Un chevalier est avant tout un combattant à cheval. C’est donc un gogo qui sert un seigneur ou plus tard un roi, lui sauve la mise au péril de sa vie et vit avec huit potes dans un deux pièces de la Courneuve. Mais à la fin du Moyen Âge, la chevalerie change et devient un état d’esprit en plus d’être un titre. Le chevalier est un guerrier chrétien courtois en société et en amour, respectant un code de conduite au combat. En clair, on n’insulte pas les mères ni les sœurs.

Godefroy de Bouillon

Godefroy de Bouillon (1058-1100) est duc de Basse Lotharingie. Il est nommé Bouillon d’après, je vous le donne en mille, la ville de Bouillon. Il est surtout connu comme étant un des chefs de file de la première croisade. Il est parmi les premiers à répondre l’appel d’Urbain II, pas le pape de l’humour Topito, le pape de Rome, en 1095. Pour financer son expédition, il hypothèque son château de Bouillon, un autre à Stenay, sa grand-mère et sa collection de timbres à l’effigie du Christ. Après quatre ans de batailles et de sièges harassants (Nicée, Antioche), ils atteignent Jérusalem en 1099. Un fois la ville prise, juifs et musulmans sont massacrés sans pitié par les croisés. Godefroy de Bouillon refuse le titre de roi car il ne peut pas prendre la couronne d’or là où le Christ a dû porter la couronne d’épines, c’est trop dude. Il meurt l’année suivante de causes troubles : un empoisonnement, une flèche empoisonnée, un concert d’Amel Bent mal soigné. Amen !

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Guillaume II des Barres

Guillaume des Barres de rire n’était pas trop du genre à la gaudriole. Il est surtout connu pour son rôle décisif à la bataille de Bouvines le 27 juillet 1214. Bouvines est un des épisodes concluant la guerre entre Capétiens et Plantagenêt. Philippe Auguste affronte Otton IV du Saint-Empire romain germanique, le Royaume d’Angleterre et le comté de Flandres. Sur le papier, ça parait un peu déséquilibré. Au cours de la bataille, Guillaume se distingue en sauvant le roi, poursuit Otton dont il blesse le cheval et manque de mourir à maintes reprises. Il sera souvent cité héroïquement par Guillaume le Breton, chroniqueur de la bataille.

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Chevalier Bayard

Pierre Terrail de Bayard (1475-1524) est connu grâce aux chroniques qu’en fait son compagnon Jacques de Mailles dans la Très joyeuse et très plaisante histoire du gentil seigneur de Bayart, le bon chevalier sans peur et sans reproche, ce qui est bien classe comme biographie, mais aussi pour son fait d’arme le plus célèbre : la défense, “seul”, du pont du Garigliano pour couvrir le retrait des troupes françaises du Royaume de Naples contre les Espagnols. Le pont est si fin qu’il ne permet qu’à un seul ennemi de se présenter de front. Avec une poignée de compagnons, il octroiera assez de temps à l’artillerie française pour se mettre en batterie sur la rive opposée et refluer les 1500 hommes de la troupe espagnole. Classe.

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Bertrand du Guesclin

Bertrand du Guesclin (1320-1380) est un connétable de l’armée de Charles V. Il se distingue pendant la guerre de Cent Ans comme un exemple de rectitude et loyauté. Dès le début de sa vie, il prendra le parti de Charles de Blois, candidat à la succession de Bretagne et de Charles V, roi de France. Son image est également très dépendante du roman national construit tout au long du XIXe siècle, au même titre que Jeanne d’Arc. En Bretagne, il est considéré comme traître pour ne pas avoir suivi le comte de Montfort. Pourtant, il portait bien un Gwenn ha Du dans un endroit improbable, preuve que c’était un vrai breton.

