Notre alphabet est plutôt simple : il se compose de 26 lettres pas bien complexes qu’il s’agit ensuite de combiner pour faire des sons, des mots et du sens. Plutôt pratique et malin, même si certaines lettres sont des vraies putes. Mais certains, qui n’étaient pourtant pas exposés à des alphabets plus complexes car la plupart d’entre eux sont occidentaux, se sont aventuré sur un terrain bizarre, celui de la construction d’un autre alphabet souvent associé à des peuples et créatures imaginaires dans des univers fictionnels, parallèles. Que d’énergie les enfants.

L'alphabet énochien ou hénokéen

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne s’agit pas d’un alphabet qui est grave en chien mais bien d’un alphabet propre à la langue énochienne, laquelle est supposée être celle des anges. L’existence de cet alphabet a été découverte au XVI° siècle dans les carnets de notes de deux alchimistes un peu occultistes, les anglais John Dee et Edward Kelley. Selon Dee, cet alphabet correspondrait à la langue construite par Adam une fois déchu du jardin d’Eden.

Crédits photo (Domaine Public) : engraved by Ames of Bristol (according to Fincham, Artists and engravers of British and American book plates, 1897), original drawing by Sibly

Le tengwar

Le tengwar est l’écriture des Elfes dans l’univers de la Terre du Milieu. Le tengwar a donc été mis au point par Tolkien himself entre 1920 et 1930 et popularisé par le Seigneur des anneaux. Je passe sur toutes les caractéristiques de la langue, mais il faut quand même reconnaître que Tolkien était dingue (ou avait beaucoup de temps à perdre).

Crédits photo (CC BY-SA 4.0) : Ssolbergj

L'alphabet klingon

C’est dans Star Trek qu’apparaît le klingon, la langue de la race klingon, également inventée pour cet univers. La langue en elle-même a été développée dans les années 1980 par Marc Okrand pour les producteurs de la série et a ensuite fait des émules, allant jusqu’à être enseignée dans certains pays fous (comme les Etats-Unis) et bénéficiant de son propre institut dédié qui s’occupe de traduire des œuvres en klingon. La langue est construite sur un principe de suffixes qui changent le sens des mots.

Si tu veux l’apprendre, tu peux acheter des magnets avec l’alphabet Star Trek.

L'alphabet du Codex Seraphinianus

Ce bouquin de Luigi Serafini publié au début des années 1980 se présente comme une encyclopédie exhaustive d’un monde parfaitement imaginaire. Le corps du texte est présenté dans une langue imaginaire avec un système d’écriture propre, le tout étant donc l’oeuvre de Serafini, artiste surréaliste proche du collège de pataphysique. On est à peu près sûr que ça veut dire quelque chose, mais l’écriture n’a toujours pas été réellement déchiffrée par les linguistes qui n’arrivent pas à savoir s’il s’agit d’un alphabet classique ou d’une langue syllabaire.

L'alphabet D'ni

D’ni est le monde principal de la série de mondes parallèles qui constituent l’univers de la série de jeux vidéo Myst. L’écriture D’ni est à l’origine même de la création des mondes parallèles car pour avoir accès aux ressources de ces mondes, il faut les écrire selon un art et une manière très complexe et très précise. Bon, j’y ai jamais joué donc ça me paraît nébuleux, mais de manière générale, l’Ecrivain doit maîtriser cet alphabet spécifique dont la complexité est immense.

L'aurebesh basic de Star Wars

Déjà présent par clin d’œil props dans la trilogie originale, l’alphabet de Star Wars a en réalité été développé par Stephen Crane pour un jeu vidéo en 1994. Une fois l’alphabet en place, il a contaminé tous les univers Star Wars, permettant même aux créateurs de glisser des blagues pour les seuls initiés. Un certain nombre d’études sont consacrées à l’aurebesh et certains livres traduits dans la langue.

Le langage des Anciens de Stargate

Dans Stargate, il est fait état de l’existence d’un langage préalable au latin et qui s’en rapproche, appelé langage des Anciens. La civilisation à laquelle il est attaché était très évoluée technologiquement et devançait de loin l’arrivée des humains. Bref, on aurait beaucoup à apprendre d’eux s’ils n’étaient pas tous morts.

Crédits photo (Domaine Public) : Runic code

L'alphabet d'Utopia dans L'Utopie de Thomas More

C’est un ami de More, Peter Giles, qui a imaginé le morceau de cet alphabet présenté en appendice du livre qui date de 1516. Ce petit morceau permet de déterminer les contours de cet alphabet qui comporte 22 lettres correspondant plus ou moins à celles de l’alphabet latin. Le texte présent en appendice du livre est le suivant : « Vtopos ha Boccas peu la chama polta chamaan. Bargol he maglomi baccan ?oma gymno ?ophaon. Agrama gymno?ophon labarembacha bodamilomin. Voluala barchin heman la lauoluola dramme pagloni. ». Ce qui se traduit par : « Le commandant Utopus m’a envoyé dans une île sortie d’une non-île. Seul, en dehors de toute nation et de toute philosophie, j’ai dessiné pour les mortels la ville philosophique. J’en reverse tous les bénéfices librement ; c’est librement que j’accepte ce qui est le mieux. »

Beaucoup de temps pour faire tout ça.

Sources : Wikipédia, Omniglot