T’as tout prévu : cartons, chatterton, bières, camionnette de Tonton Jacky, et grosse déter pour faire des allers-retours entre les cinq étages de ton immeuble. Mais laisse-moi te dire une chose : ça ne suffira pas, car on n’est jamais trop organisé le jour d’un déménagement. Alors, en copains sympathiques, on te file des bons tuyaux, à coupler avec les astuces de déménagement, pour ne pas te foirer le jour J. Sauf si tu tiens vraiment au bordel, car comme dirait Tonton Jacky « dans une semaine, on en rigolera. » Ou pas.

Déménager au milieu du mois d'août

L’équation est simple : quinze août = zéro copain. Au mieux, tu auras peut-être sous le coude le fils de la voisine qui bosse au Super U pour l’été ou le copain nerd mou du genou qui passe ses journées sur Fortnite. Autant dire que tu vas en chier pour descendre la gazinière. Marche aussi avec le lundi de Pentecôte.

Compter sur tes potes pour t'aider

15 août ou pas, globalement, il ne faut jamais prendre en compte la présence de ses potes dans ses calculs. Parce que les chances qu’ils soient vraiment là, même si tu as plein de packs de bière, sont très maigres. À tous les coups, ils seront sortis la veille et auront oublié de foutre un réveil, ou ils se planteront sur l’horaire et viendront à 15 h pour t’aider à fermer ton camtar. Pas d’une grande aide.

Démonter un bureau modulable Ikéa à la va-comme-je-te-pousse

« T’inquiète, j’arriverai bien à le remonter. » Que tu es naïf, petit scarabée. C’était sans compter ces innombrables chevilles et ces écrous mesquins qu’on-sait-plus-où-qu’ils-se-foutent, les vicieux. On vous avait bien dit de garder le mode d’emploi. Et, en passant, on ne se méfie jamais assez d’un peuple qui mange du hareng frit à la moutarde.

Remplir joyeusement de bons gros cartons bien massifs

Tu voulais te la jouer fine : moins de cartons = moins de va-et-vient. Raté. Au quatrième voyage, teslombaires crieront grâce. Donc, non, on ne fait pas de cartons « dicos /annuaires/ encyclopédies/ cocotte-minute ». Sauf si t u veux te venger d’un copain arrivé un peu trop tard (voir point 2) ou que tu es livreur de pianos. Là, on te laisse ton libre-arbitre.

Décongeler son frigo le jour J

« Ce serait con de tout jeter » te dis-tu la veille en voyant ton congélateur rempli de bouts de pain, de glaces à l’eau et tomates farcies. En fait, tu t’exposes à galérer pendant trois plombes avec ton sèche-cheveux pendant que t pseotes boiront de la bière sans toi. Fraîche, du coup. On peut pas tout rater non plus alors, débranche-moi ça assez tôt et on n’en parle plus.

Mettre les cartons en premier dans le camion

C’est bien fait un carton, ça coulisse, ça se superpose, ça s’emboîte, ça se hiérarchise. Franc du collier, quoi. Et puis, un congélo, c’est tout de suite moins maniable une fois que le camion est rempli aux trois quarts. Alors pour le kiff, repasse plus tard avec tes cartons et commence par le gros mobilier, genre ta lampe halogène design ou ton séchoir à linge en teck.

Oublier de prévenir les voisins

L’air de rien, ça rend tout de suite les gens agressifs de pas savoir que dimanche à sept heures, « y aura ptet un peu de bruit dans les escaliers ». Et puis, une petite visite impromptue du routier pas trop sympa du troisième, ça risque de te retarder. Sauf si tu déménages un quinze août. Là, c’est free-bordel normalement.

Emballer bien soigneusement les clés de l’appart/l’aspirateur /ton seul slip propre

Dans ta frénésie adhésive, tu empaquètes religieusement tout ce qui te tombe sous la main. C’est au moment du départ que tu regrettes cette triple superposition de scotch « pour que ça tienne bien ».

Marquer « divers » sur les cartons

Ou pire : « trucs ». Tes potes pleins de bonne volonté s’empresseront de tout entasser où ils le peuvent, c’est-à-dire n’importe où, et tu te retrouveras avec des clés à molettes dans l’armoire à pharmacie. À l’inverse, trop de zèle peut nuire, alors évite également les précisions scrupuleuses, du type « flûtes à champ’ / cuisine / troisième étagère à gauche en entrant / fais-moi un cocktail mec tant que t’y es. »

Se dire qu’une seule feuille de journal, "ça passe"

Tu es, et bien légitimement, pressé d’en finir. Certes. Mais quand même, quand tu découvriras ta collection de cendars en cristal en miettes à cause d’un bête nid-de-poule, ça risque de te contrarier et personne n’a envie d’emménager dans un nouvel appart avec un mauvais mood. Au diable la lésine, donc. Sauf si c’est les verrines de mamie.

Se dire que les vitres, "on les fera à la fin"

Pourquoi pas si tu as été méticuleux et que tu as frotté tes montants PVC au jus de citron consciencieusement toutes les semaines. Mais l’Ajax ne peut rien contre deux années de clopes/pluies acides/monoxyde de carbone. Et mine de rien, une baie vitrée-gras de jambon avec un petit contre-jour inopiné, ça fait un peu désordre à l’état des lieux. Le maître mot d’un déménagement de qualité : an-ti-ci-pa-tion.

Penser que tout va rentrer dans la Clio de Jéjé parce que t'as pas acheté grand-chose depuis que tu t'es installé

C’était sans compter sur ce fauteuil en rotin choppé pour trois fois rien en vide-grenier et ses verres de festoche par centaines que tu as accumulés dans tes placards entre les assiettes offertes par ta tante à Noël et les jeux de soirée achetés pas cher sur Vinted. Alors oui, la Clio est la meilleure bagnole, mais il y a peu de chances que tu arrives au bout de ton déménagement si tu ne prends pas soin d’elle.

Si avec ça, tu ne deviens pas le roi du diable et du chariot-transporteur, on n’y comprend plus rien.