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Guillaume de Poitiers

Duc d’Aquitaine, Guillaume IX (1071-1127) est peut-être un des pionniers de la chevalerie telle qu’on la connaîtra dans ses temps de splendeurs. Qu’on ne se méprenne pas, Guillaume de Poitiers mettait parfois une grosse armure pour aller tataner de l’“hérétique” en terre sainte au nom de Dieu. Mais outre ce côté un peu cavalier, il est aussi connu pour son amour des arts. Grand mécène et homme de lettres, il compose des œuvres en langue d’oc où il fait l’apologie du fin amor, l’amour courtois. À son retour des croisades, il répudie sa femme et prend une maîtresse au nom fabuleux de Dangereuse de l’Isle Bouchard. Muse de ses œuvres, elle habillera de son effigie son écu à la bataille de Cutanda. Chevaleresque.

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Rodrigo Diaz (dit le Cid)

Rodrigo Diaz de Vivar (1043-1099) est un chevalier mercenaire chrétien. Il se marie à Doña Jimena (Chimène), parente du roi Alphonse VI d’Espagne. Il est essentiellement connu pour sa prétendue invincibilité au combat et son rôle dans la Reconquista espagnole. Mais dans la réalité, le Cid (seigneur en arabe dialectal) aura marchandé ses services toute sa vie. Une sorte de Manuel Valls espagnol, wait ! En 1094, il s’empare de Valence où il règne jusqu’à sa mort.

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Hugues de Payns

Le chevalier Hugues de Payns est essentiellement connu pour avoir créé l’ordre du Temple au concile de Troyes en 1129. Cet ordre de chevaliers se base sur la règle de saint Benoît (simplicité, pauvreté, chasteté et prières) et jure de protéger le tombeau du Christ et d’assurer le voyage des pèlerins en Terre Sainte. Plus communément appelés les Templiers, les chevaliers de Hugues de Payns sont, à leur dissolution en 1312, censés être immensément riches, forts de nombreux trésors accumulés en Terre Sainte. Des sortes de Arnaud Lagardère, en plus chrétiens.

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Guillaume le Maréchal

Guillaume le Maréchal (1146-1219) est un chevalier anglo-normand, à ne pas confondre avec Grégory Lemarchal, ni avec Denis Maréchal. Guillaume est lui réellement connu pour sa grosse lance puisqu’il se distingue comme un excellent tournoyeur (qui participe aux tournois) et sa longévité en bataille. La légende veut qu’il ait survécu à cinq batailles et ait défait plus de cinq cent chevaliers en tournoi. Quand il meurt, Philippe Auguste et Guillaume des Barres (cité plus haut), ses ennemis de toujours, lui rendront hommage comme “le meilleur chevalier du monde”. Rien que ça.

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Geoffroi de Charny

Geoffroi de Charny (1300-1356) est un chevalier conseiller des rois Philippe VI de France et Jean II le Bon. Comme tout bon chevalier pendant la Guerre de Cent Ans, il participe au siège de Tournai, au siège de Calais et à la bataille d’Ardre. Mais Geoffroi est surtout connu pour avoir écrit trois traités sur la chevalerie, la manière dont les chevaliers se percevaient et sur les valeurs chevaleresques. En clair, il s’agit du guide “Les chevaliers pour les nuls”. Il a également aidé Jean II le Bon à créer l’ordre de l’étoile, ordre dédié aux chevaliers s’étant distingués au combat.

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Edouard le Prince noir

Egalement appelé Edouard de Woodstock (1330-1376) – cet homme tenait absolument à avoir un surnom de badass – Edouard est l’héritier de la couronne d’Angleterre, Prince de Galles, Prince d’Aquitaine, Comte de Cornouailles et Comte de Chester. Déjà, le mec part blindé. On l’appelle “Prince Noir” à cause de la coloration sombre de son armure unique à l’époque. On soupçonnait cependant déjà une alliance avec les forces du mal, le parti de Jeff Panacloc. À l’instar du Khal Drogo, Edouard est connu pour les chevauchées qu’il organise à travers l’Aquitaine et le Languedoc. Il y pratique des activités très recommandables : pillages, destructions, ravages et incendies. Finalement, Edouard le Prince noir aura passé sa vie à dérouiller du français. Mais pourquoi est-il si méchant ?

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Est-ce que tu penses qu’on aurait dû ajouter Céline Dion, Chevalier des arts et des Lettres, à cette liste ?

Merci à Passion Médiévistes (très bon podcast Histoire) et Actuel Moyen Âge pour leur grande aide.