Bienvenue au club. Si on a plutôt des clubs une image de vieillerie anglaise réunissant des gentlemen bien nés que des valets viennent chercher pour leur présenter des cartes de visite, la réalité est tout autre. Bien plus que de simples lieux d’appartenance entre gens qui se ressemblent, certains clubs affichaient des buts obscurs ou loufoques sous leurs dehors de sérieux. Et certains foutaient même franchement mal à l’aise.

Les clubs de suicide du XIX° et XX° siècle

Aux XIX° et XX° siècles, dans toute l’Europe et jusqu’au Japon, on trouvait des Suicide clubs, des clubs de suicide, réunissant des jeunes gens désireux de mettre fin à leurs jours. Jusqu’au milieu du XX°, les journaux ont fait leurs choux gras de ces histoires qui faisaient frissonner dans les chaumières. D’abord pures fantaisies mal sourcées des journalistes en France, en Angleterre et en Allemagne, ces clubs intègrent la littérature puisque Stevenson leur consacre un recueil de nouvelles et finissent par vraiment se développer aux Etats-Unis. Les statuts de ces clubs précisent apparemment que les membres disposent de 6 mois après leur admission pour se brûler la cervelle, selon la formule journalistique de l’époque.

L'Ichthyophagous Club

Créé en 1880, ce club au nom absolument imprononçable réunissait des gens de la bonne société américaine qui avaient une vraie appétence pour tout ce qui vient de la mer et passe aisément par l’œsophage. Il s’agissait donc de se retrouver pour bouffer de la poiscaille, mais également plein d’autres trucs pêchés dans l’océan et qui d’habitude ne franchissaient jamais le cap de l’assiette, comme des dauphins ou des lamantins. Pour info, ichtyophage, ça veut dire piscivore. Rien à voir avec la pistoche.

Crédits photo (CC BY 2.5) : Taken by Diliff Edited by Fir0002.

L'Ordre de la main occulte

Si vous deviez créer une société secrète, vous chercheriez sans doute à en faire un outil de guerre occulte visant à conquérir le monde. Ou bien vous vous contenteriez de vous en servir pour faire des vannes bizarres, comme glisser des phrases toutes faites dans les journaux, ou plutôt UNE phrase toute faite dans les journaux, à savoir : « it was as if an occult hand had (…) » – traduisez « on eut dit qu’une main occulte avait (…) ». Au départ, tout est né de l’utilisation de cette phrase un peu nulle par un journaliste d’un journal de Charlotte, Joseph Flanders, dans l’un de ses articles. Pour se foutre de sa gueule, ses potes se sont mis à conspirer pour reproduire la tournure aussi souvent que possible dans la presse. En 2004, un autre journaliste de la Chicago Tribune cette-fois-ci, James Fanega, a publié un article révélant la conspiration et listant l’ensemble des articles qui avaient été contaminés par cette mystérieuse main occulte. Depuis, les membres de l’Ordre ont décidé d’une nouvelle phrase et assurent avoir réussi à la propager – personne n’a encore réussi à identifier cette nouvelle phrase.

The Calve's Head Club

Un club fondé après la mort de Charles Ier d’Angleterre, en 1649, dans le seul et unique but de se foutre de la gueule du mort. Tous les 30 janvier, les membres du club s’attablaient autour d’une table bien garnie au-dessus de laquelle planait une hache. On y servait de la tête de veau, censée symboliser la tête du pauvre Charles Ier, ainsi que d’autres trucs symboliques en tout genre que tout le monde se bouffait entre deux hymnes à la gloire de l’exécution du roi donnant lieu à des séries de toasts portés avec des verres en formes de têtes de mort. La dissolution du club n’intervint qu’en 1735 suite à son infiltration par des soldats royalistes et la grande tuerie qui en a suivi.

Crédits photo (Domaine Public) : Follower of Anthony van Dyck

The No-Nose Club, le club des sans nez

L’un des trucs chiants, avec la syphilis (UN des trucs chiants, hein, parce que des trucs chiants, avec la syphilis, y’en a des tas), c’est que tu peux perdre ton nez. Lors de la grande épidémie de la maladie, au XIX° siècle, on voyait donc Voldemort partout dans les rues de Londres, ce qui entraîna la création du No-Nose Club, le club des sans-nez, constitué de messieurs de la bonne société malheureusement dépourvus d’appendice nasal. Créé à l’initiative d’un certain Crampton, ce club s’est réuni une fois par mois entre 1874 et 1875, quand son fondateur est mort. On ignore s’ils portaient ou non des déguisements de Groucho Marx.

Crédits photo (Domaine Public) : Grook Da Oger

The Ugly Face Club

Parce qu’ils étaient moches et fiers de l’être, des bonnes gens se réunissaient aux XVIII° et XIX° siècle dans des clubs dédiés aux gens moches. Lors des rencontres, ils discutaient de tout, mais surtout échafaudaient des plans pour mettre à bas la théorie selon laquelle on peut en apprendre beaucoup d’un homme rien qu’en observant son visage. Ces clubs sont devenus légion un peu partout en Angleterre, et plus vous étiez laids, plus vous aviez de chance de prendre du galon en interne.

Le Lying Club

Vous avez bien lu : il s’agissait d’un club qui invitait ses membres à s’allonger et ne rien faire. Il semblerait que ce club ait été fondé à Westminster en 1669 par Harry Blunt, un noble bon à rien et fier de l’être. Le but des réunions consistait donc à réunir plein de bons à rien qui s’allongeaient les uns à côté des autres et se racontaient les aventures imaginaires qu’ils avaient supposément vécu, tout en jugeant la qualité de ces récits inventés. Meilleur club du monde.

Crédits photo : Topito

Le Wig Club

Un club dédié à la perruque, ou le fétichisme avant l’heure. Ses membres étaient simplement invités à dîner et picoler pour évoquer leur fascination pour la perruque. On y vénérait notamment une perruque censée avoir été fabriquée à partir des poils pubiens de la maîtresse ce Charles II. Les membres devaient, avant chaque agape, embrasser ladite perruque et y placer un poil pubien arraché à leur propre maîtresse pour entretenir sa tignasse.

Le Not Terribly Good Club de Grande-Bretagne

Fondé en 1976 par le journaliste Stephen Pile, le club accueillait en son sein toute personne se déclarant franchement incompétente. Lors des réunions, les membres étaient invités à démontrer leur inaptitude absolue à réaliser des choses pourtant simple de la vie de tous les jours, comme dessiner ou parler de tout et de rien. Tous ces récits ont ensuite nourri la verve de Stephen Pile qui les a compilés dans un bouquin à hurler de rire où il décrit les aventures qui lui ont été contées, comme celle de ce mec qui avait passé deux jours à New York en étant persuadé qu’il était à Rome. La sortie du bouquin attira les foules et, face à ce succès, le club dut être dissout faute de pouvoir prouver son incompétence.

Les Fat Men's Club

Du milieu du XIX° jusqu’au début du XX°, les clubs de gros se sont multipliés aux Etats-Unis : on eut dit qu’une main occulte les distribuait de ville en ville. Avec pour mots d’ordre « on est gros et on en tire notre parti » ou « il faut bien qu’on soit sympa vu qu’on ne peut ni se battre ni courir », ces clubs accueillaient des gens de plus de 90 kilos qui ensuite pouvaient se reconnaître grâce à des poignées de main secrètes et à des mots de passe spécifiques. Lors des réunions biannuelles, les membres des clubs de gros se tapaient la cloche façon La grande bouffe. Il existait également une version similaire du concept appelée Les Cent Kilos, fondée en France en 1897.

Club de golf MDR.