On met un peu de côté les blagues pour se concentrer sur un des sujets les plus graves de l’actualité : la situation des Ouïghours en Chine. On parle aujourd’hui de crime contre l’humanité et même de génocide perpétré par les autorités chinoises sur une partie de sa population. Pourtant, vous êtes probablement beaucoup à avoir entendu parler des Ouïghours sans savoir de quoi il en retourne. On vous fait donc un petit point pour comprendre cette situation révoltante.

Qui sont les Ouïghours ?

Les Ouïghours sont une ethnie turcophone, principalement musulmane, d’Asie centrale. Une partie d’entre eux peuplent la province du Xinjiang, au Nord-Ouest de la Chine, dans laquelle ils sont majoritaires. En 2017, ils étaient plus de 12 millions dans ce pays. Depuis les années 2000, le gouvernement chinois accuse cette population de former des mouvements terroristes indépendantistes et organise une répression sévère.

Pourquoi on en parle ?

Depuis les années 2010, le gouvernement chinois exerce une répression cruelle contre les Ouïghours. Les autorités ont créé des camps d’internement pour y enfermer les individus et les contraindre, par la force, à adopter la doctrine communiste du pays. Les Ouïghours y sont privés de libertés et torturés. En 2018, l’ONU estimait que près d’1 million de Ouïghours étaient enfermés dans ces camps. 1 personne sur 12, donc. Maintenant vous comprenez que la situation est révoltante (et le mot est faible).

Les conditions de détention des Ouïghours

Les « camps d’internement » chinois représentent parmi ce qu’il y a de plus dégueulasse dans l’humanité. Les prisonniers Ouïghours y subissent un lavage de cerveau ainsi que toutes sortes d’humiliations. On les force parfois à consommer du porc ou de l’alcool alors que leur pratique religieuse leur interdit, on les surveille 24h sur 24 y compris aux toilettes, on les prive de nourriture, on les parque comme du bétail et on les prive de tout contact avec l’extérieur. Les droits de l’homme y sont constamment bafoués.

On vous met une vidéo qui date d’octobre 2019 dans laquelle on voit comment sont traités les prisonniers dans une gare lors d’un transfert. Ça vous donnera une petite idée du truc.

L'avis de la Chine sur ces camps

Pour le gouvernement chinois, il ne s’agit pas de prisons ni de camps d’internement, mais de « camps d’éducation » ou de « centres de formation professionnelle » dont le but est de lutter contre la radicalisation islamiste. Cette version officielle essaie bien entendu de masquer la réalité horrible qui se poursuit encore aujourd’hui.

Les privations de libertés des Ouïghours

En plus des camps, le gouvernement réduit de plus en plus les libertés du peuple Ouïghour. On vous donne quelques exemples parmi beaucoup d’autres pour vous faire une idée. En 2017, le gouvernement chinois a interdit le port du voile ainsi que de certaines barbes qualifiées « d’anormales ». La même année, il a interdit l’adoption de 29 prénoms musulmans, sous peine de se voir refuser l’obtention du livret de famille. Dans la province du Xinjiang, les policiers sont 12 fois plus nombreux qu’il y a dix ans, et le gouvernement force les familles ouïghoures à accueillir chez elles, pendant quelques jours, des fonctionnaires qui rendent des rapports s’ils détectent des « comportements suspects » en leur sein. Recevoir un appel de l’étranger ou refuser de boire de l’alcool suffit à être considéré comme « extrémiste ». La situation dure depuis plusieurs années sans que la Chine soit inquiétée.

La stérilisation forcée des Ouïghoures

S’il fallait encore une raison pour révéler l’atrocité de la situation au Xinjiang, en voici une de plus : des dizaines de milliers de femmes ouïghoures ont été forcées de porter un stérilet. On estime qu’en 2018, 80 % des stérilets posés en Chine l’ont été au Xinjiang. En plus de ça, certains cantons obligent les femmes à faire un test de grossesse tous les 15 jours, et à avorter dans certains cas. En bref, la Chine veut contrôler et même restreindre les naissances chez les Ouïghours. Cette stérilisation forcée est l’un des critères de génocide selon les textes des Nations Unies. La Chine est en train de commettre un génocide au 21e siècle, et personne ne l’en empêche.

Le commerce d'organes des Ouïghours

Une dernière horreur pour la route : de nombreux journalistes ont enquêté sur le sujet et ont révélé que des prisonniers ouïghours disparaissaient et que leurs organes étaient revendus. Ces organes seraient très demandés puisque les musulmans ne boivent pas d’alcool et ne fument pas ; ils sont donc en très bon état. Des patients chinois connaîtraient même à l’avance la date de leur greffe d’organe, ce qui voudrait dire que les hôpitaux connaissent aussi à l’avance la date de décès des donneurs. On se croirait dans les pires scénarios de science-fiction.

Qu'en dit le reste du monde ?

Bien sûr, quelques voix dans le monde se sont élevées pour dénoncer les crimes contre l’humanité du gouvernement chinois. L’ONU a demandé que le pays accepte que des observateurs se rendent dans les camps du Xinjiang pour évaluer la situation, et plusieurs Etats ont fait entendre leur voix pour dénoncer la situation actuelle. Le problème, c’est que tout ça reste très timide : la Chine est une des plus grandes puissances économiques et militaires, elle est capable de faire pression sur les marchés économiques et possède des alliés puissants. Du coup, il devient très difficile de l’obliger à répondre de ses crimes.

La réponse de la Chine

Face aux accusations, le gouvernement chinois réplique que ce qui se passent à Xinjiang relève des affaires intérieures de la Chine. Bien sûr, il ne coopère pas du tout pour faire la lumière sur ce qui se passe vraiment dans son pays, et c’est la propagande qui prime. On ne s’attendait pas à autre chose, de toute manière.

Les soutiens à la Chine

La Chine n’est pas seule dans son combat. Pour vous donner une idée, voici la liste des gouvernements qui se sont officiellement rangés de son côté. La question des Ouïghours est loin d’être réglée.

Comme quoi malheureusement, connaître l’Histoire n’empêche pas de reproduire les horreurs du passé.

Sources : Wikipedia, Le Parisien, Libération, L’Express, Monde-Diplomatique, Vice.