On imagine souvent les élèves comme les premiers ennemis des profs. Des types qui seraient prêts à tout pour ne pas aller en cours et se félicitent de voir les profs dans la merde. Quitte même à rire des memes sur la dure vie de prof ou à se féliciter que les profs soient moins bien payés en France que dans les autres pays européens. Et bah non : en fait, ils sont sympas les élèves et même qu’ils se mobilisent pour aider les profs.

Quand des lycéens canadiens se mobilisent pour éviter les coupes budgétaires

En novembre 2019, plus de 200 étudiants d’un lycée de Calgary ont défilé dans les rues de la ville pour soutenir les professeurs menacés d’une immense coupe dans leurs effectifs : une semaine auparavant, le Calgary Board of Education avait annoncé la résiliation de 300 contrats de profs vacataires suite à une réduction drastique du budget provincial de 32 millions de dollars canadiens. Les élèves avaient à cœur de défendre l’investissement et la qualité du travail de leurs profs. La mobilisation a porté ses fruits : après examen du budget par une entité indépendante, les annulations de contrats ont été à leur tour annulées et les profs ont pu garder leurs jobs.

Les lycéens qui manifestent contre le renvoi d'un prof qui a donné un devoir non-raciste comprenant le mot "nègre"

Toujours en novembre 2019, plusieurs lycéens ont organisé une journée de grève après la mise à pied d’un prof d’anglais qui de la Cane Ridge High School à Antioch ; celui-ci était en effet accusé par plusieurs parents d’avoir donné un devoir raciste à faire à une de ses classes. Or, ce devoir était tout sauf raciste : après un débat sur le film Fences et la diversité dans la société américaine, le prof avait demandé à ses élèves de remplir un devoir dans lequel on leur demandait d’expliquer en quoi le mot « nègre », utilisé abondamment dans le film, était un terme raciste – ainsi que d’autres questions du même acabit. Aux Etats-Unis, ce mot, résumé désormais en « n-word » est considéré comme tellement offensant qu’on ne peut pas le prononcer, même pour le critiquer.

Les lycéens mobilisés contre le renvoi de deux profs parce qu'ils sont gays

Tout récemment, les lycéens de la Kennedy Catholic High de Burien, dans l’Etat de Seattle, ont organisé un sitting dans les couloirs de leur lycée et ont refusé d’assister aux différents cours après que deux de leurs profs ont été poussés à la démission par la direction de l’établissement. La raison ? Les deux profs venaient de se fiancer avec une personne du même sexe. Les parents des élèves les ont rejoints pour une manifestation improvisée devant le lycée. Ça fait du bien de voir ça.

Les lycéens qui se mobilisent contre les conditions de travail de leurs profs

En octobre 2019, les profs du lycée Van-Der-Meersch de Roubaix ont entamé une grève pour protester contre leurs conditions de travail très difficiles : réduction d’effectifs, classes de plus en plus nombreuses et impossibilité à exercer correctement leur travail de service public. Rapidement, un sixième des 600 élèves de l’établissement les ont rejoints afin d’interpeller les pouvoirs publics et le rectorat. A noter que le lycée Van-Der-Meersch est également l’un des plus mobilisés contre la réforme des retraites.

Tout un collège mobilisé pour une prof en fauteuil roulant

En janvier 2018, tous les élèves (et tous les profs) du lycée Lakanal, à Colombes, a débrayé une heure pour soutenir une enseignante d’espagnol de 32 ans handicapée de naissance. Celle-ci se voyait en effet confrontée à un changement de transporteur décidé par le rectorat compliquant très fortement ses déplacements vers le lycée et l’empêchant, par exemple, de pouvoir assister aux conseils de classe en soirée. C’est d’ailleurs un ancien élève du collège qui a alerté Le Parisien et permis de donner de la visibilité au problème. En attendant que le rectorat bouge et propose une solution, ses collègues se relayaient pour l’emmener et la ramener chez elle.

Des étudiants de SciencesPo mobilisés contre le départ d'un prof

Sur le campus SciencesPo de Reims, le programme euro-américain était administré par Olivier Ruchet jusqu’en novembre 2016, date à laquelle la direction de l’établissement a annoncé aux élèves par courriel le départ du professeur décidé à l’initiative du Conseil d’administration pour des raisons confidentielles. Les étudiants se sont immédiatement mobilisés, une pétition allant jusqu’à recueillir 750 signatures. Les soupçons des organisations étudiantes portaient alors sur un désaccord entre Olivier Ruchet et la direction quant à la réforme du Collège Universitaire.

Les élèves qui soutiennent la grève des profs à Montmorency

Lors de la rentrée 2019, la quasi-totalité des enseignants du lycée de Montmorency faisaient grève pour protester contre le manque de visibilité induit par la réforme du bac. Une grève auquel les élèves se sont rapidement joints, soutenant « à 100% » les profs qui se battaient contre la désorganisation générale. Une semaine après la rentrée, les élèves n’avaient toujours pas leur emploi du temps pour l’année à venir alors même que le bac se profilait à la fin de l’année.

Les élèves mobilisés contre la mise à pied d'un prof accusé d'avoir critiqué ses collègues

En février 2016, Stéphane Furina, un prof d’anglais du Nord a été mis à pied par sa direction après la publication d’un ouvrage intitulé Profs, pires que les élèves. Pourtant, le prof était à la fois bien noté par sa hiérarchie, apprécié par ses collègues et surtout aimé des élèves qui le voyaient comme un excellent pédagogue à leur écoute et très disponible. Aussitôt, les élèves ont alerté leurs parents sur cette mise à pied et ont fait signer une pétition qui n’a pas tardé à recueillir plus de 2000 signatures.

Des collégiens péruviens au secours de leurs profs

En 2017, de nombreux professeurs péruviens se sont mis en grève pour demander une revalorisation de leur traitement et une amélioration de leurs conditions de travail, notamment dans les zones rurales. A Huancayo, une ville moyenne des Andes, cette mobilisation a été immédiatement soutenue par les élèves du secondaire qui ont défilé dans les rues sous la protection de la police pour relayer et amplifier ces revendications dans un pays où l’éducation est l’un des enjeux majeurs du développement pour les années à venir.

Quand les élèves bravent tous les dangers pour soutenir leurs profs en grève

En septembre 2019, les profs ont effectué des grèves massives à Medellin pour protester d’une part contre leurs conditions de travail mais surtout contre l’assassinat de leaders syndicaux par les cartels, parmi lesquels on comptait de nombreux enseignants. Malgré les menaces émanant des institutions académiques et, plus préoccupantes, des cartels (du genre : « il est temps de nettoyer ce pays, mort à tous les collaborateurs des guérillas qu’on appelle leaders syndicaux et sociaux », bonne ambiance), les étudiants de L3 se sont joints au mouvement, organisant même des ateliers pour recueillir de l’argent à fins d’être utilisés pour l’amélioration des conditions d’enseignement.

Comme quoi les élèves ne sont pas tous des petits ingrats.