Demain, c’est la grève. Enfin concrètement elle a même commencé il y a une heure donc certains d’entre vous doivent être en train d’essayer de rentrer chez vous en galérant et là vous vous dîtes « ok je chie sur les trottinettes depuis 2 ans, mais là j’ai pas trop le choix, faut que j’en prenne une sinon je vais mourir ici ». Et là, devant vous, elle se présente, elle est là : la trottinette. Ou le vélib. Ou le vélo en libre service. Ou ce que vous voulez qui vous offre le Graal pour rejoindre votre maison. Mais à côté de ladite ou dudit se trouve également votre pire ennemi, à savoir le mec arrivé en même temps presque que vous et qui compte la prendre aussi. Si vous n’agissez pas, elle va vous passer sous le nez.

La diversion

Il s’agit d’attirer l’attention de l’impétrant trottinettos sur autre chose et profiter de sa confusion pour prendre la trottinette avant lui.

Exemple : « Oh, là, un terroriste gréviste qui s’apprête à faire péter la réforme des retraites ! » Et tandis qu’il tourne la tête, vous voilà tout schuss sur l’autoroute du cool.

Le mensonge

L’idée est de faire croire à votre adversaire que cette trottinette vous revient pour des raisons ancestrales remontant jusqu’au traité de Versailles, voire de Westphalie, et que le droit international est de votre côté.

Exemple : « Désolé, je l’ai réservée, déjà. » (ajoutez un sourire faussement embêté).

La pitié

Ce coup-ci, votre objectif est simple : obtenir de l’adversaire qu’il abandonne volontairement cette trottinette à vos bons soins de peur de passer pour un authentique sale con.

Exemple : « Ah, pardon, non bah allez-y, je trouverais une autre technique pour arriver à temps au chevet de ma mère mourante qui habite à l’autre bout de Paris et me réclame pour révéler un secret de famille ayant trait à mes origines que je recherche depuis 30 ans… Excusez-moi, je m’éloigne en claudiquant. »

Montrer les muscles

Bah ouais, on va pas se laisser impressionner par un gringalet non plus, au bout d’un moment la vie est une jungle et la jungle est dominée par les forts. Il est temps de rouler des mécaniques pour établir une bonne fois pour toute c’est qui qui domine.

Exemple : « Excusez-moi, vous faites erreur en voulant m’affronter car j’ai pratiqué durant pas moins de sept mois l’art ancestral du karaté et je suis ceinture jaune. Voulez-vous tâter de mon zenkutsu datchi ? »

L'imposture

Si vous n’êtes pas de la trempe des héros musculeux, il vous est toujours possible de revêtir au plus vite un gilet jaune de travailleur (pas un gilet jaune de gréviste) et de vous faire passer pour un technicien en pleine intervention sur la trottinette : malheureusement, cette trottinette a été signalée comme défectueuse et vous allez devoir l’emmener. Mais y’en a pas loin !

Exemple : « Halte-là, usager ! Tel que tu me vois, je dois faire une intervention rapide sur ce véhicule de mobilité douce pour lui redonner sa splendeur d’antan. Il te faudra passer ton chemin ! » (choisissez vos mots dans le registre de langue qui vous convient si le langage châtié vous paraît peu approprié).

Le balek'

Plutôt que d’affronter l’autre, vous pouvez tout simplement le devancer. Faisant mine de ne pas même l’avoir aperçu, pressez le pas vers la trottinette et sautez dessus comme un seul homme pour la lui dérober au nez et à la barbe. N’hésitez pas à envoyer un petit rire sardonique tandis que vous démarrez à la vitesse vertigineuse de 20 km/h.$

Exemple : « Elle est à moi Mouahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahahaha » (et autant de ha que nécessaire pour que votre identité de méchant dans James Bond soit crédible).

Le meurtre

Cette méthode radicale n’est recommandée que dans de rares cas, notamment lorsque votre adversaire potentiel s’avère également être un ennemi juré dont vous avez juré la perte il y a 30 ans lorsque celui-ci a mangé le dernier Granola du paquet.

Exemple : « Toi ici… Tu n’as pas choisi la bonne trottinette Sterling. TU vas tâter de mon colt. Pan / Pan » (Vous pouvez adapter ce discours selon la nature de votre inimitié. Nous vous proposons tout un panel de phrases à dire à son pire ennemi ici).

Le croche-pattes

Tandis que l’adversaire se penche sur la trottinette, décrochez-lui un croque-en-jambes bien senti et profitez de son patatras sonore pour vous enfuir sur le bolide. Succès assuré.

Exemple : « Excusez-moi, je ne vous aide pas à vous relever je dois rentrer chez moi très vite. »

Le hasard

Tel Harvey Dent, vous croyez que les astres s’alignent de votre côté. Sortez une pièce ou votre main de votre poche afin de procéder à quelque tirage au sort ou à un chifoumi qui vous départagera. Jouez le puits, même si c’est interdit.

Exemple : « T’as joué la pierre ? Moi j’ai joué le puits. Ah bah on s’était pas mis d’accord sur les règles, trop tard, j’ai gagné. »

La fraternité

Et si vous preniez cette trottinette à deux plutôt que de vous écharper ? L’un devant, l’autre derrière et vogue le navire. C’est aussi l’occasion de se faire un nouvel ami, après tout…

Exemple : « Toi, moi, la trottinette… Si on partait à la mer ? »

Ca y’est, vous pouvez être un connard à trottinette. En espérant qu’elle était pas cassée, vide de batterie ou déjà réservée.