Topito, ce ne sont pas que des listes rigolotes. Nous pensons à toi, jeune personne qui t’apprêtes à entrer dans la vie active, sans doute t’interroges-tu à juste titre sur les différents métiers qui composent le panel de notre florissante économie afin de mieux te déterminer dans ce choix si crucial de ton orientation qui ensuite dirigera ta vie. Et s’il est vrai que les fiches métier sont légions sur Internet, toutes ne sont pas sincères. La semaine dernière, nous évoquions le métier de prof. Cette semaine, on te parle des médecins.

MISSION

Selon la police

Le médecin est là pour aider les patients malades à guérir. C’est une mission d’écoute, de diagnostic et de mise en place de protocoles de soins. Le médecin est au service des patients, entièrement dédié à leur mieux-être et cherche en permanence des nouvelles manières de leur venir en aide.

Selon les syndicats

Le médecin est là pour essayer vaguement de faire son boulot en dormant deux heures par nuit parce qu’il est en sous-effectif à l’hôpital. Il se fait pressuriser en permanence par sa hiérarchie qui est incarnée par un ancien énarque obsédé par les coûts de revient de tout. Le médecin doit gérer 50.000 patients en même temps sans un rond dans un endroit d’une tristesse infinie et le tout pour un dédommagement horaire ridicule. Le médecin finit donc logiquement par monter son propre cabinet et par devenir cynique, décidant de mettre son savoir-faire au service de petites vieilles qui ont de l’arthrite, besoin de parler, et les moyens de payer les dépassements d’honoraires.

PRESENTATION GENERALE

Qui es tu ?

Le roi du petit monde sur lequel tu règnes et tes sujets sont les infirmières, les médecins moins capés et surtout les patients sur qui tu exerces un droit de vie et de mort dont l’issue la plus tragique sera une convocation au conseil de l’ordre. Tu es un duc du XVII° siècle, obligé seulement de faire profil bas devant le pouvoir administratif de peur de te faire muter à Niort.

Qui es tu au fond ?

Un type crevé qui a trop de boulot et essaie de compenser son stress permanent par une impression de supériorité directement corrélée au temps passé à étudier plein de trucs hyper durs. Au fond, tu es un petit enfant qui avait plein de rêves, lesquels n’incluaient pas des murs peints couleur crème et des odeurs de maladie au service des soins palliatifs.

Secteur professionnel

La santé. Tu es là pour aider certaines personnes à guérir et d’autres à mourir dans la dignité. Tu es là pour sauver l’humanité et la faire progresser. Tu es là pour soulager les corps et les âmes.

Secteur professionnel ressenti

L’administration pénitentiaire. Des personnes incarcérées en hôpital à qui ont demande de remplir des papiers en mangeant des trucs dégueulasses et qui te prennent pour une sorte de grand manitou sadique alors que tu es là pour les aider, tout ça parce que tu n’as pas mille ans à leur consacrer quotidiennement.

SALAIRE ET CARRIERE

Ce que tu espères de tout ton coeur

Sorti premier de l’internat, tu choisis la spécialité qui te parle le plus avec, chevillée au corps, l’envie d’aider les autres et de soulager les douleurs. A l’hôpital, tu montes rapidement les échelons grâce à ton savoir pléthorique et, sur ton temps libre, tu fais de la recherche pour guérir définitivement le cancer. Tout cela te vaut d’être apprécié par tes pairs et de concourir au Prix Nobel que tu remportes haut la main avant de reverser le million d’euros gagné à des associations en Afrique.

La réalité

Sorti en milieu de classement de l’internat, totalement épuisé, tu prends la spécialité qui reste et encore si tu ne te retrouves pas obligé d’aller en kiné et exerces en gériatrie ou en gastro-entérologie à un poste subalterne dans un hôpital de banlieue. On te fait subir le pire : tu n’auras jamais de vacances et seras de garde tous les weekend pendant les 5 prochaines années en étant payé très très en dessous de ce que tu mérites. Peu à peu, devenu aigri et triste, tu perdras de vue tout goût à la vie et finiras par t’acheter une Porsche pour tes 40 ans parce que c’est bien le seul endroit, la bagnole, où tu te sens seul et tranquille avec ta conscience.

Salaire réel

2200 brut par mois en troisième année d’internat avec une fin de carrière autour de 5000 brut à l’hôpital.

Salaire ressenti

Tu l’exprimes ainsi :

– 0,00000000000000000000000000001 centime de l’heure.

– une honte compte tenu de la difficulté des études et de tes responsabilités.

– pas assez pour continuer à voter à gauche.

FORMATION

La voie officielle

Après un bac S, tu as passé le concours en fin de P1. Passé primant, tu as fait pas mal de soirées de déglingue pour contrebalancer la charge de travail et jusqu’à l’internat qui, une fois en poche, te permet de vraiment devenir un professionnel de ta branche.

La voie réelle

Après avoir doublé ta P1 et empêché les primants de réviser sereinement pour t’assurer une place dans le numerus clausus, tu es parvenu limite limite à avoir ton concours. Ensuite, c’est une souffrance permanente et du bizutage à gogo jusqu’à ce fameux internat qui doit te permettre de te projeter dans une vie professionnelle épanouie. Las, il te reste encore trois ans à bosser tout le temps en étant d’astreinte pour gagner tripette.

ET SINON ?

Le film qui résume bien tout ça

Qui a tué Bambi.

Les fringues qui vont bien avec

Une blouse tachée de sang.

La vidéo à voir pour tout comprendre

Bon courage à tous.