Le film d’évasion est un genre à part entière du cinéma et lui a donné plusieurs de ses chefs d’œuvre : c’est que dès qu’on mélange de la franche camaraderie, des injustices, des mauvais traitements, une idée géniale et sa réalisation alors qu’on n’a a priori aucune chance, on a un scénario qui généralement fonctionne bien. Et si ça fonctionne aussi bien, c’est aussi que la plupart des films d’évasion ne présentent pas des scénarios originaux mais sont basés sur les récits autobiographiques de personnes ayant réalisé une évasion spectaculaire. Du coup on apprend en s’amusant.

La Grande évasion de John Sturges (1963)

Le film, basé sur le récit autobiographique de Paul Brickhill, est assez proche de la réalité de cette tentative d’évasion spectaculaire au cours de laquelle des aviateurs de plein de nationalités ont visé à s’échapper d’un stalag allemand en 1943. Tous les personnages, au premier rang desquels Steve McQueen, inoubliable et très porté sur le frigo, sont inspirés de personnages réels. À noter que ce dernier réalise lui-même ses cascades à moto, sauf la dernière, jugées vraiment trop dangereuses, mais on ne vous raconte rien au cas où vous n’auriez pas vu ce chef d’œuvre.

Papillonde Franklin Schaffner (1973)

Basé sur le récit de l’ancien forçat Henri Charrière, Papillon raconte les multiples tentatives de son auteur, incarné là encore par Steve McQueen avec Dustin Hoffman en side kick. L’ambiance du bagne de Cayenne s’accorde avec un discours de très grande envergure sur la dureté du bagne et l’appel de la liberté. Un très grand film.

L'Evadé d'Alcatraz de Don Siegel (1979)

Récit de l’évasion spectaculaire de quatre hommes depuis la prison la plus sécurisée des États-Unis, à Alcatraz, le film de Don Siegel est resté très proche de l’histoire réelle, survenue en 1962. Clint Eastwood y incarne Frank Morris, le leader de l’évasion. Les hommes s’échappent en creusant un trou et à l’aide d’un radeau gonflable. À noter qu’ils n’ont jamais été retrouvés. Supposés morts dans la baie, les quatre hommes font toujours l’objet d’un avis de recherche aux États-Unis. Des témoignages récents laissent entendre qu’ils seraient en vie, les neveux et nièces des évadés ayant reçu des cartes postales de leur part plusieurs années après leur évasion.

Le Trou, de Jacques Becker (1960)

Meilleur film de Jacques Becker, Le Trou est adapté du bouquin de Giovanni qui a romancé sa réelle tentative d’évasion. Je ne dis rien sur le film parce qu’il est vraiment beaucoup trop extraordinaire pour que je vous le gâche, mais on peut en revanche parler un peu de José Giovanni, dont le parcours est dingue. Truand à l’origine du meurtre des frères Peugeot, proche de la Gestapo française pendant l’occupation, il est condamné à mort puis gracié à la libération et en prison à perpétuité. Il y écrit des livres, dont Le Trou, que son avocat présente à Gallimard et qui rencontrent un succès mondial avant d’être adaptés au cinéma. Finalement autorisé à sortir de prison, Giovanni devient scénariste, notamment pour Sautet ou Enrico, puis réalisateur et déroule un plaidoyer anti-carcéral tout au long de sa carrière, avant d’être rattrapé par son passé.

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Il est parti à la ferme des liens cassés pour prendre des petites vacances, il est avec tous ses copains, ne t'inquiète pas.

La Grande Illusion, de Jean Renoir (1937)

Le chef d’œuvre de Renoir s’inspire des récits d’évasion du Général Armand Pinsard, pilote de chasse fait prisonnier pendant la Première Guerre mondiale et ami de Renoir. D’abord intitulé L’évasion de Pinsard, le film s’éloigne finalement de la réalité stricto sensu pour faire exister de nombreux personnages extraordinaires, incarnés par des acteurs de la trempe de Gabin, Fresnay ou von Stroheim. Un très très grand film.

Un condamné à mort s'est échappé, de Robert Bresson (1956)

Un résistant arrêté par les Allemands se retrouve emprisonné en 1943 dans une prison de Lyon. Alors qu’il prépare son évasion, il doit compter sur un colocataire de cellule qu’il emmène avec lui. Le film, grandiose, est adapté du récit éponyme d’André Devigny, résistant arrêté par la Gestapo en 43, condamné à mort, et qui parviendra à s’échapper.

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Midnight Express d'Alan Parker (1978)

Très loin d’être mon film préféré de cette liste, Midnight Express n’en demeure pas moins un témoignage (assez romancé) d’une histoire vraie, celle d’un type condamné à mort en Turquie parce qu’il transportait de la drogue. Le film prend ses distances avec le bouquin autobiographique de son personnage principal, Billy Hayes, notamment sur la fin où pour des raisons scénaristiques, on a rajouté tout un tas de détails archi-faux impliquant des meurtres et tout le toutim.

Argo de Ben Affleck (2015)

Histoire de l’exfiltration de 6 employés de l’ambassade américaine à Téhéran réfugiés dans la ville à l’heure où l’ambassade a été prise d’assaut par les partisans de Khomeini, le film de Ben Affleck est basé sur les archives déclassifiées de la CIA. En effet, jusque sous l’ère Clinton, l’opération d’exfiltration avait officiellement été menée par les autorités canadiennes. Une histoire assez dingue portée par des acteurs qui font le taf.

Les Chemins de la liberté de Peter Weir (2010)

Le film raconte l’évasion de 7 prisonniers d’un camp de travail sibérien et leur épopée au travers de 6000 km en Asie centrale pour parvenir en Inde où ils seront protégés par le protectorat britannique. Le film est adapté d’À marche forcée, récit de Szawomir Rawicz d’une évasion similaire qu’il a clamé avoir réalisée. En réalité, dès sa sortie en 1956, le récit a été critiqué et les études actuelles estiment qu’il s’agit bien d’un récit autobiographique que l’auteur a volé à un autre détenu, Witold Glinski.

Mesrine de Jean-Francois Richet (2011)

Si le film n’est pas à proprement parler un film d’évasion, il est ponctué de scènes d’évasions spectaculaires réalisées par Mesrine et ses potes tout au long de la carrière du truand. On pense notamment à celle au cours de laquelle l’ennemi public numéro 1 attaque une prison canadienne avec une artillerie absolument dingue pour tenir sa promesse de faire sortir ses codétenus. Et bien sûr tout est authentique.

Moi, pour l’évasion, je regarde National Geographic.