Les dictateurs font peur. Ils terrifient leur population, musèlent l’opposition, mettent leurs couilles sur la table, tapent du poing sur la table, font gaffe à leurs couilles du coup, fomentent des assassinats politiques, font des alliances avec l’armée, puis se font renverser comme des merdes à force de se croire trop forts et trop malins. C’est le principe même de la routourne qui va tourner. On peut en rire, a posteriori.

Manuel Noriega ou le mec qui a essayé de faire le malin avec les Américains

Agent de la CIA et militaire panaméen, Noriega dirige le service de renseignement du pays, participe au coup d’Etat qui renverse Arias et devient tout simplement le mec qui fait le plus peur dans le pays. Sans jamais occuper réellement la tête du pays, il le dirige de fait et c’est bien pratique pour les Etats-Unis qui s’appuient sur lui pour armer les contras nicaraguayens ; en échange, Noriega s’enrichit grâce au trafic de drogue et ne se sent plus péter. Tout ça marche parfaitement jusqu’à ce qu’en 1987, Noriega décide tout à coup de s’opposer aux Etats-Unis qui lui demandent d’y aller un peu mollo sur le n’importe quoi. Ca ne tarde pas : il est condamné pour trafic de drogue et pour haute trahison (on le soupçonne d’avoir livré des informations confidentielles à Cuba) aux Etats-Unis. Oupsie… En 1989, Noriega se fait élire président et déclare carrément la guerre aux Etats-Unis. Lol. Les Etats-Unis envahissent le Panama, 3000 civils meurent et Noriega est arrêté non sans été assiégé pendant plusieurs jours en diffusant des titres de punk rock à ses assaillants. N’importe quoi.

Crédits photo (Domaine Public) : U.S. Marshals Service in Miami, Florida

Jean-Bedel Bokassa, les uniformes de la discorde

On le sait, Bokassa était un dingo. Ancien militaire de l’armée française, il pensait pouvoir compter sur les copains jusqu’à la fin, même après avoir pillé les ressources de son pays, même après s’être fait sacrer empereur de Centrafrique. Il tenait le pays, jusqu’à ce qu’il décide d’imposer les uniformes à l’école. Mauvaise idée : les Centrafricains étaient pauvres et n’avaient pas les moyens d’acheter des uniformes pour tous leurs enfants. Manifestations maousses ; d’abord rétif à l’idée de réprimer les populations, Bokassa finit par céder aux injonctions de l’armée et le sang coule massivement. Bokassa limoge alors de nombreux officiers et s’isole totalement. La France décide alors d’aider les opposants. Profitant d’un voyage de Bokassa en Libye chez son pote Kadhafi, le SDECE bloque l’aéroport de Bangui et fait chuter l’Empire. Tout ça pour des uniformes.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Bokassa_with_Ceausescu.jpg: unknown, image comes from the National Archives

Salazar, le type qui ne savait pas qu'on l'avait écarté du pouvoir

Dictateur intransigeant, Salazar prend un coup dans la gueule lorsqu’un de ses opposants politiques, Henrique Galvao, détourne un paquebot de croisière pour dénoncer le pouvoir portugais avec la bienveillance de la communauté internationale. Ensuite, Salazar fait des mauvais choix : il fait assassiner son principal adversaire, le général Delgado, et l’opinion commence à très sérieusement espérer son départ. D’autant qu’il fait un AVC en 1968. Devenu semi-légume, il est remplacé par Marcelo Caetano, mais personne ne le lui dit ; il croit qu’il exerce encore le pouvoir. Salazar meurt deux ans plus tard, en 1970 et le pouvoir sera renversé en 1974 lors de la Révolution des Oeillets.

Crédits photo (Domaine Public) : Manuel Alves de San Payo

Videla, fallait pas déconner avec Thatcher

La guerre la plus débile du monde. Falklands ou Malouines, un archipel avec des moutons, rien de plus, au Sud de l’Argentine. Un archipel à pavillon britannique, même si l’Argentine, l’ancien taulier, n’a jamais cessé d’en revendiquer le territoire. D’un côté, la dictature argentine connait un coup de mou ; de l’autre, Thatcher qu’on ne surnommait pas « la déconneuse ». Videla décide d’envahir les Malouines. Il débarque ses troupes et ne rencontre aucune opposition. Thatcher pourrait laisser pisser, mai son ne la surnommait vraiment pas la déconneuse. Elle envoie la marine. Les tentatives de médiations internationales échouent, parce que les deux parties ont tout à gagner à faire la guerre. La dictature veut se relancer en désignant un ennemi, et Thatcher est en ballotage pour les prochaines élections. Boum. L’Angleterre écrase l’Argentine en bafouant au passage quelques règles élémentaires du droit international, et on n’en parle plus. 700 morts pour rien côté argentin : Videla ne s’en remettra pas. Dès l’année suivante, il est écarté du pouvoir. On fait moins le malin.

