C’est un sentiment d’abandon puissant qui te saisit lorsque, après plusieurs nuits blanches à mater ta série, tu la finis enfin. Comment survivre à cette période de tristesse infinie ? Comment retrouver le goût des choses et l’envie de sortir de chez toi quand l’univers merveilleux dans lequel tu t’étais réfugié depuis plusieurs jours disparaît ? Avant de retrouver la joie de vivre, il est évident que tu devras passer par plusieurs étapes de deuil. Les voici. (Et non, on en fait pas trop.)

LE DÉSESPOIR : on est brutalement abandonné par tous ces foutus personnages auxquels on s'était attaché.

C’est le choc. On quitte soudainement le monde de la fiction pour rejoindre la réalité fade et triste. On doit composer à nouveau avec notre existence passablement moyenne d’être humain médiocre et mortel. Finir une série, c’est se prendre une grosse claque dans la gueule qui signifie « Réveille-toi grosse larve et va ranger ta chambre. » C’est très violent. On avait passé d’interminables soirées en compagnie de tous ces personnages, on avait découvert leur quotidien, leurs traits de caractère. Et du jour au lendemain, on est tout seul face à un écran noir. C’est trop dur.

LE DÉNI : on stalke les acteurs sur Twitter, on va mater des interviews d'eux, bref on les fait vivre dans notre cœur

On ne veut vraiment pas se séparer d’eux. On s’obstine à les faire survivre dans notre esprit. On trouve des subterfuges pour que dure encore le plaisir ressenti lorsqu’ils apparaissent sur nos écran. Par exemple, en écoutant des interviews d’eux qui parlent de leur rôle ou qui racontent de petites anecdotes de tournage. Souvent, on est déçu parce qu’on est face à la vraie personnalité de l’acteur qui n’a parfois rien à voir avec son personnage. On découvre avec effroi que cet espèce de sociopathe misanthrope dans la série est en fait un type hyper extraverti et sympathique dans la vraie vie. Et ça fait mal.

LA REMISE EN QUESTION : on s'demande bien ce qu'on va bien pouvoir foutre à la place de binge-watcher la série

Lire un bouquin ? Mmmmh, nah. Regarder TPMP ? Vraiment pas. Bosser nos partiels parce qu’on a accumulé un retard monstrueux ? Jamais. De. La. Vie. On se laisse doucement dépérir, avachi dans son canapé ou dans son lit sans espoir réel de trouver un substitut d’activité suffisamment attrayant… On scrolle son fil d’actualité « Facebook » sans conviction… Peut-être qu’on l’a regardée trop vite cette série ? Peut-être qu’on aurait dû moins s’emballer, être raisonnable, ne pas se précipiter en s’enfilant tous les épisodes à la suite.

LA NOSTALGIE : on se repasse en boucle certaines scènes que l'on a particulièrement aimées

Et c’est froutrageusement (non ce mot n’existe pas, faites pas les relous) stupide parce que TU LA CONNAIS DÉJÀ LA FIN BORDEL DE CAKE. Sachez qu’il existe également un type particulièrement vénère d’endeuillé de la série: celui qui est capable de se retaper intégralement toutes les saisons sans oublier un seul épisode. Ça je comprends pas, mais alors pas du tout du tout. Y a aucun suspense.

L'ACCEPTATION : C'est fini, c'est vraiment fini. Il n'y aura pas de 8ème saison.

Et puis, soyons honnêtes, cela a faisait plusieurs saisons que la série s’essoufflait gravement. L’intrigue s’étirait indéfiniment et tu n’en pouvais plus des rebondissements incessants. De toute évidence, c’est par pure nostalgie que tu t’évertuais à continuer de mater les épisodes suivants. Du coup, cette absence de suite est plutôt positive, elle te permet de garder le souvenir intact de cette belle fusion qui existait entre toi et ta petite série. Enfin surtout entre toi et ton ordinateur. Non parce que crois-moi que le réalisateur de la série, le producteur et les acteurs se contre-cognent de ton existence. Sorry

LE SEVRAGE : on arrête de mater Netflix pendant un petit moment

On s’éloigne de tout ça. On essaie de vivre sans. On se concentre sur ses études et sur ses potes (oui, surtout sur ses potes). On reprend contact avec la réalité petit à petit. Le but, c’est de se changer les idées, d’oublier ce bon vieux Dexter, de faire un trait sur le boule de Tokyo et d’effacer de son esprit le visage parfait de Daenerys. Lorsque l’on croise un article sur le web qui en parle, on s’abstient avec force et honneur de cliquer dessus afin de ne pas remuer le couteau dans la plaie. Du passé, l’on doit faire table rase.

LA RECONSTRUCTION : On découvre une nouvelle série

Alors qu’on pensait que, jamais plus, on ne parviendrait à se plonger dans une série avec autant de ferveur, on s’attarde quelques minutes sur un teaser plutôt intriguant. Un teaser qui nous donnerait presque envie de regarder quelques épisodes de cette nouvelle fiction… On sent son petit cœur battre à nouveau et on s’empresse de démarrer cette nouvelle aventure. Parfois, on se lasse dès le pilote et on passe à la prochaine. Et puis fois d’autres, on accroche bien et on la continue pendant plusieurs saisons. Et c’est ça qu’c’est beau.

Ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est qu’on parvient toujours à se remettre d’une fin de série rude. Et qu’on n’en vivra bien d’autres des épisodes finaux difficiles à vivre. Alors on se relève et on retourne torpiller Netflix. Et plus vite que ça.