La mode est affaire de souffrance ; le confort, lui, se nourrit de laideur. Mais qu’il est bon d’être à l’aise dans sa laideur ! Qu’il est bon d’oublier les apparences pour se concentrer sur le plaisir d’un jogging en laine au contact de la peau propre. A condition de retourner les miroirs.

Les leggings

Top ! Truc élastique vaguement en coton je moule les jambes à la manière d’un collant tout en revêtant le potentiel érotique d’un fruit de mer décoloré ; pratique pour faire du sport, je sers surtout à découvrir le haut non épilé des chevilles sur lesquelles je crée la marque de mon pouvoir élastique au travers d’un petit cercle. Je suis, je suis ?

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Il n'a pas souffert, promis

Les tongs

Top ! Bout de plastique vendu outrageusement cher pour ce que je suis, j’ai emprunté mon nom à une dynastie chinoise et laisse les personnes qui ont recours à mes services découvrir leurs pieds sales en ville ou à la plage et surtout se les ouvrir au moindre choc. Je suis, je suis ?

Les sarouels

Top ! Élément bouffant et bouffon prisé des citoyens du monde, je me gonfle d’arrogance et transforme toute cuisse non attentive en victime de soufflerie. Dépourvu de poche, j’ajoute à ma laideur mon absence de praticité ; pourvu de poches, je pends.

Les baskets de sport

TOP ! Chaussure micro-aérée permettant la pratique d’une activité physique, j’ai été détournée de mon objet premier par des adeptes du confort pour le confort qui applaudissent ma semelle compensée et ma structure en toile ; incapable de m’apparier avec un pantalon quelle qu’en soit la couleur, j’impose un look sporty à défaut de pouvoir m’intégrer.

Les pyjamas

TOP ! Ensemble anti-sexy composé d’une partie haute et d’une partie basse, je suis la promesse d’une belle nuit mais pas au sens où on l’entend habituellement. Chez les enfants, je suis la condition sine qua non d’un dimanche matin réussi ; chez les adultes, je suis la condition sine qua non d’une dépression.

Les pulls de noël

TOP ! Structure épaisse apportant à mes porteurs la chaleur qui manque à leur décor, je passionne le regard par mes motifs noélo-compatibles, amuse et réchauffe. Popularisé par l’Angleterre, je me joins à la longue tradition du mauvais-goût britannique et donne à mon porteur l’allure d’un bon petit pépère qui a bien mangé.

Les Crocs

TOP ! Enveloppe corporelle mi-rigide et mi-souple, je me décline dans tous les coloris de l’arc-en-vomi ; fourrée, je garantis la mycose du pied. Au naturel, je distille une ambiance de piscine municipale.

Les bobs

TOP ! Méduse de tissu posée sur des crânes rougeoyants, je protège mes porteurs des UVB tout en les exposant à la vindicte populaire. A Roland-Garros, je suis un signe de pauvreté dans la richesse ; ailleurs, je suis un sourire triste qui masque une grande solitude.

Les t-shirts années 80-90

TOP ! Textile informe recouvert de motifs psychédéliques, je brille par mon ironie et suis prompt à donner mal à la tête à ceux qui auraient le malheur de me croiser. Remis à la page par un revival difficile à accepter, j’étale mes motifs à la face du monde pour cacher les limites de celui qui me porte.

Les survêtements

Top ! Ancêtre du legging sans potentiel moulant, j’exhibe mon coton dégoulinant à la face du monde sans aucun état d’âme ; mon étiquette Compagnie de Californie ou Sport USA laisse entendre que je suis adapté à l’obésité nord-américaine.

C’est de toute beauté.