du climat » qui montre dans l’histoire comment nous avons tenté de manipuler le climat et donc le changement climatique. Ces recherches ont donné lieu à des projets totalement fous (qui n’ont pas vu le jour je vous rassure) comme installer des miroirs en orbite pour réfléchir les rayons du soleil ou encore pulvériser de l’eau de mer dans l’atmosphère pour diminuer l’ensoleillement ou encore déverser du sulfate de fer dans l’océan pour développer du phytoplancton. Bref de la grosse SF en puissance. Même le GIEC a du prendre la parole à ce sujet dans son rapport en 2013 « Nous ne disposons pas de connaissances suffisantes pour quantifier dans quelle mesure les émissions de CO2 pourraient être réduites grâce à des méthodes d’élimination du dioxyde de carbone à l’échelle du siècle ».

Cette vaste blague que représente le recyclage des déchets

ATTENTION ALERTE J’ÉCRIS DES LETTRES EN MAJUSCULES ET EN GRAS POUR QUE VOUS LISIEZ BIEN CE MESSAGE : Je ne dis pas qu’il ne faut pas recycler.

Il faut recycler. Le problème, en dehors du fait qu’on le fait souvent mal (et pour cause, le système de tri qu’on nous propose n’est pas évident pour tout le monde), c’est que les déchets recyclés des ménages représentent une goutte d’eau dans l’océan de déchets produit par les industries. Il y a de quoi être découragé. Evidemment c’est pas le but. Mais il n’empêche que le concept de recyclage est un peu pété à la base. En menant des politiques d’incitation au recyclage auprès des consommateurs, finalement on dédouane les entreprises de créer elles-même des déchets et on donne en plus l’impression aux ménages de faire BEAUCOUP pour l’environnement (je le rappelle, par exemple aux Etats-Unis les déchets des ménages représentent 3 % de la totalité des déchets produits par le pays). On ne vous dit donc pas de ne pas recycler vos déchets, mais plutôt de ne pas en produire du tout. Pour cela, il faut sortir au maximum d’un système de consommation actuel. Mais on est d’accord, ces petits éco-gestes n’auront pas de poids s’il n’y a pas un jour une remise en question au niveau industriel.

Source : Reporterre.

Les canettes d'air pur

Ça ne vous dit peut être pas grand chose mais c’est pas des craques. Cette histoire se passe en Chine en 2013. Alors que le pays est en proie à un nouveau pic de pollution, le milliardaire chinois Chen Guangbio investit dans le concept de canettes d’air pur provenant du Tibet qu’il vendait alors l’équivalent de 60 centimes d’euros la canette.

Source : Le Monde.

On aurait pu faire un top 100 en parlant aussi des crédits carbone alloués aux entreprises (un système de compensation qui permet aux industriels de payer des « taxes » pour continuer à polluer) et plus globalement de toutes les techniques de greenwashing mises en place dans la communication des grosses entreprises qui se vantent de faire des burgers veggie ou d’offrir des pailles recyclables (non, non vraiment je ne cite personne)… Tout ça pour dire qu’il n’existe pas de capitalisme vert ni d’industrie écologique. BAD NEWS ! Si on veut réduire vraiment et durablement notre empreinte carbone, il faudra changer un peu plus que nos habitudes.

Et sinon, il se trouve que j’ai écrit moi-même de mes propres mains un livre sur le dérèglement climatique, et même qu’il est un peu marrant donc le plus simple c’est que vous l’achetiez afin que je m’enrichisse sur le dos des voitures électriques.