Champollion a déchiffré les hiéroglyphes avec la pierre de Rosette et une sacrée pelletée de patience. Mais il existe tout un tas d’autres systèmes d’écriture dont on n’a jamais réussi à percer le secret. Les mecs écrivaient des trucs sans penser à joindre une notice pour ceux qui auraient oublié leur langue des siècles plus tard, et hop ! Toutes leurs pensées étaient perdues. Pas de bol. Faudra être prévoyant, à l’avenir.

L'écriture de l'Indus

Associée à la civilisation de la vallée de l’Indus qui, comme son nom l’indique, vivait sur le territoire indien il y a un paquet d’années (de moins 2600 à -1900, soit un gros paquet, même), l’écriture de l’Indus consiste en une série de signes qui se suivent, généralement moins de 10, retrouvés gravés sur des sceaux, notamment. 4000 objets ont été découverts présentant un système d’écriture similaire, composé de plusieurs centaines de signes qui n’ont jamais été décodés depuis leur découverte par Alexander Cunningham en 1875. Il n’existe aucun texte bilingue et on n’arrive pas clairement à rattacher cette écriture à un autre système linguistique connu.

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Les écritures mésoaméricaines

Ces systèmes utilisés par les civilisations américaines avant l’invasion européenne n’ont pour la plupart pas été décodés. On connaît assez bien le système maya, mais pas les systèmes olmèque ou zapotèque, par exemple. Utilisées jusqu’à 1500, les écritures mésoaméricaines consistent en plusieurs symboles et pictogrammes dont on ne sait pas trop décoder le sens, faute de s’y être intéressé lors de la conquête plutôt que de massacrer tout le monde.

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Le rongo-rongo

Ce système d’écriture polynésienne a été actif jusqu’en 1860. Il se décline en 120 idéogrammes assez clairs puisqu’ils représentent très clairement des animaux, des plantes et des formes géométriques. On ignore s’ils servaient simplement de moyens de mnémotechnique séquentiels ou d’un système d’écriture plus complexe. On sait en revanche que les lignes se lisaient de gauche à droite puis de droite à gauche en descendant les lignes et que la répétition de symboles pourrait correspondre à l’existence de litanies religieuses ou de refrains. Pour le reste, on ne sait rien.

Crédits photo (Domaine Public) : Rongorongo_B-v_Aruku-Kurenga_(color).jpg: unknown

Les écritures de Khitan

Cette écriture du X° siècle était utilisée au Nord-Est de la Chine par les locuteurs du khitan, une langue dérivée du mongol. Certains caractères sont directement issus de l’alphabet chinois, mais on ne sait s’ils revêtaient la même signification ou non en khitan. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne sait rien.

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L'écriture du manuscrit de Voynich

C’est une histoire assez marrante, et l’on ignore s’il s’agit d’une arnaque ou non. Le manuscrit de Voynich a pris ce nom après sa découverte, en 1912, par un antiquaire, Voynich. Ce manuscrit de plus de 230 pages est entièrement rédigé dans une écriture que personne ne connaissait. Des mentions de ce manuscrit sont faites dans la littérature du XVII°, mais la datation au carbone 14 a permis de déterminer son origine, qui remonte donc au XV° siècle. Il s’agit a priori d’un traité de médecine médiévale, mais personne ne sait d’où vient l’alphabet qui a servi à sa rédaction ni ne s’est montré capable d’en déchiffrer le contenu.

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Le syllabaire chypro-minoen

Datant de 1500 avant JC, ce syllabaire était utilisé sur l’île de Chypre à l’âge de Bronze. Sa ressemblance avec les caractères du Linéraire A, utilisés en Crète minoenne explique le nom qui lui a été attribué au XX°. 250 objets ont été trouvés présentant des textes rédigés sur la base de ce système d’écriture, sans que l’on ne soit jamais parvenu à en piper mot.

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Le Linéraire A

On en parlait il y a cinq secondes, le voilà le Linéaire A était une écriture potentiellement syllabaire utilisée vers moins 1900 en Crète. Evoluant vers le Linéaire B, qui, lui, a été déchiffré, le Linéaire A résiste encore aux tentatives des spécialistes. Il s’agit de hiéroglyphes dont certains ont été décodés sans pour autant que les textes retrouvés fassent sens à nos oreilles modernes. Le problème, c’est que toutes les inscriptions retrouvées sont super courtes, ce qui accentue les difficultés de déchiffrement, sans compter que l’écriture se lit de temps en temps de gauche à droite et de temps en temps de droite à gauche.

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L'Elamite linéaire

Datant de 2200 avant JC, l’Elamite linéaire était utilisé dans le royaume d’Elam (au Sud de l’actuel Iran), mais pas pendant longtemps, a priori, puisqu’on n’a retrouvé que 20 textes utilisant le système. La plupart des textes sont par ailleurs bilingues avec le cunéiforme akkadien, qui était aussi utilisé à l’époque. On comprend donc le contenu des textes sans pour autant déchiffrer le code. En plus, les transcriptions de la langue élamite ne font pas toutes appel à l’Elamite linéraire, puisque d’autres systèmes correspondant à la même langue ont été découverts dans d’autres régions limitrophes.

Le disque de Phaistos

Trouvé en Crète en 1908 et datant de 1600 avant JC, le disque de Phaistos présente tout simplement un système d’écriture dont on ne sait rien à part qu’il date de la période minoenne. On suppose que ces inscriptions correspondent à un texte, du moins, car l’absence totale d’autres objets présentant un système d’écriture similaire rend quasiment impossible toute tentative de déchiffrement et donc de vérification des nombreuses théories avancées par le chercheurs. Pas pratique.

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Les inscriptions du kourgane de Iessik

Datant du IV ou du III° siècle avant JC, le kourgane de Iessik est un site funéraire situé dans l’actuel Kazakhstan. Découvert en 1969, le site abrite de nombreux bijours, mais aussi une inscription présente sur une coupe d’argent dont on ignore la langue. Il s’agit d’une variante de l’alpahbet kharosthi qui devait être utilisée dans la région pour transcrire un dialecte scythe. Mais on n’en a jamais découvert d’autre occurrence, aussi toute explication demeure-t-elle théorique.

Et dire qu’un jour des gens tomberont sur ce top et ne comprendront rien. Ca fait mal au coeur.