L’adolescence : ère de souffrance, de rejet de soi, de honte surpuissante et de pus. Même le plus beau des êtres humains entre 12 et 17 ans épargné des boutons, de la laideur et de l’impopularité a vécu ces angoisses terribles. Celles qui nous ont coûté de grosses gouttes de sueur froide et des tremblements compulsifs avec une petite voix dans la tête qui disait « teu-hon, TEU-HON ! ».

Ne pas avoir ses règles (surtout quand on est un garçon)

Douze ans, treize ans, quatorze ans… Toujours rien. Tu commences à flipper grave, parce que tu penses que les règles ça va être trop cool, tu pourras enfin te la péter et dire que tu es une femme une vraie. Haha. Laisse-moi rire douce et innocente jouvencelle.

Etre plus respecté par tes profs que par tes camarades de classe

Une bonne nouvelle pour tes parents, sauf que toi tu voulais être un punk, un caïd que les élèves craignent puissamment. Chose impossible à partir du moment où le prof te félicite en public ce qui te couvre d’opprobre et t’expose à la haine et la violence de tes prochains.

Être laid

Sachant que tout est relatif et que le concept de beauté est biaisé par le concept d’adolescence. Patience, les gens beaux à l’adolescence deviennent le plus souvent des monstres à l’âge adulte ou tout simplement des mamans à l’âge de vingt ans. Il y a parfois du bon à être moche durant sa jeunesse.

Ne jamais être dépucelé/e

Et craindre de vivre toute son existence dans l’humiliation de la virginité. Alors que tu devrais te réjouir, les MST et IST sont encore loin. JOIE.

Faire une chute en public

Et ne plus jamais te relever parce que tu refuses de vivre dans un monde où des humains ont été témoins de cette abominable illustration de tes lacunes en motricité. Car, tu le sais. Ils n’oublieront jamais.

Devoir porter un appareil dentaire

Tes ratiches trop en avant ont été diagnostiquées un peu tard par ton dentiste, du coup tu te tapes le chemin de fer dentaire au lycée, quand tout le monde y est déjà passé et a de belles dents et que toi tu te tapes un casque de Robocop la nuit (ce qui en d’autres termes est une forme de ceinture de chasteté détournée). Bref tous ces souvenirs qu’on a de nos appareils dentaires quoi…

Se changer dans les vestiaires en EPS

Et redouter le regard que les autres vont porter sur ce corps soit trop frêle, soit trop gras, soit trop boutonneux, soit trop poilu, soit tout en même temps. Les vêtements sont une si belle parure pour dissimuler la troublante réalité de ce qui constitue ton physique ingrat.

Porter le même vêtement que quelqu'un dans ta classe

Et vouloir à tout prix changer d’école, changer d’amis, changer de famille (parce que tes parents ont été assez stupides pour t’offrir un vêtement susceptible d’être acheté par les parents d’un des élèves en cours avec toi), changer de visage juste pour pouvoir garder ce vêtement qui caractérise tant ta personnalité.

Ne jamais muer

Et devoir garder ta première peau d’enfant, comme ton petit frère reptilien. Trop la honte.

Boucher les chiottes à la boum de Marie

Parce que tu as mis trop de papier-toilette pour qu’on entende pas l’éclaboussure de l’eau dans la cuvette à l’impact de ton caca mais que tu t’es trompé tu as fait dans les toilettes qui marchaient pas bien (c’était pourtant écrit sur la porte) et du coup la cuvette se remplit, se remplit… Une seule solution pour garder l’honneur sauf : tout boire.

Ne pas avoir ton livre de Maths

Pourtant le professeur l’avait bien demandé, et tu sais pertinemment que te présenter en cours sans cet objet qui te cause déjà pas mal de souffrances t’expose à la prison, voire la peine de mort. Engage immédiatement un avocat ou protège-toi avec un gilet pare-balle.

Être le dernier de la table à partir

Tes amis vont à leur cours d’allemand et pas toi parce que t’as pas choisi allemand en LV1 (parce que tu voulais serrer une meuf en cours d’anglais avant de capter qu’en fait elle aussi avait choisi allemand et que tu regrettes) du coup tu restes tout seul à finir tes frites. Et les autres te méprisent parce que t’as pas d’ami. L’apothéose survient au moment où la prof de français propose de s’asseoir en face de toi. Ta fierté prend alors feu.

Heureusement, la honte continuera de t’accompagner au cours de ta vie, l’adolescence c’est qu’un entraînement intensif pour survivre à ce qui va suivre.