Quiconque a déjà regardé Mindhunterconnaît plus ou moins l’histoire du profiling à l’américaine et la manière dont le FBI s’est mis en tête, au milieu des années 70, de définir des archétypes de tueurs en série pour mieux les identifier (si vous n’avez pas regardé la super série Mindhunter, il est temps de le faire). Depuis, les typologies ont évolué et plusieurs grilles de lecture concurrentes et/ou complémentaires sont utilisées par les forces de police dans le monde entier. Les voici.

Le modèle de Ressler

Le tueur organisé

Robert Ressler distingue deux types principaux de serial killers : les organisés et les désorganisés. Les organisés correspondent au canon du tueur littéraire et cinématographique : il est intelligent, inséré socialement, a souvent une vie sexuelle et un travail normaux. Son passé est souvent le même : une famille plutôt stable où il était fils unique ou aîné de la fratrie, mais avec un mal-être difficilement détectable et avouable. Son passage à l’acte est souvent déclenché par un événement extérieur véhiculant du stress (dette, deuil). Le tueur organisé planifie son crime et peut consommer de l’alcool pour se donner le courage de tuer. Il choisit une victime inconnue, la soumet et lui tient un discours cohérent avant de la tuer, laissant le minimum de preuves derrière lui et procédant souvent au déplacement du corps, lequel sera soit caché, soit mis en scène en vue de sa découverte. Le tueur organisé essaiera tant que faire se peut de suivre l’évolution de l’enquête dans les médias.

Exemple le plus proche : Le BTK killer.

Le tueur désorganisé

Au contraire du tueur organisé, le tueur inorganisé est d’une intelligence moyenne ou basse. Il vient d’une famille instable et a eu une enfance difficile. Peu inséré socialement, il n’a pas de relations amoureuses ou sexuelles normales et la plupart du temps pas de travail. Il vit seul et tue spontanément, généralement une personne de son entourage dans un espace qui lui est proche. La violence qu’il déploie est immense et le tueur désorganisé dépersonnifie totalement sa victime pour s’épargner la culpabilité. Généralement, il laisse la scène de crime en état, sans mise en scène, en grand désordre et sans se soucier d’éventuels indices qui permettraient de l’identifier. Le tueur désorganisé peut pratiquer des abus sexuels post-mortem et ne suit pas l’avancée de l’enquête dans les médias.

Exemple le plus proche : Francis Heaulme.

Le profil mixte

Ces deux catégories sont souvent inopérantes car il est très courant que les tueurs combinent un peu de ces deux profils. Ted Bundy, par exemple, a le profil d’un tueur très organisé tout en pratiquant des agressions sexuelles post-mortem sur ses victimes. A l’inverse, un homme comme Emile Louis sera parvenu à dissimuler les corps et ainsi échapper à la justice pendant des années en dépit d’une propension à commettre des meurtres par impulsion.

Le modèle de Bézénech

Le tueur psychopathe

Pour le psychiatre Michel Bézénech, le premier modèle doit être affiné en fonction des orientations psychologiques du tueur. Il distingue ainsi le tueur psychopathe du tueur psychotique. Le premier, le psychopathe, se caractérise souvent par son enfance violente avec un père abusif, sa propension à avoir gravi un à un les échelons de la délinquance sans pour autant avoir eu d’antécédents psychiatriques. Il boit et/ou se drogue, vit en couple, a des épisodes violents connus. Il choisira ses cibles dans un cercle familier, préméditera son crime, pratiquera des actes de torture sur ses victimes, emportera l’arme du crime avec lui et de manière générale s’organisera pour échapper à la police (dissimulation du corps, recherche de complices pour se fournir un alibi…) Le tueur psychopathe est responsable pénalement et pourra tuer sur de longues périodes de temps, à échéances irrégulières.

Exemple : Nordahl Lelandais.

Le tueur psychotique

A l’inverse, le tueur psychotique aura souffert d’une mère abusive et d’antécédents psychiatriques chroniques. Il aura peu de chances d’avoir commis des délits dans le passé avant son passage à l’acte, souvent lié à une camisole médicamenteuse insuffisante ou défectueuse. Solitaire, le tueur psychotique est socialement isolé et ne prémédite pas ses crimes. Le meurtre est généralement très violent et commis avec ce qu’il trouve sous la main ; il ne torturera que rarement la victime et ne lui parlera pour ainsi dire pas mais fera potentiellement preuve de sadisme sexuel. Le tueur psychotique présente des symptômes hallucinatoires et perd le contrôle avec la réalité. Il abandonnera le cadavre en l’état et sera tenté de se suicider après avoir commis ses crimes. Si ce n’est pas le cas, le tueur psychotique aura tendance à multiplier les crimes très rapidement, sur un temps très court et ce jusqu’à son arrestation.

Exemple : Roberto Succo.

Les 4 types de mobiles

L'hallucination

Quand un tueur en série est motivé par des hallucinations, il perd le contrôle de la réalité. Il croit souvent que ses meurtres lui ont été commandés par une force supérieure à laquelle il ne fait qu’obéir.

Exemple typique : Le fils de Sam, David Berkowitz, qui croyait recevoir des instructions de la part d’un démon s’exprimant au travers du chien de son voisin.

L'hédonisme

Les serial killers hédonistes sont en recherche permanente de plaisir et d’excitation. Ils tirent donc une satisfaction jubilatoire de leurs crimes et tendent à considérer leurs victimes comme des instruments seulement utiles à l’accomplissement de leurs besoins. Cette catégorie peut-être subdivisée en trois ensembles : les serial killers à dominante perverse, les serial killers en recherche de sensations fortes et les serial killers qui doublent leur pulsion d’un mobile crapuleux (le vol).

Exemple typique : Jeffrey Dahmer, qui cherchait à transformer ses victimes en zombies vivants mais incapables de bouger en leur injectant de l’acide dans le cerveau avant de les abuser sexuellement.

La mission

Certains serial killers justifient leur comportement antisocial en expliquant qu’ils oeuvrent à l’amélioration du monde en annihilant un type de personnes (les prostituées, les homosexuels, les musulmans…) Ils se considèrent comme un instrument de justice et n’éprouvent donc aucune culpabilité pour leurs crimes, lesquels devraient au contraire leur attirer l’admiration de la société.

Exemple typique : Le Rainbow Killer qui a tué 13 homosexuels dans un parc du Brésil entre 2007 et 2008 sans jamais être identifié.

La recherche de pouvoir et de contrôle

Les serial killers qui cherchent à contrôler leurs victimes sont généralement des enfants abusés qui ont le sentiment de n’avoir pas la main mise sur leur vie. Dans ce cas, le viol n’est pas le résultat d’un désir sexuel mais une forme de domination supplémentaire que le tueur exerce sur sa victime, se prouvant ainsi qu’il peut être le patron.

Exemple typique : Ted Bundy était obsédé par cette idée de contrôle, et jusqu’à insister pour exercer lui-même sa défense pendant son procès, muselant ses avocats.

Et vous, quel serial killer êtes-vous ? (ceci est un vrai quiz mais pour de rire).