Crédits photo (Domaine Public) : Edgardo E. Carbajal

Quand tu confies ton empire à la mauvaise personne

Jean VI régnait sur le Portugal et sur le Brésil ; mais l’irruption des troupes françaises au Portugal et une vague de contestation libérale avaient contraint le roi et sa famille à déménager leur royal postérieur à Rio de Janeiro. Mais la vague libérale gagne le Brésil et la convocation des Cortès, au Brésil, nécessite le retour du roi à Lisbonne. Bref, Jean VI rentre au bercail et laisse la régence du Brésil à son fils, Pierre. Sauf que Pierre vivait au Brésil depuis ses 9 ans, autant dire toute sa vie. Il était bien davantage brésilien que portugais. En 1822, alors qu’il essaie de transiger face à l’opposition libérale, il est lâché par Lisbonne. Bah il s’emmerde pas Pierre : il déclare directos l’indépendance du Brésil. Tout le monde est content et bye-bye l’empire.

Crédits photo (Domaine Public) : Simplício Rodrigues de Sá

Soeharto, quand la conjoncture économique ne t'aide pas

Au pouvoir en Indonésie depuis 1966, le dictateur Soeharto n’avait pas du tout du tout vu venir la crise financière asiatique de 1997. Il pouvait pas trop voir venir puisqu’en 30 ans il s’était sucré 40 milliards de dollars avec sa famille tout en obtenant de bons résultats dans la lutte contre la pauvreté à la faveur d’une croissance exponentielle (ah et en tuant quasiment un million d’opposants, notamment des islamistes). Les étudiants sont les premiers à se mobiliser pour lui demander de quitter le pouvoir, récupérant le mot d’ordre que Soeharto avait utilisé en 1966 contre l’ancien dirigeant afin de l’engager à se tailler. Puis c’est la population, et les manifs deviennent émeutes. En 1998, Soeharto démissionne. Comme quoi, la violence et le pouvoir autoritaire, ça marche tant que y’a de la thune.

Crédits photo (Domaine Public) : State Secretariat of the Republic of Indonesia

Muhammad Zia-ul-Haq, BOUM

En 1976, chef des armées pakistanaises, Zia renverse le président et prend le pouvoir. Il instaure un état islamique et envisage même de revenir au califat pour faire propre. Très répressif, son régime était appuyé par les Américains à qui il avait bien rendu service pendant la guerre soviético-afghane en servant de base de transits pour les armes fournies officieusement par les Etats-Unis aux Afghans. Bref, tout se passait bien quand, en 1988, Zia a pris l’avion avec des diplomates américains. Et s’est crashé comme une merde avant d’atteindre la base militaire où il se rendait. Peu après, la démocratie était rétablie.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : Dr. Azeem Alam Khan

Yuan Shikai, le type pas contrariant

En plein essor révolutionnaire, la Chine se cherche un leader. Ce sera Yuan Shikai : il négocie avec les révolutionnaires affaiblis et obtient le titre de Président de la république en échange de l’écartement du pouvoir de l’empereur enfant. Bref, le type est pépouze, jusqu’aux élections qui donnent une large majorité aux nationalistes et à leur chef de file, Sun Yat-sen. Celui-ci propose une alliance à Yuan, mais Yuan préfère le faire assassiner. Ensuite, il dégage toutes les instances démocratiques et installe un pouvoir autoritaire. Vous inquiétez pas, la routourne va tourner. Entouré de monarchistes, Yuan titille l’idée de rétablir l’empire et de se nommer empereur. Allez, il la tente : en 1915, il se proclame empereur à vie. C’est court, la vie : tous les subordonnés militaires se révoltent, aidés par les révolutionnaires et, trois mois plus tard, Yuan doit démissionner, non sans avoir préalablement proposé de se renommer président et on n’en parle plus. Il meurt en 1916 alors que la République est rétablie.

Crédits photo (Domaine Public) : Not stated, marked as "Copyright 1913 The Bobbs-Merril Company"

Miguel Primo de Rivera, soli solitude

En 1923, à la faveur d’un pouvoir espagnol affaibli par les anarchistes, le militaire Miguel Primo de Rivera fait un coup d’Etat à Barcelone. Petites escarmouches pas méchantes, installation au pouvoir. Inspiré par Mussolini, Primo de Rivera instaure un Directoire militaire et abolit le parlementarisme, sans pour autant être très très méchant. Profitant de l’embellie économique, il s’installe durablement et finit par faire de fausses ouvertures démocratiques afin de mieux présenter sur la scène internationale. Et là CLIC CLAC crise de 29 ; c’est la merde. Il fait face à une vague de coups d’Etat dans l’armée et décide de se soumettre à l’approbation de ses pairs. Sauf que personne ne lui répond. Personne ne lui demande de rester. Rivera s’exile à Paris et meurt du diabète. Pobrecito.

Crédits photo (CC BY-SA 3.0) : UnknownUnknown

Trujillo, intransigeant

A la tête de la République dominicaine depuis 1930, fils de pute absolu selon les mots de Roosevelt lui-même, Trujillo aimait vraiment beaucoup le pouvoir. Quand Kennedy prend la tête des Etats-Unis, il essaie de le convaincre gentiment de laisser la place à d’autres en échange d’une bonne grosse retraite aux Etats-Unis. Trujillo refuse et envoie chier tout le monde : il ne quittera JAMAIS le pouvoir. Deux semaines plus tard, un attentat le crible de balles. Finalement, il quitte le pouvoir, du coup, puisqu’il est mort.

Crédits photo (Domaine Public) : Official photograph published in several Dominican newspapers. August 1952. Copyright expired (D.R. copyright is life plus 50 years)

Dictafun.